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76. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Idée des spectacles novveavx. Livre II. — Chapitre IV. Des Feux de-Ioye. » pp. 184-185

Presque toutes les Nations en usent, pour, exprimer une joye causée par un grand Succez : Mais les Européens ont ajoûté à ce simple & naturel témoignage, mile artifices ingenieux dont les sens peuvent estre charmez.

77. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre XV. Application de la doctrine précédente aux danses et aux bals qui se font aujourd’hui. » pp. 94-96

Y a-t-il rien de plus fréquent que ces vains exercices, desquels suivant la raison même naturelle, on ne devrait au moins user que très rarement ?

78. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XXXIII.  » p. 493

N'est-il pas visible que comme l'effet naturel de la Comédie est d'étouffer cette crainte si salutaire; aussi l'effet de cette crainte doit être d'étouffer le désir des divertissements inutiles; et de faire conclure à l'âme qu'elle a bien d'autres choses à penser et à faire dans ce monde, que d'aller à la Comédie : que le temps que Dieu lui donne est trop précieux, pour le perdre malheureusement dans ces vains amusements ?

79. (1675) Traité de la comédie « XXXIII.  » pp. 328-329

N'est-il pas visible que comme l'effet naturel de la Comédie est d'étouffer cette crainte si salutaire, aussi l'effet de cette crainte doit être d'étouffer le désir d'un divertissement si inutile et si profane, et de faire conclure à l'âme qu'elle a bien d'autres choses à penser et à faire dans ce monde, que d'aller à la Comédie ; que le temps que Dieu lui donne est trop précieux, pour le perdre malheureusement dans ces vains amusements.

80. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-neuvieme. — Chapitre V. Autres Mêlanges. » pp. 121-140

Il avoit de la gaieté, du naturel, de la facilité ; il rendoit bien & d’après nature les rôles grossiers de paysan, de gueux, d’ivrogne, de savetier ; il fit la réputation du Théatre de Nicolet. […] Ils sont fort à la mode, on en fait exprès dans ce goût pour satisfaire les prudes, images naturelles du Théatre ; les pieces même décentes ne sont qu’un évantail percé à jour, avec une lorgnette pour voir à travers les choses les plus mauvaises. […] Cette raison est fort naturelle : mais n’est pas du goût du galant Journaliste ; voici la sienne : L’invisibilité des femmes produiroit seule la langueur dont se plaignent les étrangers. […] Mais ordinairement cette Vénus ne brille qu’aux yeux de son Appele  ; & sans doute de son amant & de tout homme de Théatre : car ces portraits sont, comme sur la Scéne, le portrait au naturel des actrices.

81. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

C’est se moquer étrangement que de soutenir qu’il est nécessaire, pour se délasser et se distraire, d’assister à un spectacle de trois heures et de se remplir l’esprit d’extravagances ; ceux qui sentent de semblables besoins doivent considérer cette disposition, non comme l’effet d’une faiblesse naturelle, mais comme un vice de l’habitude, qu’il est instant de corriger en y appliquant le remède d’une occupation sérieuse. […] C’est une peinture si naturelle et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, principalement lorsqu’on se représente qu’il est chaste et fort honnête ; car, plus il paraît innocent aux âmes innocentes, plus elles sont capables d’en être touchées. […] Si nous n’avions pas au dedans de nous des dispositions naturelles de tendresse et de pitié, l’aspect du malheur ne saurait nous émouvoir ; de même, si nous n’avions pas intérieurement des semences actives des passions qui sont mises en jeu sur la scène, si nous n’avions pas les principes d’une corruption intérieure qui se trouve flattée par la représentation des égarements coupables du cœur humain, les plaisirs de la scène nous seraient aussi insignifiants que le serait un tableau pour un aveugle. […] En résumé, nous appelons l’attention du lecteur sur les points suivants, qui sont la conséquence naturelle de ce qu’il vient de lire.

82. (1758) Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres « Lettre à Monsieur Rousseau sur l'effet moral des théâtres, ou sur les moyens de purger les passions, employés par les Poètes dramatiques. » pp. 3-30

Peut-être a-t-il pensé que le fils d’un Pêcheur, élevé par son courage aux premiers emplois de l’Etat, instruit par le malheur à chérir l’humanité, exercé dans son obscurité aux vertus paisibles, et plus satisfait de mériter une couronne, que de la porter, était un personnage plus digne de charmer un Philosophe, que d’occuper un grand Poète : et pour m’expliquer enfin sur ce sujet, sans ambiguïté, ou Corneille n’osant déplaire aux Grands, a pris le parti de les flatter ; ou il n’a pas jugé que ses contemporains fussent assez avancés pour préférer le beau naturel au gigantesque, et la vérité aux fictions : j’abandonnerai donc cette production imparfaite, et avant de chercher de nouveaux exemples qui confirment mon opinion, je vais prévenir vos objections (autant qu’il sera en moi) et combattre les principes que vous avez quelquefois supposés, plutôt qu’établis. […] D’ailleurs, les hommes se montrent quelquefois, au théâtre, dans leur grandeur naturelle ; Sertorius et Pompée n’ont rien de gigantesque, et le siècle précédent vit naître deux Héros que Corneille peut-être avait pris pour ses modèles, « sans se proposer pour objet ce qui n’est point, ni laisser, entre le défaut et l’excès, ce qui est. » S’il est vrai qu’à force de vouloir instruire les spectateurs, on ne les instruit plus ; il faut convenir que toutes les productions de l’esprit auront du moins le même sort, et qu’on doit cesser d’écrire ; et ce n’est certainement pas l’avis de vos lecteurs. […] Quelle école pour des enfants en qui le vice n’a pas encore étouffé tout sentiment naturel ! […] Ce ne sont point les tours que joue le fils au père, qu’on veut faire passer pour honnêtes, ils ne sont que les suites et la punition de l’avarice : il fallait montrer à des avares, pour les corriger, ce que leur vice a de funeste pour eux-mêmes : il fallait qu’ils eussent à se reprocher les fautes mêmes de leurs enfants, dont leur conduite peut et doit corrompre le bon naturel.

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