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296. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE I. Où l’on prouve que le spectacle est bon en lui-même et par conséquent au-dessus des reproches de M. Rousseau. » pp. 13-64

« Quand Arlequin sauvage t est si bien accueilli des spectateurs, pense-t-on que ce soit par le goût qu’ils prennent pour le sens et la simplicité de ce personnage, et qu’un seul d’entre eux voulût pour cela lui ressembler ? […] Rappelez-vous Monsieur quels applaudissements on donne généralement à cette tirade d’Arlequin Sauvage que voici : « Je pense que vous êtes fous, car vous cherchez avec beaucoup de soins une infinité de choses inutiles, vous êtes pauvres, parce que vous bornez vos biens dans l’argent, ou d’autres diableries, au lieu de jouir simplement de la nature comme nous qui ne voulons rien avoir, afin de jouir plus librement de tout. […] Ce n’est pas comme le pense le premier, « Que des maux feints soient plus capables d’émouvoir, que des maux véritables. » Ce n’est pas comme le pense le second, « Que le Poète ne nous afflige qu’autant qu’il nous plaît. »ay Le sentiment de compassion que nous éprouvons est, comme vous le pensez, un sentiment involontaire excité dans nous par l’adresse de l’Auteur qui nous ôte le pouvoir d’y résister.

297. (1756) Lettres sur les spectacles vol. 2 «  HISTOIRE. DES OUVRAGES. POUR ET CONTRE. LES THÉATRES PUBLICS. —  HISTOIRE. DES OUVRAGES. Pour & contre les Théatres Publics. » pp. 101-566

Mais ce que nous devons penser de la foiblesse de ce Cardinal, nous est suggéré par les mêmes Mémoires. […] Ne pensez pas qu’il y ait une différence dans les principes qui nous doivent actuellement diriger sur cet objet. […] Il pense qu’indépendamment de leur conduite, leur seule profession contribue à rendre les Spectacles très-dangereux. […] La corruption du goût tient plus qu’on ne pense aux mœurs. […] « On pensa, dit M.

298. (1733) Theatrum sit ne, vel esse possit schola informandis moribus idonea « Theatrum sit ne, vel esse possit schola, informandis moribus idonea. Oratio,  » pp. -211

Peut-être après quelques réflexions, ne trouverez-vous pas entre cet art & le vôtre un intervalle aussi grand que vous pourriez le penser. […] Que pensez-vous de la Musique & de la Symphonie ? […] Melpomene ne pensa jamais avec plus de force & de dignité : jamais elle ne s’exprima avec plus de grace & de noblesse. […]   En vérité, Messieurs, que penseriez-vous d’une pareille Ecole où présideroit la Volupté ? […] Esclaves de la coûtume qui est leur suprême loi, ils vivent sur l’exemple d’autrui, ils pensent par l’esprit d’autrui.

299. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXIX. Nouvel abus de la doctrine de Saint Thomas. » pp. 102-108

Qu’on ne fasse donc point ce tort à Saint Thomas, de le faire auteur d’un si visible relâchement de la discipline : c’est assez de l’avoir fait sans qu’il y pensât, le défenseur de la comédie ; sans encore lui faire dire, qu’on la peut jouer dans le carême, quoiqu’il n’y ait pas un seul mot dans tous ses ouvrages qui tende à cela de près ou de loin ; et qu’au contraire il ait enseigné si expressément que les spectacles publics répugnent à l’esprit de pénitence que l’église veut renouveler dans le carême.

300. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre premier.  » pp. 2-36

Personne depuis les Grecs, dans aucun coin du monde, n’avoit pense de rendre des honneurs publics à des gens que les loix déclaroient infâmes, & bien loin de leur ériger des statues, les Empéreurs avoient défendu de souffrir leur portrait dans les lieux publics, (voyez livre à en entier. […] Le sieur le Kain, acteur célebre, dont le ton tragique, & la déclamation énergumene en imposeroient à ceux qui oseroient penser différemment, a fait l’annonce de la piéce, & témoigné au nom des comédiens : leurs sentimens d’admiration, de reconnoissance, de pieté filiale envers leur pere, leur bienfaiteur, l’homme de génie, qui a illustrè la scène Françoise  ; il a déclaré en même-tems, que le produit de la représentation de cette piéce étoit destiné, par les comédiens, à ériger la statue de Moliere, & qu’ils esperent le secours de la nation pour consommer ce grand ouvrage ; démarche & quête mesquine ! […] Les écoles de l’Université embarrassées de bancs & de chaises, ne permettent pas de déployer la majesté du sénat scholastique ; on eut recours aux Cordeliers, autrefois Observantins, aujourd’hui Conventuels ; on se rendit dans leur grande Eglise pour tenir ce religieux Chapitre, auquel Saint François n’avoit pas pensé. […] L’auteur dont l’intention est bonne, n’a pas pensé qu’au tems des croisades, où il place cette aventure, il n’y avoit point de spectacle réglé où l’on pût ordonner des piéces à son gré ; que la Hongrie, dont le Roi allant à la Terre-Sainte, laissa régner le mari de cette femme ; que la Moravie, dont le Souverain fut le séducteur artificieux, étoient des pays barbares, où le théatre étoit inconnu, où il n’est guere connu encore ; ainsi le représente l’auteur de l’histoire de Jeanne de Naples, qui avoit épousé dans ce même tems, le frere du Roi d’Hongrie.

301. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE IX. » pp. 158-170

Enfin, les Acteurs ne sont point riches, ils n’obtiennent des pensions qu’après vingt années de service ; les contraindre à quitter avant ce terme, c’est les exposer à manquer de subsistance ; ils ne sont point assurés que l’on permettra leur retraite, s’ils l’exécutent sans être avoués, ils ne seront pas pensionnés.

302. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Je pense qu’on ne sera pas faché de trouver ici une définition précise & plus étendue du mot Opéra-Bouffon ; elle le rendra familier à des gens qui se flattent mal-à-propos de l’entendre ; elle servira sur-tout à démontrer pour quel motif le nouveau Théâtre est établi.

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