Il le changea encore à la mort de Molière, & l’établit dans la salle du Palais-Royal, où il est resté jusqu’à l’incendie de 1763, qui contraignit les Directeurs de chercher une nouvelle salle. […] Alcide descend aux Enfers, combat les Démons ; arrache Alceste du séjour de la mort, la ramène sur la terre, & la cède à son époux : est-il croyable que tant d’événemens se soient passés dans vingt-quatre heures ?
grand Docteur exhorte les Chrétiens à ne pas aller à la Comédie ; parce, dit-il, qu’elles sont capables de souiller la pureté de leurs âmes ; et que cette parole de l’Ecriture s’accomplit d’ordinaire dans ceux qui y vont : « la mort entre par les fenêtres » ; c’est-à-dire, le péché entre dans leurs âmes, par leurs yeux et par leurs oreilles. […] Ainsi qu’un homme dise tant qu’il lui plaira qu’il ne veut pas se noyer en se précipitant dans un abîme, ou qu’il ne prétend pas se brûler, en se jetant dans un grand feu, il ne laisse pas néanmoins de se noyer effectivement et de se brûler ; et par conséquent il se rend coupable de sa mort.
Il fallait vous adresser à Monsieur Bonnenfan qui est mort depuis peu de temps dans l’humiliation et dans la pénitence qu’il avait embrassée et pratiquée depuis plusieurs années qu’il avait abandonné la Comédie, après avoir été contemporain de Molière, et avoir excellé dans le sérieux et dans les grands rôles, autant que Molière dans le Comique. […] Qu'un Gentilhomme porte l’épée tant qu’il voudra, pourvu qu’il ne s’en serve jamais hors des actions militaires pour tuer personne, quand il arrivera par hasard qu’en se défendant il donnera la mort à celui qui l’aura attaqué, il faudra qu’il gémisse devant Dieu d’avoir trempé les mains, quoique innocemment, ou malgré lui dans le sang de son frère, et qu’il demande grâce et à Dieu et aux hommes. […] Ou enfin les gens dont vous pourriez parler, ne ressentent pas encore l’effet de ce venin, qui est d’autant plus dangereux qu’il est imperceptible, et ne se fait sentir que quand il veut donner la mort. […] Tout ce qui se passa à la mort de Molière, suffit pour vous en convaincre, et la sépulture de Rosimond, dont on a dans le monde l’idée plus fraiche, ne vous perrnet pas d’en douter. Comme la mort de ces deux Comédiens avait été semblable presque dans toutes les circonstances, leur enterrement ne fut pas beaucoup différent ; et quelques instances que pût faire toute la Troupe Comique, quelques mouvements qu’elle se donnât, elle ne put jamais engager Monseigneur de Paris à faire enterrer les Comédiens, que d’une manière qui répondît à l’indignité de leur profession, quoique l’on dît que Molière avait demandé un Confesseur avant de mourir, ce qui était un signe qu’il voulait renoncer à sa profession : tous ceux qui meurent encore sans avoir renoncé, doivent s’attendre à pareil traitement.
L’Eglise explique les mystères de la Réligon à la faveur de ces pieuses images, à la portée des simples ; la séduction dévoile les mystères de l’impureté, aux yeux de l’innocence qui les ignore, & en rappelle l’idée à l’imagination lubrique qui s’en repaît ; c’est l’école du vice & l’école de la vertu : le zèle excite à la vertu par la vue des couronnes célestes que les Saints ont obtenus, il éloigne du péché par le tableau de la mort, du jugement, de l’enfer préparés aux pécheurs ; & le démon par les jeux, les ris, les graces, les délices, le bonheur des amans, dans les bras de la volupté, réveille les goûts, anime l’espérance, écarte les remords, enivre de plaisirs ; c’est le Prêtre de Paphos, & le Ministre de l’Eglise.
Le Père Bernard, appelé le pauvre Prêtre, mort à Paris en odeur de sainteté, le 23 mars 1641, avait singulièrement le talent des Comédiens, de contrefaire tout le monde.
Ne les avons-nous pas vues s’intéresser à La Mort de César, et verser des larmes à Mérope n ? […] [NDE] Mérope (repr. 1743, publ. 1744) et La Mort de César (1735) sont deux tragédies de Voltaire.
A l’égard des personnes qui ne sont pas obligées de savoir le genie des Langues mortes, & de les confronter avec la nôtre, je les supplie de n’imputer qu’au Traducteur, ou à la difficulté de la traduction, ce qui pourroit leur paroître repréhensible. […] Si des exemples attachés à des Lettres mortes, confiés à des dépositaires inanimés, ont toutefois une sorte d’ame, un reste de leur antique chaleur ; quelle sera leur force & leur vie lorsqu’ils renaîtront dans l’action, qu’ils seront vivifiés par le feu du mouvement, qu’ils parleront eux mêmes, au cœur, à l’oreille, à l’œil, avec toute la grandeur des sentimens, avec tous les charmes de la voix, avec toute l’éloquence du geste ? […] Tourmens cruels, morts effroyables, vous paroissez avec toutes vos horreurs.