Ce Théologien sur le bruit que fit cette lettre dans le public, la désavoua dans une autre lettre qu’il écrivit à M. de Harlay pour lors Archevêque de Paris : et c’est ce qui produisit tous ces Ouvrages qui parurent alors sur cette matière. […] Si l’on regarde la Comédie en elle-même et en général, c’est-a-dire, comme une représentation qui de soi est capable de divertir et de réjouir l’esprit, il n’y paraît rien de mauvais. […] Il faut supposer que Tertullien ne parle pas toujours des spectacles par rapport à l’idolâtrie, comme il paraît par ces paroles du chap. 14. […] Si la chaussure de Judith fut capable de ravir les yeux et le cœur d’un homme guerrier, que fera le visage, la taille, la bonne grâce, la danse, le chant d’une femme qui n’a point d’autre dessein que de paraître belle, et de plaire pour attirer plus de monde à la Comédie. […] L’on objecte encore une Déclaration du Roi du 16. d’Avril 1641. enregistrée au Parlement le 24. du même mois, par laquelle il paraît que les Comédiens ont toujours été notés d’infamie jusqu’en ladite année 1641.
Rien n’a paru de plus galant, ny de plus magnifique en Europe, & le tout peut servir d’exemple à tous les Rois & à tous ceux qui voudront entreprendre un pareil Spectacle.
« On14 fait (dit-il) quelquefois dans les Eglises des jeux de Théâtre, où non seulement paraissent des personnes masquées et travesties (ce qui est monstrueux) mais les Ecclésiastiques même prennent part à ces folies.
C'est encore un nouveau motif à ce philosophe pour bannir de sa République les poètes comiques, tragiques, épiques, sans épargner ce divin Homère, comme ils l’appelaient, dont les sentences paraissaient alors inspirées : cependant Platon les chassait tous, à cause que ne songeant qu’à plaire, ils étalent également les bonnes et les mauvaises maximes ; et que sans se soucier de la vérité qui est simple et une, ils ne travaillent qu’à flatter le goût et la passion dont la nature est compliquée et variable.
On ne s’attache à leur apprendre que la politesse, les belles manières et l’usage du monde ; en sorte qu’à dix ans ils sont en état de paraître dans ce qu’on appelle les meilleures compagnies, où on a grand soin de les présenter.
Ce Public cependant, qui pense en général comme nous venons de dire, ne cesse pas de changer d’avis, ou de paraître en changer de temps à autre : lorsqu’il parle de bonne foi, ce n’est pas la correction des mœurs qu’il cherche au Théâtre, il n’y va que pour son plaisir ; mais, si les plaintes contre le Théâtre se renouvellent, son langage n’est plus le même ; il craint qu’on ne resserre la liberté des Poètes, et qu’on ne les réduise à devenir insipides, et par conséquent ennuyeux.
On entend de loin des coups de fusils, qui, joins à l’air embarrassé des acteurs, parut un coup de théatre si naturel, que tout le monde y applaudit. […] Il vient de paroître un livre plein de calomnies & d’impiétés, intitulé l’Esprit de Clément XIV, où l’on s’efforce de justifier le Machiavélisme par l’autorité de St. […] Un tyran ne doit se fier à personne : il ne doit pas paroître cruel à ses sujets, il se rendroit odieux & occasionneroit des soulevemens.