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42. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

La Fontaine fut la premiere femme qui ait dansé à l’opéra. […] Ces bals furent un ouvrage de la régence de M. le Duc d’Orléans ; ils commencèrent le 7 janvier 1718 : ils durent environ trois mois, deux fois la semaine, au profit de l’Opéra. La comédie Françoise obtint du même Prince une pareille permission ; l’Opéra en fut jaloux, & réussit à la faire révoquer. Les Italiens, l’Opéra comique en firent de même ; Grandval Comédien en donna aussi quelques-unes à son profit. Ils sont tombés quelque temps après ; l’Opéra seul s’est soutenu.

43. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

d’ailleurs, quels sont les énnemis de notre Opéra ? […] L’énnemi juré des mauvais ouvrages, le fléau des sots Auteurs, le dur & l’élégant Boileau, nous apprend dans un seul Vers quelle est la raison qui nous fait tant aimer notre Opéra. […] La perfection de notre Opéra se trouve peut-être même dans sa bassesse. […] Notre Opéra éxcite aussi dans ceux qui viennent l’admirer un enthousiasme violent, qui les contraint à frapper des pieds & des mains : il est inutile d’avoir des choses grandes & sublimes à leur dire ; ils ne les entendraient pas. […] Ce Sage caressé des Muses & des gens vertueux, crut autant s’immortaliser en fesant une espèce d’Opéra Bouffon qu’en écrivant ces ouvrages qui charmeront aussi bien la postérité que son siècle.

44. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. Aveux importans. » pp. 83-110

Mard, homme d’esprit, homme aimable, fort répandu dans le monde, dont les ouvrages de littérature prouvent le bon goût, & le traité de l’opéra, son amour pour le théatre, ses lettres galantes, une morale peu sévère par le ainsi de l’opéra, lett. 24 qu’il suppose écrire à une Dame par une autre Dame. Vous êtes fâchée de n’être pas à Paris, parce qu’on y joue la comédie, en vérité l’opéra vous donneroit les plus mauvais exemples du monde ; Armide a un air dévergondé qui ne sied pas même à une femme prostituée, & je ne saurois déviner par quelle fatalité le caractère de femme fait sur le modèle d’Armide, ont acquis sur le théatre un droit de plaire qu’ils ne sauroient perdre. […] Voici l’idée que donne de l’opéra Fontenelle lett. 16 : nous menames votre jeune parente à l’opéra pour la première fois : figurez-vous ce que c’est que l’opéra au sortir du Couvent. […] On voit comme à l’opéra revenir à tout moment les fadeurs de la galanterie, tous les interlocuteurs ont sans cesse à la bouche les épithètes triviales, belle, charmante, aimable, &c. sur-tout l’adoration ne finit pas ; chaque femme est adorable, on l’adore, on l’adorera, on est à ses genoux, on tombe à ses pieds, on ne rend pas à Dieu plus de culte.

45. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

L’opéra & la comédie ont à la vérité leur magasin, qui est d’une richesse & d’une abondance surprenantes : il a coûté cent trente mille livres à bâtir. […] On a même imaginé à l’opéra de lever le parterre à niveau du théatre, pour faire la salle du bal. […] Les Chevaliers ont fait bâtir à Malthe un théatre de société pour l’opéra & pour la comédie. […] Pourquoi interdiroit-on l’opéra à Malthe ? […] Plaute, Térence, Sénèque, qui nous restent, n’approchent pas du théatre de la Foire, Moliere, Poisson, Dancourt, Vadé, Collet, &c. encore n’avoit-on pas le spectacle, la musique, la morale lubrique de l’opéra, peut-être plus dangereuse que les grossieretés payennes.

46. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

La troisième, si on doit dire la même chose de l’Opéra. On répond que l’Opéra est d’autant plus dangereux, qu’à la faveur de la Musique dont les tons sont recherchés, et disposés exprès pour toucher, l’âme est bien plus susceptible des passions qu’on y veut exciter, et particulièrement de l’amour qui est le sujet le plus ordinaire de cette sorte de Comédie. […] Enfin l’Auteur de la Réfutation s’applique à prouver que les Comédies et les Opéra excitent ou entretiennent l’Amour impur dans les cœurs. […] Qu’aurait-il juge de nos Opéra, et aurait-il cru moins dangereux de voir des Comédiennes jouer si passionnément le personnage d’Amantes, avec tous les malheureux avantages de leur sexe ? […] Dans l’Opéra d’Atys, l’amour profane triomphe de la Vertu : « Laisse mon cœur en paix, impuissante Vertu, N’ai-je pas assez combattu ?

47. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre II. Du Philosophe de sans souci. » pp. 36-60

Toute cette description de l’Opéra est copiée de Boileau, de Voltaire. Tous les deux conviennent que l’Opéra n’est qu’une leçon de volupté, dont les ames les plus pures ne peuvent se défendre. […] (Témoin l’Opéra). […] Il est vrai que les prologues des opéras étoient une flatterie si fade & si outrée, que la foiblesse à les souffrir, à les écouter, à y laisser applaudir, étoient bien au-dessous de la majesté d’un Prince si célebre. […]     J’ai condamné ces spectacles d’horreur, Bal, Opéra, Redoute, Comédie.

48. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — [Introduction] » pp. -1

Il est vrai qu’il a paru des histoires de l’opéra, du théatre François, du théatre-Italien, du théatre de la Foire ; mais ce ne sont que des auteurs particuliers, qui par zèle, ont transmis à la postérité, une partie des grands événemens de ces fameux Empires. […] Les Vestales de l’opéra, des Italiens, des François n’ont pas plus de droit à se faire ériger des autels ; ceux auxquels leurs amans les ont élevées pendant leur vie, suffisent à leur gloire, & doivent exclure les autres.

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