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20. (1687) Avis aux RR. PP. jésuites « XIV. » pp. 66-67

Les Muses formeront un chœurb de musique qui lui répondra. […] Or on ne voit pas, mes Pères, comment peuvent revenir à cela, ni des vers chantés à sa louange, ni des Muses qui y répondent en musique, ni Apollon dansant au milieu d’elles . Il faudrait pour y trouver quelque rapport, que la profonde science de votre Héros, se réduisit à bien savoir la musique, à faire des vers, et à bien danser.

21. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre troisiéme. — Chapitre III. But que le Spectacle moderne doit se proposer. » pp. 123-132

Opéra chez les Italiens est ordinairement une pièce en Musique ; c’est aussi une Comédie composée avec soin, & apprise entierement par cœur. […] Sa Musique est vive brillante, enjouée. […] Il résulte de tout ceci qu’Opéra-Bouffon veut dire un Spectacle de choses communes, de pures frivolités ; une éspèce de Drame où l’esprit ne se montre guères, où l’oreille seule est enchantée par les sons de la Musique ; & enfin un lieu dans lequel s’assemblent en foule des Spectateurs plus avides de nouveautès passagères que du sublime & du vrai beau ; & plus curieux d’images basses & populaires que d’un Tableau noble & d’une vaste étendue. »** Quoique St Evremont n’en ait point voulu parler, il semble pourtant le définir assez, tel qu’il parait au prémier coup-d’œil, dans ce qu’il écrit au sujet de l’Opéra Sérieux. « L’Opéra, dit-il, est un assemblage bisare de Musique, où le Poète & le Musicien se gênent l’un & l’autre… L’Opéra occupe plus les yeux que l’esprit… les Opéras sont des sotises magnifiques, chargées de Musique, de machines, de décorations, mais toujours une sotise. » Le Lecteur est maintenant en état d’entendre ce que signifie Opéra-Bouffon.

22. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre prémier. De l’éxcellence du nouveau Théâtre. » pp. 68-93

Je repondrai sans peine à notre malin Critique, à cet homme insensible aux attraits de la Musique & du beau simple. […] Doit-on craindre que la mode de la Musique enjouée, dure aussi peu que celle de la parure, & que la réputation de bien des Auteurs ? […] Le sublime Voltaire, tant applaudi & tant critiqué, fut toujours partisan de la Musique ; malgré tous ses lauriers, il brigua l’honneur de joindre ses talens à ceux de Rameau. […] La Musique seule l’anime, dès qu’il en est dénué, il languit, il tombe, & semble un corps sans ame. […] La Musique attire une si grande foule de curieux, dira-t-on, & non pas la simple envie de contempler des artisans.

23. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [E] » pp. 399-406

La Musique est une belle chose, j’en conviens ; mais nous sommes peu faits pour elle ; & tant mieux : cette grande sensibilité pour de beaux airs, marque un Peuple faible & voluptueux. Autre chose sera si vous accomodez une Musique mâle sur de belles paroles : peut être alors un homme pourrait sans indecence se laisser aller au charme de l’harmonie. […] c’est un crime de lèze-virilité que de les goûter : une pareille Musique est la corruption des mœurs : c’est elle qui remplit la tête de nos femmes de falaises, & qui fait qu’elles sont disposées à tout, hors à être femmes de bien. Si je veux entendre de beaux sons vides de sens, supérieurs à la Musique Italienne & Française, plus expressifs que les modes Phrygien, Dorien, Ionien, Mixo-Lydien, Hypo-Eolien, &c. […] Quoique la première de ces deux Pièces soit assez vide, & que la seconde fourmille d’invraisemblances, l’honnêteté qui y règne, la belle Musique, le Jeu d’un excellent Acteur, & le chant des autres, en ont assuré le succès.

24. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE II. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Grecs. » pp. 17-48

Ainsi tomberent les murailles de cette Ville, si amoureuse de la Musique. […] La corruption des mœurs d’Athenes, si l’on en croit les Philosophes de cette Ville, fut causée par celle de la Musique, à laquelle le Théâtre avoit fait perdre son ancienne simplicité. […] Dans le traité de Plutarque sur la Musique, on trouve le fragment d’une Comédie, où la Musique toute déchirée de coups, répondant à celui qui lui demande quels ont été ses bourreaux, en nomme plusieurs. […] Toucher aux loix de la Musique, selon lui, c’est toucher à celles du Gouvernement. […] Tout dégéneroit, Poësie, Eloquence, Musique, & même Déclamation.

25. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre second. — Chapitre III. Recherches nécessaires pour s’éclaircir si les Anciens ont connus l’Opéra-Bouffon. » pp. 101-108

Le Spectacle-Satyrique, rempli d’une Musique vive, enjouée, achéve de nous assurer que notre Opéra ne fut point ignoré des Anciens. Les Mimes ont aussi beaucoup de rapport avec lui ; c’étaient de petits Poémes éxtrêmement gais, dont l’action peu importante marchait très rapidement ; ils étaient mêlés de Musique, comme les Drames ordinaires. […] Nous avons lieu de soupçonner que la Musique & l’Opéra-Bouffon eurent en Grece un brillant succès. […] Or, cette Musique avait quelque chose de burlesque, donc elle est une preuve que l’Opéra-Bouffon avait déja pris naissance.

26. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE XII. De la Déclamation Théatrale des Anciens. » pp. 336-381

Sur cette Question aussi bien que sur la Musique des Anciens, on peut r’assembler un grand nombre de passages de leurs Ecrits, sans être plus instruit, 1°.  […] Après un Spectacle tout en Musique, quelque Tragique qu’en ait été le Sujet, après un Opéra, a-t-on besoin d’un pareil reméde ? […] Les Romains qui n’eurent jamais pour la Musique la même Passion que les Grecs, eurent enfin comme eux, une grande attention à l’harmonie de leur Langue. […] Le Choricum étoit la Musique du Chœur, qui commençoit avant la Piéce, par une ouverture. […] La Musique faite pour une Piéce, portoit le nom de la Piéce, ainsi que la Danse de cette Piéce, la Musique & la Danse étant faites pour cette Piéce.

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