Ils viennent tous en éclatant de rire, & tâchent d’arrêter l’âne, le tirant par la queue & par les oreilles : mais l’opiniâtreté de l’âne, après plusieurs saccades, fut victorieuse de tous leurs efforts ; il partit comme un trait, en s’élançant sur le théatre : il dérangea toute la piece.
Pour charmer dans ses jeux, l’esprit avec l’oreille, Il n’a plus son Molière, il a perdu Corneille.
L’Eglise même retranche dans les jours de tristesse et de deuil les solennités de son culte, les parures de ses autels et de ses Ministres, la douceur même et la gaieté de ses chants ; et vous irez repaître vos yeux des agréments affectés et du pompeux ajustement de quelques femmes licencieuses, et prêter l’oreille à la voix et aux récits passionnés de ces Sirènes dont parle Isaïe Isaie 13. 22.
La Musique prétend être plus spirituelle que la Peinture, et elle présume par cette raison qu’un Prince ne la doit pas mépriser : Car elle ne flatte pas seulement l’oreille, qui est le plus délicat de tous les sens ; mais elle calme les passions aussi bien que l’éloquence, et elle se vante que par la Lyre de David elle a charmé des Rois et chassé des Démons.
Direz-vous encore, que la Comédie actuelle est tellement épurée, qu’il n’y a rien, que l’oreille la plus chaste ne puisse entendre ? […] … d’un Auteur, qui vient à peine d’expirer, & qui remplit, encore à présent, tous les Théatres, des équivoques les plus grossieres, dont ont ait jamais infecté les oreilles des Chrétiens ? […] Cela voudroit-il dire, que la Comédie est aujourd’hui tellement épurée, qu’il n’y a rien, que l’oreille la plus chaste ne puisse entendre ? […] En est-ce assez, Madame, pour vous convaincre qu’il s’en faut de beaucoup, que la Comédie n’ait plus rien, qui puisse aujourd’hui offenser les oreilles chastes ? […] Les Ministres du Seigneur feront toujours leurs devoirs, en levant la voix contre les prévaricateurs ; & ceux qui feront la sourde oreille, éprouveront la justice d’un Dieu, dont ils auront negligé les avis, & méprisé les ordres.
» . « Il ne faut point, dit-il, être curieux de voir ces spectacles, et les vaines représentations de ces Charlatans ; il ne faut point non plus prêter l’oreille à ces airs qui ne tendent qu’à corrompre l’âme : car cette espèce de musique ne porte point ordinairement d’autre fruit que l’esclavage et la dégradation de l’âme, outre cela elle irrite les passions. […] » , ne corrompent ordinairement qu’une portion de notre âme ; mais celui que l’on commet, lorsqu’on assiste aux spectacles, souille et infecte toutes les puissances de l’âme, le cœur par les concupiscences, les oreilles par les choses qu’on y entend, et les yeux par celles qu’on y voit. […] » « Les Ecclésiastiques doivent s’abstenir de tous les attraits qui flattent les oreilles et les yeux, et qui en les flattant amollissent la vigueur de l’âme ; ce que l’on peut ressentir dans de certains airs de musique, et dans quelques autres choses ; et ils doivent s’en abstenir, parce que par les charmes des oreilles et des yeux, le vice entre dans l’âme. […] « Dans le siècle où nous vivons, dit ce savant Evêque, où l’on est fort adonné à tout ce qui ressent la fable et la bagatelle, on ne se contente pas de prostituer ses oreilles et son cœur à la vanité ; mais on est encore ravi de charmer sa paresse par le plaisir des oreilles et des yeux, on est ravi d’enflammer la luxure, en cherchant à fomenter le vice. […] Charles, de ne point assister à toutes ces représentations fabuleuses, aux Comédies, à certains exercices d’armes, aux autres spectacles vains et profanes, de crainte que leurs oreilles et leurs yeux qui sont consacrés aux divins Offices, ne soient souillés par ces actions et par ces paroles bouffonnes et impures.
Martial disoit plaisammant aux coquettes de Rome, vous portés des terres pendues à vos oreilles & à votre cou, parce qu’elles les vendoient pour acheter des pierreries. […] Il est aussi une autre espece de fard que les Peres conseillent : la blancheur de l’innocence, le rouge de la pudeur, l’or de la charité, le collier de l’obéissance, les pendans d’oreilles de la docilité, les fruits des bonnes pensées, les diamans des bonnes œuvres, les parfums des bons exemples. […] Saint Augustin est bien sévere, il appelle le fard une espece d’adultere, il prétend que les maris eux-mêmes n’en veulent point, qu’une femme ne doit se parer que pour plaire à son mari ; que le véritable ornement ce sont les bonnes mœurs, sur-tout pour des chrétiens ; il ne permet pas même qu’on y emploie l’or, il condamne jusqu’aux pendans d’oreilles.