voudroit-on dans le doute du péché courir le risque de l’éternité ? […] S’amuser de péchés & de disgraces, au lieu d’en gémir, seroit sans doute une cruauté & une folie, fussent-elles sans conséquence. […] On ne sent le péché que quand il est commis, la grâce que quand elle est perdue. […] On vous menace mal à propos d’une mort éternelle : vaines alarmes, aucun péché, aucune mort à craindre : Nequaquam moriemini. […] Comment le mondain jugeroit-il de l’affoiblissement de l’ame, de la perte de la grace, des effets du péché ?
g Ministres de la religion, qui défendez le spectacle, sous quelque prétexte que ce soit, qui proscrivez la comédie et les comédiens, répondez ; est-ce donc un péché de peindre si bien le vice, que les coupables soient forcés de se reconnaître dans le tableau ? Est-ce un péché de préconiser la franchise, la loyauté, le courage, la valeur, la générosité, et de flétrir l’hypocrisie, la lâcheté, la perfidie, l’avarice ? […] Mais, si votre pénitent est un roi, ou quelque personnage de sa maison, vous n’êtes pas si difficile, et ce qui était un gros péché pour ce pauvre roturier, n’est plus qu’une peccadille pour ces grands seigneurs. Mais, mes frères, ce n’est pas assez de vous avoir prouvé par les aveux et la conduite des prêtres, que le spectacle n’était point un péché, il faut encore vous montrer pourquoi il est proscrit en France, et permis à Rome. […] Il paraît néanmoins qu’alors il n’était un péché pour personne, puisqu’on avançait l’heure des offices, afin qu’au sortir du lieu saint, tous les fidèles y pussent assister.
Caffaro, Théatin, son défenseur, avoue que les Ecclésiastiques et les Religieux ne peuvent y aller sans péché. […] 17.), qui à la vérité défend aux Ecclésiastiques et aux Religieux de représenter publiquement la comédie, mais qui leur permet d’y assister, pourvu qu’il n’y ait point danger de péché pour eux, ni scandale pour le public : Ce qui doit être, ajoute-t-il, puisqu’on y en voit beaucoup en Italie. Benoît XIV le combat par le principe de l’Apôtre, les mauvais discours corrompent les bonnes mœurs, et l’impossibilité morale d’y éviter le péché, par l’autorité du P. […] 2.), qui croit même qu’on peut aller jusqu’au péché mortel, par le plaisir que l’on y prend. […] les biens donnés pour l’entretien des Eglises, l’expiation des péchés, le soulagement des pauvres, doivent-ils être employés à entretenir le crime, le scandale et la corruption des mœurs ?
du péché, qui porte au péché.
Ces doux et invincibles penchants de l’inclination, ainsi qu’on les représente, c’est ce qu’on veut faire sentir et ce qu’on veut rendre aimable ; c’est-à-dire, qu’on veut rendre aimable une servitude qui est l’effet du péché, qui porte au péché ; et on flatte une passion qu’on ne peut mettre sous le joug que par des combats, qui font gémir les fidèles, même au milieu des remèdes.
Tout mensonge est un péché : il offense les perfections de Dieu, sa sagesse qui voit la vérité, sa justice qui hait la tromperie, sa providence qui établit la bonne foi : il combat les intérêts du prochain, trouble son repos, se joue de sa crédulité, abuse de sa confiance. […] Le mensonge a perdu le ciel & la terre : tout péché est un mensonge ; il se dit préférable à la loi qui le défend. La comédie est un péché, c’est un corps de mensonge, vif, orné, animé, varié, mis dans tous les jours favorables, une école, un exercice de mensonge, savant, séduisant, malin, passionné. Ce péché n’est pas toûjours mortel ; la légèreté de la matiere, l’inattention, l’imprudence, diminuent sa grieveté ; mais il l’est très-souvent dans la religion par l’erreur & l’impiété ; dans la société, par la calomnie, la tromperie, la flatterie même. […] Ignore-t-on que la médisance & l’impureté sont des péchés ?
dans la question de la somme que nous avons déjà tant citée, article quatrième, où il demande s’il peut y avoir quelque péché dans le défaut du jeu : c’est-à-dire en rejetant tout ce qui relâche ou divertit l’esprit ; car c’est là ce qu’il appelle jeu, et il se fait d’abord cette objectionObject. […] , qu’il semble qu’en cette matière « on ne puisse pécher par défaut, puisqu’on ne prescrit point de péché au pénitent à qui pourtant on interdit tout jeu » : conformément à un passage d’un livre qu’on attribuaitLib. de ver. […] ah alors à Saint Augustin, où il est porté « que le pénitent se doit abstenir des jeux et des spectacles du siècle, s’il veut obtenir la grâce d’une entière rémission de ses péchés ».