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71. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

On ne lui feroit pas un crime de cette ignorance, s’il ne se donnoit pour érudit en une science qui n’est point sa partie : On voit bien que c’est la tentation d’Erostrate qui l’a poussé dans la lice, il a voulu se faire une réputation, en essayant la défense d’une cause tant de fois manquée ; je ne crois pas qu’il réussisse, au moins par cette voie. […] Concile d’Arles que l’Apologiste ne manque pas de traiter avec un souverain mépris, sous le prétexte qui lui est suggeré par l’irrésolution du Pere Hardouin, touchant la canonicité de ce Concile : le Moine Gratien est le seul qui soit favorable, & ce Compilateur n’est nullement digne de foi, pour avoir inséré dans son Livre une lettre de Constantin, où cet Empereur mandoit aux Evêques de juger le différend survenu entr’eux, touchant les affaires du Schisme, sa puissance étant bornée aux contestations temporelles : ainsi raisonne le sieur de la M… Ceux qui connoissent les regles de la critique, en trouveront-ils le moindre vestige dans sa censure ? […] Cet aveu que je fais ici, à l’occasion de l’appel comme d’abus, ne donne au sieur de la M… aucun avantage sur moi : le Parlement est bien éloigné de s’inscrire en faux contre l’Excommunication des Comédiens, & dans la supposition que ceux-ci portassent leurs plaintes en cette auguste & religieuse Cour, on leur produiroit une multitude d’Arrêts qu’elle a prononcées dans tous les tems contre la Comédie ; ils sont d’accord avec le Code Théodosien, qui défend à quiconque, étant pressé par la maladie, a renoncé au Théâtre, pour se reconcilier avec l’Église, & recevoir les derniers Sacremens, s’ils recouvrent la santé, de reprendre la profession qu’il a quittée, & de manquer à d’aussi saints engagemens.

72. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Mais les cœurs des hommes sont si pervertis et si rebelles, qu'ils s'imaginent que le monde est dans une pleine félicité, lors que ceux qui l'habitent ne pensent qu'à orner et à embellir leurs maisons, et qu'ils ne prennent pas garde à la ruine de leurs âmes : qu'on bâtit des Théâtres magnifiques, et qu'on détruit les fondements des vertus : qu'on donne des louanges et des applaudissements à la fureur des Gladiateurs, et qu'on se moque des œuvres de miséricorde; lors que l'abondance des riches entretient la débauche des Comédiens, et que les pauvres manquent de ce qui leur est nécessaire pour l'entretien de leur vie ; lors que les impies décrient par leurs blasphèmes la doctrine de Dieu, qui par la voix de ses Prédicateurs crie contre cette infamie publique, pendant qu'on recherche de faux Dieux à l'honneur desquels on célèbre ces Spectacles du Théâtre, qui déshonorent et corrompent le corps et l'âme. […] Nous ne voulons point qu'il en manque. […] Bien que cette vérité ne manque point de preuves, je dirai néanmoins une chose qui la rendra visible à tout le monde.

73. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Bourdelot, son Médecin, homme d’esprit, mais grand pyrrhonien, la jeta dans le goût des comédies, et la dégoûta des affaires et des sciences. » Cette Reine étant venue en France, ne manqua pas d’aller à la comédie, et s’y tint fort indécemment. Les Jésuites ne manquèrent pas non plus, selon leur louable coutume, de la régaler d’une tragédie de leur façon. […] S’il y paraît un homme raisonnable, qui fasse entendre quelque discours de religion et de vertu, sa voix est étouffée par la foule des autres, il ne manque pas d’être combattu et tourné en ridicule.

74. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — [Première partie.] — Quatorzième Lettre. De madame D’Alzan. » pp. 260-274

… Que me manque-t-il à présent ? […] La conduite qu’elle tint fut aussi sage qu’extraordinaire ; elle résolut de se donner ce qui lui manquait.

75. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Socrate ne manquait jamais d’y assister, quand il en donnait de nouvelles : il est tendre, touchant, vraiment tragique, quoique moins élevé & moins vigoureux que Sophocle : il ne fut cependant couronné que cinq fois : mais l’exemple du Poète Ménandre, à qui l’on préféra sans cesse un certain Philémon, prouve que ce n’était pas toujours la justice qui distribuait les couronnes. […] Ce qui lui manque, c’est le choix.

76. (1759) Apologie du théâtre « Apologie du théâtre » pp. 141-238

Molière aurait donc bien manqué son coup, s’il eût voulu rendre la vertu ridicule. […] Est-ce l’exercice et l’étude qui leur manquent ? […] Voilà ce qui manque à nos mœurs, ce qui serait à souhaiter que pût nous donner le théâtre ; et ce n’est pas à nous à craindre que la faible illusion qu’il nous cause ne se change en égarement. […] Il supplée par la peinture des affections honnêtes, vertueuses, et par là même intéressantes, à ce qui manque à l’éducation du côté des exemples et des leçons domestiques. […] Racine me charme ; et je n’ai jamais manqué volontairement une représentation de Molière.

77. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XVII. Du gouvernement & de la Police intérieure du Théâtre. » pp. 12-18

S’ils se trompent quelquefois à cet égard, cela ne prouve pas qu’ils n’ayent pas joué en travaillant ; mais seulement qui ont manqué de goût, ou s’en sont laissé imposer par la prévention.

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