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149. (1838) Principes de l’homme raisonnable sur les spectacles pp. 3-62

Eh, qui ignore en effet que la scène languit, si elle n’émeut quelque passion ; qu’elle perdrait même tout son attrait, sans ce pernicieux artifice ? […] tous les prétendus talents qu’y acquiert la jeunesse, ne valent pas une vertu qu’elle peut y perdre. […] Comment donc des Parents Chrétiens, instruits et convaincus de la sainteté de leur Religion, s’excuseront-ils devant Dieu d’avoir exposé eux-mêmes des enfants élevés avec soin, à perdre dans une telle école le précieux trésor de l’innocence, ou à y apprendre ce que jusque-là ils étaient assez heureux d’ignorer. […] D’ailleurs, quand cette passion serait traitée avec plus de réserve sur le Théâtre, il n’y aurait pas moins d’inconvénient, et, si j’ose le dire, moins de cruauté, à leur donner, sur une matière si délicate, des leçons prématurées et infiniment dangereuses, et à leur faire courir le risque de perdre leur innocence, avant même qu’ils sachent quel en est le prix, et combien cette perte est affreuse et irréparable. […] Après avoir apprécié, dans la raison, ce phosphore qu’on nomme l’esprit, ce rien qu’on appelle la renommée, ce moment qu’on nomme la vie ; qu’il interroge la Religion qui doit lui parler comme à moi ; qu’il contemple fixément la Mort ; qu’il regarde au-delà, et qu’il me juge… Le temps vole, la nuit s’avance, le rêve va finir : pourquoi perdre à douter ou à délibérer, le seul instant qui nous est laissé pour croire et pour mériter ?

150. (1790) Sur la liberté du théatre pp. 3-42

Un gouvernement despotique doit beaucoup multiplier les plaisirs pour distraire le peuple de ses maux, et lui en faire perdre le souvenir ; mais il doit établir dans les spectacles une police sévere, de peur que ces lieux d’assemblée ne deviennent un point de réunion où l’on puisse prendre des résolutions contre ses intérêts. […] La lutte des préjugés contre les principes a été longue et vive10 ; mais enfin, sans se rendre à la raison, ils ont cédé à la crainte, et les prêtres catholiques ont perdu avec tous les autres privileges, celui de ne pouvoir être exposés sur la scene tels qu’ils sont, vertueux ou fanatiques. […] C’est ainsi que le peuple perdra cette grossiereté de langage si rebutante, et cette barbarie révoltante qui lui a fait souiller de sang la plus belle des révolutions. […] Pourquoi se perdre dans un étalage d’érudition ? […] C’est ainsi que plusieurs ouvrages, perdus à jamais pour le public, reparoîtront et augmenteront ses plaisirs.

151. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Du Fard. » pp. 143-168

Quelle est la couleur dominante de la décoration, le degré de lumiere qui doit s’y répandre, pour ne rien perdre de ses graces, & s’en donner de nouvelles ; il n’est pour elle rien de plus important que de faire de conquêtes ; les meubles d’un appartement, la couleur des rideaux des fenêtres, des paravents, tout entre dans cette ordonnance. […] Malheureux à la guerre que lui fit Vitellius son concurrent, à qui il offrit lâchement de partager avec lui l’Empire ; il perdit la bataille, après laquelle, par désespoir, il s’enfonça le poignard dans le sein ; il n’avoit pas même, dans son usurpation perfide, ce degré d’élévation qu’on appelle ambition noble ; c’étoit un brigand qui n’en vouloit qu’au trésor public, pour faire de la dépense, & satisfaite ses créanciers qui le poursuivoient. Je suis perdu , disoit-il, si je ne suis Empereur, il vaut autant mourir dans un combat que de mourir ruiné par des créanciers. Le même désespoir qui lui fit perdre la vie, l’avoit armé pour usurper les richesses de l’Etat : Non dissimulabat se nisi principem stare non posse, nihilque referre an ab hoste in acie an in foro sub creditoribus cadere  ; il ne réussit ni à l’un ni à l’autre, il mourut quatre mois après, débiteur insolvable & usurpateur détesté. […] On est encore redevable à Madame Poppée du nom d’un fard célebre, que Juvenal appelle Pinguia Poppeana, malheureusement on en a perdu la recette, & c’est grand dommage.

152. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Divers Auteurs ont déjà perdu bien du temps à composer des pieces pour cette scène clandestine ; il en paroît depuis peu un recueil en deux tomes, on en promet bien d’autres. […] La familiarité dissipe, énerve, perd l’artiste. […] Les premiers Romains, sans rien perdre de leur dignité, leur accordoient des marques de considération, qui leur faisoient faire les plus grands efforts pour les mériter ; leurs successeurs le dégradèrent jusqu’à le familiariser, & s’avilirent sans donner de l’émulation. […] Les autres fortifieront leur penchant, contracteront l’habitude, & acheveront de se perdre ; un souffle les renversera. […] Les ames innocentes qui y vont une fois par ignorance, car un homme pieux n’y viendra pas deux fois, y perdront bien-tôt cette fleur délicate fi aisément fanée ; conserveroit-elle sa fraîcheur dans cet air empesté ?

153. (1822) De l’influence des théâtres « [De l’influence des théâtres] » pp. 1-30

Le goût se perd, et tel qui pouvait prétendre à siéger un jour parmi les classiques de notre littérature, ne sera jamais qu’un histrion-spéculateur, sacrifiant sa gloire à des rétributions, et donnant, au moins une fois par mois, la preuve qu’en fait d’ouvrages mis au théâtre, la quantité l’emporte sur la qualité ; le plus mince vaudevilliste, qui compte quatre succès, n’a pas d’autre système. […] Deux ou trois représentations d’un spectacle bourgeois leur donnèrent le goût de la comédie ; les économies ne suffirent pas même pour satisfaire ce penchant, devenu chez eux une seconde nature ; puis, la retenue des quarts de jour perdus, pour ne point manquer une première représentation aux boulevards, ou bien au Vaudeville, fit avoir recours au mensonge, pour apaiser les parents, envers lesquels on gardait encore une sorte de réserve, dont on se promettait bien de s’affranchir à la première occasion. […] souvent pour des riens ; mais beaucoup de nos jeunes gens se croiraient perdus de réputation, si deux ou trois aventures de ce genre ne donnaient à leurs vingt ans une malheureuse célébrité, qui fait d’un étourdi, que l’âge pouvait ramener, un mauvais sujet consommé. […] Je pris ma canne et mon chapeau, et je sortis de ce trou perfide, où des cannibales dramatiques se permettent, avec permission du maire de la commune, d’écorcher, deux fois la semaine, d’aimables productions, qui perdent tout en passant par la bouche de ces cuistres, qui s’arrogent effrontément le nom d’artistes. […] un théâtre dans ce quartier perdu, m’écriai-je ? 

154. (1686) Sermon sur les spectacles pp. 42-84

Mais comment, dans le cours d’une vie chrétienne, il y aurait une partie du jour qu’on pourrait perdre ? […] Je ne vous dirai point ici, mes Frères, que vous privez les pauvres de leur substance, lorsque vous dépensez pour les Spectacles ; que vous perdez un temps dont toutes les minutes sont le prix même du sang de Jésus-Christ, et des moyens de salut ; que vous entraînez par votre exemple, des personnes qui se font peut-être un devoir de vous imiter ; et que, quand même les Spectacles ne vous feraient nulle impression, vous répondez devant le Seigneur du mal qu’ils peuvent causer à ceux qui vous suivent, ou que vous y conduisez. […] Qui est-ce qui peut ignorer qu’il empoisonne tout ce qu’il offre au public, et que les Tragédies, même les plus saintes, en passant par la bouche de ces acteurs justement flétris par la Religion et par les lois, deviennent des occasions de se perdre ? […] Les Pères ne savent souvent à qui s’en prendre, lorsque leurs enfants s’abandonnent aux plus grands excès ; les Mères vont chercher dans des circonstances éloignées la cause du scandale de leurs filles ; et c’est le Théâtre, n’en doutez pas, qui a perdu les uns et les autres. […] La vérité ne doit-elle donc se faire entendre qu’au moment où l’on ne peut presque plus parler, et faudra-t-il perdre son âme pour un respect tout humain ?

155. (1754) La Comédie contraire aux principes de la morale chrétienne « La comédie contraire aux Principes de la Morale Chétienne. — XI. Son opposition à l’Evangile. » pp. 23-24

exhorter les Princes & les Magistrats à chasser les Comédiens, les Baladins, les Joueurs de Farces & autres pestes publiques, comme gens perdus & corrupteurs des bonnes mœurs, Conc.

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