/ 451
101. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [A] » pp. 297-379

Qu’on n’aille pas leur faire tenir un langage empesé : celui de la nature, de la belle nature, dégagée des préjugés, mais soumise aux bienséances, ne le fut & ne saurait jamais l’être : sur-tout que les mœurs soient exprimées telles qu’elles sont. […] Un Vieillard respectable par les seuls droits de la nature, était Prêtre & Roi de la Peuplade sortie de lui. […] la raison se révolté, s’indigne… Et pour comble d’avilissement, ce ne fut qu’à lui que l’Ame de la Nature entière daigna se communiquer, & parler le langage des hommes. […] Il est des Nations féroces, dont les succès semblent accuser la Providence, & dont l’existence est l’opprobre de la nature. […] la naïveté, l’honnêteté, quelque chose qu’elle doit à la nature plutôt qu’à l’art.

102. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome II « De l’Art du Théâtre. — Chapitre prémier. De la Comédie-Bourgeoise, ou Comique-Larmoyant. » pp. 6-13

La Nature semble nous en faire une loi. […] car encore une fois, il n’est guères dans la nature de rire lorsqu’on est affecté de quelque sentiment de douleur ; & il n’est guères possible de s’attrister vivement quand on a sujet d’être joyeux.

103. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

Vous dites que ces représentations des passions agréables, « et les paroles de passions dont on se sert dans la comédie » ne les excitent qu’indirectement, « par hasard, et par accident, comme vous parlez ; et que ce n’est pas leur nature de les exciter »Pag. 46-47 [« Lettre d’un théologien », page 47]. […] Dites encore, que les discours, qui tendent directement à allumer de telles flammes, qui excitent la jeunesse à aimer comme si elle n’était pas assez insensée, qui lui font envier le sort des oiseaux et des bêtes que rien ne trouble dans leurs passions, et se plaindre de la raison et de la pudeur si importunes et si contraignantes : dites que toutes ces choses et cent autres de cette nature, dont tous les théâtres retentissent, n’excitent les passions que par accident, pendant que tout crie qu’elles sont faites pour les exciter, et que si elles manquent leur coup, les règles de l’art sont frustrées, et les auteurs et les acteurs travaillent en vain.

104. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

Comme la nature nous a faits les uns pour les autres, elle nous a liés par cette sympathie ou communication réciproque de nos passions ; de sorte qu’une personne vicieuse qui nous parle fortement, ne manque point de nous tourner l’esprit et le cœur comme le sien, et par consequent de nous infecter de son venin, à moins que nous nous tenions attachés à la vérité pour n’être pas ébranlés par ses paroles, et que nous n’excitions en nous-mêmes des passions opposées à celles qu’elle nous inspire. […] Outre les raisons que nous en avons apportées, l’on peut encore considérer que ce plaisir est contre la nature des divertissements licites, qui est de fortifier l’esprit en le relâchant, et de le rendre propre à exercer avec plus de vigueur ses fonctions ordinaires, et particulièrement celles où la Religion l’engage.

105. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

La Peinture est une imitation de la Nature, Elle exprime ses plus beaux ouvrages avec autant d’adresse que de bonheur ; et plus puissante que son modèle, qui est assujetti aux saisons, Elle nous fait voir de la neige en Eté, des fleurs en Hiver, des fruits au Printemps, et des bourgeons en Automne. […] On sait bien qu’elle est plus curieuse que solide ; que quand elle demeure dans les termes de la Nature et qu’elle ne consulte que les Astres, elle est ignorante ; que quand elle passe ces bornes, et qu’elle consulte les Démons, elle devient criminelle : De sorte qu’en quelque état qu’on la regarde, elle doit être toujours suspecte au Souverain, et il faut qu’il demeure bien persuadé, qu’il n’y a point d’argent plus mal employé que celui qu’on donne pour la récompense d’un Art qui ne vend que des conjectures ou des mensonges.

106. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre douzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et litteraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 37-67

le Bateux, qu’autant qu’il imite la belle nature, le tableau des saletés humaines, fût-il parfait, est dégoutant pour un bon cœur chrétien ; le tableau des crimes est odieux & révoltant, au lieu d’en rire, il faut pleurer sur le malheur de ses semblables. […] L’acteur Granval, qui a long-tems brillé sur le théatre, & dans la littérature, par des obscénités, double gloire de même nature, s’est enfin retiré. […] C’est le chef-d’œuvre de la nature théatrale, le dernier dégré de perfection ; & certainement le comble de l’aveuglement de l’amour propre : il est fort au dessus de Cominge & d’Euphemie ; qui ne sont que sombres, & Fayel est terrible. […] Cette division simetrique, n’est pas dans la nature ; mais un usage universel en a fait une loi, dont il n’est pas permis de s’écarter. Combien d’autres choses, au spectacle, qui sont aussi peu dans la nature ?

107. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Pour l’éclaircissement de cette vérité, et de plusieurs autres de pareille nature, il faut se souvenir qu’il y a deux sortes de bontés dans les choses d’ici-bas ; l’une qu’on appelle physique ou naturelle, parce qu’elle regarde la nature de chaque chose ; l’autre morale, qui concerne les mœurs et les actions des hommes. […] Ce divertissement est commun, aussi n’est-il pas de l’invention des hommes ; mais il nous vient du secret mouvement de la nature, qui ne buttee qu’à nous unir tous par les devoirs de la société. […] Qui ne saurait volontiers le nom et la nature des simples, leurs qualités occultes, leurs sympathies et leurs antipathies ? […] Proposez-vous deux joueurs qui nouent une partie : Il est de la nature du Jeu que l’un gagne et que l’autre perd. […] Vicomte de Milan se rendit très odieux à tout son Etat pour une vexation de cette même nature : Il avait des chiens à milliers qu’il distribuait par les Villages, où la Chasse lui semblait meilleure, dont ses pauvres sujets étaient extrêmement grevés.

/ 451