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33. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Cinquième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 33-39

… Mais, j’entreprendrais en vain de vous peindre mon trouble… Je vous écris toute hors de moi… En voulez-vous voir… voulez-vous voir de son style, à cette Rivale ? […] Lorsqu’on m’a peint cet air touchant, enchanteur, ce charme inexprimable répandu sur toute sa personne, j’ai senti combien vous deviez l’aimer ; qu’il n’était dans le monde aucun homme qui pût résister à la douceur de ses regards.

34. (1743) De la réformation du théâtre « De la réformation du théâtre — SIXIEME PARTIE. —  De la Comédie.  » pp. 267-275

Molière peignit si vivement l’hypocrisie, qu’outre le scandale que cette peinture causa parmi les plus sages, si par malheur il y avait eu quelque hypocrite de bien avéré dans la Ville, le peuple l’aurait déchiré. […] Une action comique soit qu’elle nous donne le vrai, ou qu’elle nous présente le vraisemblable, ne peut jamais avoir d’autre objet que de peindre les hommes tels que nous les voyons.

35. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 10 « Réflexions sur le théâtre, vol 10 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE DIXIEME. — CHAPITRE PREMIER. Peinture & Sculpture. » pp. 4-40

Un libertin fait ainsi peindre ses maîtresses, l’ont-elles pu souffrir ? […] Quelle nécessité y a-t-il de savoir peindre ce que la conscience défend de peindre jamais ? […] Il est peu de peintres dont les essais ne soient des nudités, & des nudités très-bien peintes. […] Les femmes même débauchées n’oseroient se présenter en public, dans l’état où on ose les peindre. […]  3, des abominations des deux sœurs Oola & Ooliba, sous les noms desquels il peint l’idolâtrie de Samarie & de Jérusalem ; ce prophete remarque que la peinture fut l’origine de leur débauches.

36. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre III. Origine des Théâtres. » pp. 22-49

Ce Général, qui, fesant conduire à Rome les chefs d’œuvres de Praxitéle & de Zeuxis, avertit celui qui était chargé de ce soin, que s’il se rompait ou se perdait quelques statuës ou quelques tableaux, il l’obligerait d’en faire faire de pareils, peint bien les mœurs des prémiers Romains. […] Leur imagination frapée se peignait sans cesse le Calvaire, & toute la Terre-Sainte en proie aux Sarasins : il était donc naturel qu’on se plut à voir en action ce qui occupait tous les esprits. […] Les singularités, les bizareries, que l’on mêlait dans ces espèces de farces sacrées, achévent de nous peindre les hommes du treizième siècle. […] L’Avocat Patelin, une des plus anciennes pièces que nous ayons4, annonça combien elle éxcellerait à peindre naivement les mœurs. […] Ils lui apprirent qu’il y avait des régles pour enchanter le Public ; & qu’il ne suffisait pas d’exciter à rire ; mais qu’il fallait peindre avec finesse un ridicule.

37. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE VII. De la frivolité et de la familiarité. » pp. 150-162

Le Seigneur Algarotti, dans ses lettres, dit aussi justement que plaisamment, pour peindre les nations de l'Europe : « On parlait de guerre dans l'ancienne Rome, on parle de religion dans la nouvelle, de commerce à Cadix, de politique à Londres, de comédie et de romans à Paris. […] Ne vous extasiez pas de ces vastes palais, de ces temples magnifiques, de ces villes superbes, de ces jardins enchantés, toute cette pompeuse architecture n'est qu'une aune de toile peinte, l'illusion de la perspective en fait tout le prix. […] ) peint par la frivolité du théâtre deux militaires bien différents, Marius, l'un des plus grands Capitaines de Rome, Metellus, l'un des plus efféminés. […] Un Ecrivain parle au public, il doit se respecter, il se peint dans son ouvrage, il a intérêt de se respecter lui-même, s'il ne veut se rendre méprisable.

38. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE V. En quoi consiste le Plaisir de la Comédie, & de ce Sel qui assaisonnoit les Comédies Grecques. » pp. 131-144

Un bon Poëte Comique fait comme les Peintres, qui dans ces Portraits qu’ils nomment Charge, savent peindre un homme en ridicule, en lui conservant sa ressemblance. […] Le premier sait faire rire le Peuple de Socrate : il sait peindre en ridicule, un Philosophe qui veut faire des raisonnemens sublimes : Moliere sait peindre en ridicule, un Tartuffe.

39. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Quelle erreur de ne savoir pas distinguer entre l’art de représenter les mauvaises actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre les passions agréables d’une manière qui en fasse goûter le plaisir ? […] Si les peintures immodestes ramènent naturellement à l’esprit ce qu’elles expriment, et que pour cette raison on en condamne l’usage, parce qu’on ne les goûte jamais autant qu’une main habile l’a voulu, sans entrer dans l’esprit de l’ouvrier, et sans se mettre en quelque façon dans l’état qu’il a voulu peindre : combien plus sera-t-on touché des expressions du théâtre, où tout paraît effectif : où ce ne sont point des traits morts et des couleurs sèches qui agissent, mais des personnages vivants, de vrais yeux, ou ardents, ou tendres et plongés dans la passion : de vraies larmes dans les acteurs, qui en attirent d’aussi véritables dans ceux qui regardent : enfin de vrais mouvements, qui mettent en feu tout le parterre et toutes les loges : et tout cela, dites-vous, n’émeut qu’indirectement, et n’excite que par accident les passions ?

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