Fatime marque à Zaïre que la joie & les nouveaux sentimens que le Sérail lui inspire, lui causent à elle-même de l’étonnement. […] Il n’avoit pourtant pas de nouvelles raisons qui fondassent son refus. […] Il faut les suivre, & le peu d’égard que quelques Auteurs y ont eu, a fourni à ces nouveaux maîtres une raison de plus pour refuser leurs Pieces.
L’hiver, il faudra faire des chemins dans la neige, peut-être les paver ; et Dieu veuille qu’on n’y mette pas des Lanternes. » Ici le grand Sully ferait une réflexion : « Si l’établissement des Lanternes et le pavage des chemins ne servaient absolument qu’au Bal public, ce serait une dépense à regretter » ; mais il ne reprocherait pas au Bal public comme un nouveau préjudice qu’il aurait occasionné une dépense utile à la sureté des citoyens et à la circulation du Commerce, au roulage des marchandises etc. […] De là naîtra bientôt une émulation de parure qui ruinera les maris, les gagnera peut-être, et qui trouvera, sans cesse mille nouveaux moyens d’éluder les lois somptuaires. […] Examinons un peu deux nouveaux paradoxes que votre amour pour le vin vous a dictés.
Je n’examinerai point de nouveau la question que j’ai déja traitée. […] En effet, tandis qu’Éschyle composait ses Drames sérieux, tandis qu’il jettait de nouveaux personnages dans les Chœurs, une foule d’Auteurs ajoutait divers ornemens aux Drames enjoués. […] Les Muses restèrent pourtant quelque tems en Italie ; mais elles étaient si effrayées du bruit des armes, & de la barbarie qui de nouveau se répandait de toutes parts, qu’elles y firent peu ressentir la douceur de leur présence. […] Il me reste encore à parler de l’origine de l’Opéra-Bouffon ; ce genre nouveau de Spectacle qu’on se fait une gloire d’estimer, mérite d’être traité comme les autres Théâtres.
Pour bien exécuter ce nouveau chant, on a construit un buffet d’orgues avec tous les tuyaux acoustiques ; à chacun des tuyaux on a adapté une phiole d’une liqueur spiritueuse dont le goût est gradué selon les proportions harmoniques ; chaque phiole a son orifice & une soupape qui s’ouvre ou se ferme selon qu’on lève ou qu’on baisse les touches du clavecin qui y répondent à la place des vents que donnent les soufflets de l’orgue ; la phiole laisse couler de sa liqueur, toutes ces liqueurs se rendent par un conducteur commun à un tuyau où celui qui veut savourer cette harmonie, doit mettre sa bouche pour recevoir les liqueurs à mesure qu’elles découlent ; quand ces liqueurs sont consonnantes, il s’en forme une de leur mélange qui a un goût admirable : ce goût, au contraire, est détestable si elles sont discordantes ; ainsi une main savante flatte agréablement le palais, une ignorante l’empoisonne, comme l’une flatte, l’autre écorche les oreilles. […] Au lieu de phiole à chaque touche répond une cassolette qui exhale ou retient son parfum à volonté, selon qu’on baisse ou lève la soupape, & comme les odeurs montent, & que les liqueurs descendent ; au lieu du canal conducteur on met sous le clavecin une pyramide creuse ou un entonnoir renversé ; on place le nés au sommet où les odeurs vont aboutir comme dans l’orgue savoureuse, on place la bouche au bout du tuyau conducteur où les liqueurs vont se rendre ; cela ne se fait pas sans rire : un homme au bout d’un tuyau qui avale une ariette, ou à la pointe d’une pyramide qui hume une chacone, une gigue fait avec celui qui touche l’orgue, une scène très-comique, mais un grand inconvénient, c’est qu’on ne peut régaler qu’une ou deux bouches, un ou deux nez à la fois, & qu’à mesure que la liqueur s’écoule, il faut en verser des nouvelles, au lieu que l’air & la lumière fournissent sans se consumer à une foule d’auditeurs ou de spectateurs. […] Ce grand Traité sera fort utile au théatre, où se fait le plus grand usage des odeurs ; les Acteurs & les Actrices sont tous embaumés, poudrés, essences, pommades tout est odoriférant, les cheveux, les rubans, le linge, les habits, les meubles par-tout des odeurs ; on porte sur soi des boëtes, des phioles pleines de parfums, des liqueurs que de temps en temps on répand sur soi, sur ses mouchoirs, sur son sein, sur les mouches, sur les éventails, les coulisses, les foyers, les cellules des Actrices & dans leur maison, à leurs toilettes, leurs cabinets, leurs boudoirs, leur salle à manger ; tout en est si rempli qu’en entrant chez elles l’odorat en est saisi, ce goût n’est pas nouveau. […] Attaqué & vaincu de nouveau, il fut obligé de prendre la fuite, il fut poursuivi ; il eut beau se déguiser & se cacher, les odeurs le trahirent, il fut découvert à la trace comme le gibier dont le chien de chasse suit la piste ; il fut pris & mis à mort. […] Toutes les histoires en sont pleines, les Sauvages du nouveau monde s’en occupent, quoique beaucoup moins que les Peuples policés, comme dans l’ancien monde le Peuple grossier, les habitans de la campagne y sont moins sensibles que les citoyens voluptueux qui rafinent sur le plaisir & voudroient goûter tous les plaisirs.
M. le Duc d’Orléans, Régent, la rappela, & lui fit promettre plus de circonspection sur les personnalités satyriques, & je crois bien que la crainte des leçons pathétiques que le bâton avoit souvent donné aux anciens Comédiens, a rendu les nouveaux un peu plus sages sur cet article. […] Leurs épaules ont modéré la malignité de la satyre, mais leur cœur s’est encore plus livré à la corruption, & assurément, pour peu qu’on soit soigneux de conserver la chasteté, on ne se permettra la lecture ni de l’ancien ni du nouveau théatre Italien, fatras énorme de sottises aussi plattes que licencieuses, dont on diroit bien mieux que Ménage ne le disoit des épigrammes de Catulle, que l’obscénité en fait tout le sel & la pointe. […] Les Anglois, qui y étoient en grand nombre, le régalèrent à son entrée par une piece de théatre ; ils exercèrent plusieurs de ces batteleurs, & se signalèrent par un spectacle nouveau pour l’Allemagne, d’où il se répandit dans toute l’Europe, & singulierement en France, où l’on vit depuis des troupes de Confrères qui représentoient des mystères. […] Il est d’abord singulier qu’on veuille mettre une différence entre les anciennes & les nouvelles pieces de théatre, tandis que tous nos dramatiques se piquent & se font un devoir & un mérite d’imiter les anciens. […] Les Empereurs Grecs Théodore, Arcade, &c. ont enchéri par des loix nouvelles sur la rigueur des premieres.
Tous les recueils des lois civiles, aussi bien que des lois canoniques, le digeste, le code, les nouvelles, le code Théodosien, le décret, les décrétales, le sexte, les anciens canons, tout s’élève contre les spectacles. […] Sur la fin de 1633 il se forma un nouveau théâtre dans un jeu de paume. […] A la veille de la première représentation, Ramponeau, qui avait fait ailleurs un nouveau marché où il trouvait mieux son compte, fit signifier à Gaudron un acte, où prenant le ton dévot, il lui déclare qu’« il ne peut faire son salut en exécutant ses promesses, et que le zèle avec lequel il veut travailler à conserver ses bonnes mœurs, l’oblige de renoncer pour jamais au théâtre ». […] Les nouvelles troupes se sont rendu justice, et n’ont jamais prétendu succéder aux Confrères de la Passion. […] Ce qui m’étonne, c’est que les apologistes du théâtre moderne aient été assez peu instruits, ou assez peu de bonne foi, pour confondre ces objets, et ne pas voir par les dates même des lettres patentes et des arrêts qu’ils citent avec tant de confiance, que ces titres ne peuvent appartenir à des hommes nouveaux, si différents de ceux qu’on a voulu autoriser, qu’ils ne peuvent au contraire que proscrire des gens si opposés à l’esprit et aux vues religieuses qui les firent accorder.
Les honnêtes gens n’envient point aux Comédiens une pareille fortune, ils n’y découvrent que de nouvelles preuves et une nouvelle raison de roture. […] Pour le dernier acte de la pièce, Lully donna gratis l’opéra à ses nouveaux confrères, dont une trentaine se plaça à amphithéâtre, en manteau noir et en grand chapeau, pour écouter gravement les ritournelles du Musicien Secrétaire ; après quoi il leur donna un grand repas. […] 1.), rapportent que le Ministre Rousset, qu’elle fit Evêque d’Oleron, s’insinua dans sa cour, lui fit lire la bible traduite en français, et la rendit huguenote, qu’elle composa une tragi-comédie de tout le nouveau Testament, et la fit jouer par des Comédiens, qui pour lui plaire, y mêlèrent une foule de railleries et d’invectives contre le Pape, les Ecclésiastiques et les Moines. […] Il fut de nouveau exilé par Louis XIV en 1655 pour les mêmes raisons. […] Je ne t’envoie pas tous les fols de Rome, car s’il fallait les bannir tous, nous faudrait la peupler de nouvelles gens.