Son ministère, dit Fontenelle, enfanta Corneille, Rotrou, Tristan, Scudery, et trente autres dont les noms sont si enfoncés dans l’oubli, que quand je les en retirerais pour un moment, ils y retomberaient aussitôt. » Ce grand homme avait la plus vaste ambition qui ait jamais été. […] Les livres de dévotion ne l’empêchaient pas de songer à plaire aux Dames ; malgré sa galanterie, il prétendait passer pour savant en Hébreu, en Arabe et en Syriaque, jusque là qu’il voulut acheter cent mille écus la Polyglotte de M. le Gay, pour la mettre sous son nom. […] Il avait honte d’abord de s’avouer Poète, les premières pièces parurent « sous le nom de Desmarets (ce fameux visionnaire), son confident et, pour ainsi dire, son premier Commis dans le département des affaires poétiques ». […] Chapelain ne fut pas si délicat ; il lui prêta son nom pour le Prologue des Tuileries, mauvais morceau de la façon du Cardinal. […] Si ces chefs-d’œuvres paraissaient aujourd’hui, ils seraient froidement accueillis ; le nom du grand Corneille, que la surprise, la nouveauté, l’esprit de rébellion, lui fit si libéralement donner, et que l’habitude lui continue, serait encore à naître.
On donne encore ce nom à toutes les danses que les Egyptiens, les Grecs & les Romains* avaient instituées à l’honneur de leurs Dieux, & qu’on exécutait, ou dans les Temples, comme les Danses des Sacrifices, des Mystères d’Isis, de Cérès &c ; ou dans les Places publiques, comme les Bacchanales ; ou dans les bois, comme les Danses rustiques &c. […] On voit dans les descriptions qui nous restent des trois Temples de Jérusalem, de Garisim ou de Samarie, & d’Alexandrie, qu’une des parties de ces Temples était formée en espèce de Théâtre, auquel les Juifs donnaient le nom de Chœur : cette partie était occupée par le Chant & la Danse, qu’on y exécutait avec la plus grande pompe dans toutes les Fêtes solennelles. […] Ainsi dans toutes les Eglises, on pratiqua un terrein élevé, auquel on donna le nom de Chœur ; c’était un espèce de Théâtre séparé de l’Autel, tel qu’on le voit encore à Rome, dans les Eglises de Saint-Clément & de Saint-Pancrace.
Dans Quintecurse, dans Titelive, dans Tacite, &c. tout n’est pas digne d’Alexandre, de César, d’Auguste, du nom Romain. Tout dans les annales du théatre n’est pas digne des grands noms de Corneille, de Moliere, de Voltaire, de Baron, de Clairon ; c’est le malheur de l’humanité.
Loin de trop présumer de mes forces, en mettant au jour cet abrégé des règles les plus nécessaires au Théâtre, je n’ai cherché qu’à montrer avec quel zèle je saisis les occasions d’être utile ; & combien je serai flatté d’écrire désormais dans un genre qui distingue l’homme de Lettres, & qui lui mérite seul ce nom respectable. L’Histoire, le Théâtre, la Poésie, une sage Critique, sont des occupations dignes de tous les Littérateurs qui veulent illustrer leur nom.
Une seule lettre changée dans un nom devient une Parodie : ainsi Caton parlant de Marcus-Fulvius Nobilior, dont il voulait censurer le caractère inconstant, l’appelait M. […] Mobilior ; & les Soldats de Tibère, pour marquer son penchant au vin, changeaient son nom Tiberius-Nero, & disaient Biberius-Mero. 3.
Despreaux lui-même qui ne sera peut-être pas fâché que je le venge de l’injure qu’on lui fait d’employer son nom et ses vers pour autoriser une chose qu’il a expressément condamnée dans la même page d’où les Vers que je viens de rapporter sont tirés. […] Cela diminue l’étonnement où l’on a été de voir que l’Avocat d’une cause si favorisée n’ose ni dire son nom, ni marquer le lieu où il a fait imprimer son livre.
S’il m’arrive quelquefois de désigner ses Drames sous l’épithète de bouffons, ce n’est pas que je ne sçache qu’on peut m’en montrer plusieurs qui ne la méritent pas ; mais en général c’est le nom qui convient le mieux à ce Spectacle frivole & plaisant, à la manière dont ses Drames sont traités, & au genre qui le caractérise. […] Enfin ceux qui veulent travailler pour le Spectacle de la Nation, auront soin de s’instruire des noms qui conviennent à ses différens Drames.