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72. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE II. Réflexions sur le titre de l’ouvrage intitulé : Des Comédiens et du Clergé, et sur les charlataneries littéraires, politiques et religieuses. » pp. 52-86

Il en est qui n’ont pas honte d’employer les expressions les plus respectables et les plus sacrées, pour abuser de la confiance des hommes faibles et de ceux qui par nonchalance, sont indifférents au mal comme au bien, de ceux enfin, qu’une fatale nécessité condamne au joug avilissant de la morale des intérêts. […] On admire cette puissance éclairée, qui, depuis qu’elle s’est déclarée la protectrice des gouvernements opprimés et des peuples tyrannisés et massacrés, surpasse de bien loin tous les gouvernements de l’Europe dans l’art de gouverner, et principalement sous les rapports de la saine morale politique. […] C’est donc au gouvernement anglais qui, tous les jours, déploie de plus en plus les principes d’une politique sage, éclairée et morale, qu’était réservée la noble mission d’enchaîner à Lisbonne la rébellion, le monachisme et le jésuitisme. […] Ces ministres enfin, auxquels il est défendu d’avoir une conscience particulière, hurlent d’effroi d’être contraints, mais bien malgré eux, d’introduire trop souvent dans leurs opérations gouvernementales, une infâme morale astucieuse et machiavélique. […] Ce n’est pas le zèle de la morale chrétienne ni de la charité évangélique, qui inspire tant de rigueurs à cet apôtre du jésuitisme, car il voudrait comme un autre Mahomet, protéger et propager par le fer et par le feu, les pratiques du culte divin.

73. (1846) Histoire pittoresque des passions « RELIGION » pp. 158-163

Dès qu’on s’écarte des bornes de la sainte morale pour suivre des exercices qui n’en sont ordinairement que les signes, on hâte les graves progrès du fanatisme, qui dévore le cœur d’une ardeur sacrilège, et nous mène au crime ; on néglige insensiblement la raison pour embrasser la cause, et on ne recherche plus l’exercice de la sainte vertu qui nous porte à faire le bien, pour s’appliquer à fuir les moyens qui peuvent nous conduire au vice ; devenant ainsi inutile à la société et à soi-même, et ressemblant parfaitement à ces hommes que Le Dante, dans ses chants, nous peint indignes du paradis, parce qu’ils n’ont rien fait pour le mériter, et que l’enfer même refuse d’admettre parmi les siens, parce qu’il n’aurait aucune gloire de les posséder. […] Voila les hommes qui trouvent la religion en dehors de la morale, ou qui soumettent celle-ci aux caprices de la première pour la tourner à leur avantage.

74. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre VIII. Assertions du Théâtre sur le tyrannicide. » pp. 130-174

Voici encore de la bonne morale, bien propre à faire respecter les Rois. […] un élève de Port-Royal débiterait-il la mauvaise morale que le grand Arnaud, le grand Pascal, le grand Nicole, ont tant reprochée aux Jésuites ? […] Qu’eussent dit les Provinciales, si Escobar et Tambourin avaient si bien exprimé une morale si meurtrière ? […] Les faveurs singulières et uniques de la Cour, l’ivresse du public, les éloges sans nombre, ne sont dus qu’à la morale qu’on y débite. […] [NDE] La Théologie morale du premier, augmentée par Lacroix, défend la tyrannicide.

75. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

L’Apôtre d’une morale opposée au génie, au caractère, au gouvernement d’une nation, en est communément ou le jouet, ou le martyr. […] Si cette morale est saine et pure, elle n’est donc pas infructueuse ? […] Hé bien, ce qu’annoncerait l’Orateur, le Poète n’a fait que le peindre, et la comédie de Molière n’est autre chose que cette morale en action. […] Chez les Grecs, la tragédie était une leçon politique : chez nous, elle est une leçon morale, et ne peut ni ne doit avoir rapport à l’administration de l’état. […]  » Ovide et Quinaut ne disaient pas mieux, et le Théâtre n’eut jamais de plus indulgente morale.

76. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Ce ne sont donc pas des impies & des mondains décidés que je veux convaincre aujourd’hui du danger des spectacles profanes : nous n’avons point de principes communs d’où nous puissions partir ; & avant de les instruire sur ce point de la morale Chrétienne, il faudroit les ramener aux premiers élémens de la religion. […] quelle opposition entre la morale de l’Evangile & celle du théâtre ! […] Jusqu’ici, mes Frères, je n’ai considéré le théâtre que du côté de sa morale & de ses maximes, & je crois avoir suffisamment prouvé que sous ce point de vue, il mérite plus que jamais les anathêmes de l’Eglise & l’horreur des véritables Chrétiens. […] rend-elle la morale du théâtre plus pure & plus conforme à celle de Jésus-Christ ? […] Mon esprit y trouve un délassement aussi honnête que nécessaire ; & mon cœur n’y voit point le poison qu’une morale trop sévère croit y appercevoir.

77. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Le Mercure va plus loin, il fait l’éloge de sa sagesse & de sa morale. […] Les idées de la morale la plus pure (la plus licencieuse) font sur elles une impression d’autant plus profonde, que l’instruction ne se présente que sous la forme du plaisir (c’est son poison). […] tout cela peut former des mœurs pures, & enseigner une morale évangélique. […] Collet tient la même doctrine dans sa Morale (tom. […] Plaute, Térence, Sénèque, qui nous restent, n’approchent pas du théatre de la Foire, Moliere, Poisson, Dancourt, Vadé, Collet, &c. encore n’avoit-on pas le spectacle, la musique, la morale lubrique de l’opéra, peut-être plus dangereuse que les grossieretés payennes.

78. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE I. De l’Amour. » pp. 4-29

Si les Dames ne veulent pas s’en rapporter à la morale & à l’exemple d’une Muse qui fait honneur à leur sexe, du moins ne récuseront-elles pas à titre de sévérité leur bon ami le tendre Ovide. […] Combien d’autres dangers pour la pureté, que la saine morale oblige de fuir avec le plus grand soin, sont ici rassemblés pour être l’appui du théatre ! […] Pour un trait de morale froidement débité par quelque Acteur subalterne, souvent ridicule, quelle liberté de tout dire ! […] Que penser de cette morale & de cette raison de tolérance ! […] la sensibilité fait excuser, mais ne permet pas), elle fut les faire pardonner par la constance de son attachement (quelle morale !

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