Hédelin, est le premier auteur Français de ce siècle (1600) qui ait osé entreprendre de justifier la Comédie : il fit deux ouvrages en 1657 : le premier intitulé Pratique du Théâtre. […] On n’avait point vu de réponses à tous ces savants et solides écrits contre la Comédie ; et on ne croyait pas que personne osât mettre la main à la plume pour la défendre.
D’abord on osa mettre sur le Théâtre d’Athènes, des Satyres en action ; c’est-à-dire, des Personnages connus & nommés, dont on imitait les ridicules & les vices : telle fut la Comédie ancienne. […] On ne fut pas longtemps à s’apercevoir que le talent de censurer le vice, pour être utile, devait être dirigé par la vertu ; & que la liberté de la Satyre accordée à un malhonnête-homme, était un poignard dans les mains d’un furieux : mais ce furieux consolait l’envie : voila pourquoi dans Athènes comme ailleurs, les Méchans ont trouvé tant d’indulgence, & les Bons tant de sévérité : témoin la Comédie des Nuées ; exemple mémorable de la scélératesse des envieux, & des combats que doit se préparer à soutenir celui qui ose être plus sage & plus vertueux que son siècle… […] Quelque critique, pour condanner ce genre, a osé dire qu’il était nouveau ; on l’en a cru sur sa parole, tant la légèreté & l’indifférence d’un certain Public, sur les opinions littéraires, donne beau jeu à l’ignorance & à l’effronterie. […] Les hommes, dit-on, ne se reconnaissent pas à leur image : c’est ce qu’on peut nier hardiment : on croit tromper les autres, mais on ne se trompe jamais ; & tel prétend à l’estime publique, qui n’oserait se montrer, s’il croyait être connu comme il se connaît lui-même.
Il y a cinquante ans qu'une honnête femme n'osait aller au Théâtre, ou bien il fallait qu'elle y fut voilée, et tout à fait invisible, et ce plaisir était comme réservé aux débauchées qui se donnaient la liberté de les regarder à visage découvert. Mais aujourd'hui les femmes d'honneur et de qualité s'y trouvent en foule avec toute liberté ; au lieu que celles dont le désordre a signalé la vie et le nom, n'osent plus y paraître que sous le masque, et dans un déguisement qui les condamne.
S’il étoit votre fils, l’oseriez-vous forcer ? […] Nous n’oserions rapporter ce qu’on met dans leur bouche. Osera-t-on dire, cette piece est décente, il n’y a point d’obscénité ? […] J’exprimois beaucoup plus qu’il n’eut osé prétendre, (n’est-ce pas là une fille bien honnête ?). […] Je ne me connois plus, vous osez attester le ciel qui vous condamne.
Et cependant c’est dans de telles circonstances qu’un profane comédien pousse l’absurdité de son orgueil jusqu’à nous donner son art pour le premier de tous les arts ; qu’il ose avancer que la gloire de son théâtre est une partie essentielle de la gloire nationale. […] Or, c’est-là ce que produisent ordinairement ces Spectacles dont on ose vanter la décence & la pureté. […] Qui donc osera désormais appeler le théâtre une école de vertu ? […] Le langage de la vertu leur est toujours étranger ; & lorsqu’ils en débitent les maximes, lorsque dans certaines pièces ils osent prendre les noms & les personnages des Saints ou des Prophètes du Seigneur, il me semble entendre ce Dieu terrible qui leur dit : Méchant, pourquoi oses-tu parler de mes commandemens, & pourquoi mon nom se trouve-t-il sur tes lèvres impures ? […] Que les Grands de la terre répandent leur faveur sur ceux qui les représentent, qu’ils les admettent à leur familiarité, qu’ils leur donnent auprès d’eux un accès qu’ils refusent souvent à la probité & à la vertu ; qu’une nation voisine porte l’enthousiasme jusqu’à mêler les cendres d’un Comédien avec celles de ses Rois ; que des Auteurs insensés osent nous proposer de suivre un tel modèle : ce fanatisme prouve-t-il autre chose que l’excès de dépravation, auquel les Chrétiens de nos jours sont parvenus, & qu’ils augmentent encore en se livrant à ce penchant violent qui les entraîne vers des plaisirs si frivoles & si dangereux ?
Ils en sont coupables, & ils osent venir dans ce lieu saint. […] En revenant du théatre tout ce que vous y avez vu revient dans votre-mémoire ; vous en êtes affligé, vous en rougissez : Malheur à moi, dites-vous, de quel front oserai je entrer dans l’Eglise & écouter la divine parole ? […] vous osez l’appeler une mer de délices ! […] Ceux qui feignent de pareilles horreurs sont dignes de mille morts, d’oser mettre sons les yeux ce que toutes les loix condamnent.
C'est, en travaillant pour le bien de ma cause, manifester au Public la reconnaissance, le zèle et le très profond respect avec lesquels j’ose me dire SIRE de Votre Majesté Le très humble et très obéissant Serviteur Dancourt.