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77. (1705) Traité de la police « Chapitre premier. Des Spectacles anciens, leur origine, leur division, leurs dérèglements, et les Lois qui ont été faites pour les réformer. » pp. 434-435

Cette manière de dire les vérités était assez du goût du peuple, et n’était pas désagréable à la plus grande partie des personnes de qualité. […] Ceux-ci exerçaient leur art de quatre différentes manières. […] Honorius et Arcadius importunés par le Peuple en ordonnèrent le rétablissement, par une Loi du vingt-quatre Avril 396. mais à « condition de n’y rien représenter qui put blesser la pudeur, ou qui fut en quelque autre manière contre les bonnes mœurs. » LeL. 2.

78. (1759) Lettre de M. d'Alembert à M. J. J. Rousseau « Chapitre » pp. 63-156

On ne craindrait point de s’avilir en y répondant ; on ne songerait qu’à s’éclairer avec une candeur et une estime réciproque ; la vérité serait connue, et personne ne serait offensé ; car c’est moins la vérité qui blesse, que la manière de la dire. […] Tout spectateur sensible, je l’avoue, sort de cette Tragédie le cœur affligé, partageant en quelque manière le sacrifice qui coûte si cher à Titus, et le désespoir de Bérénice abandonnée. […] Et quelle manière plus efficace d’attaquer nos ridicules, que de nous montrer qu’ils rendent les autres méchants à nos dépens ? […] Vous semblez m’accuser presque uniquement d’imprudence à leur égard ; vous me reprochez de ne les avoir point loués à leur manière, mais à la mienne, et vous marquez d’ailleurs assez d’indifférence sur ce Socinianisme dont ils craignent tant d’être soupçonnés. Permettez-moi de douter que cette manière de plaider leur cause les satisfasse.

79. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « IV. S’il est vrai que la représentation des passions agréables ne les excite que par accident.  » pp. 10-18

, et qu’aussi vive à sa manière que la comédie, elle veut intéresser son lecteur dans les actions bonnes et mauvaises qu’elle représente. Quelle erreur de ne savoir pas distinguer entre l’art de représenter les mauvaises actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre les passions agréables d’une manière qui en fasse goûter le plaisir ?

80. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

b Je prendrai, Madame, la liberté d’appeler de votre critique, quelque respect que j’aie d’ailleurs pour vos sentiments ; mais ce sera en la manière qu’on appelle quelquefois des sentences qu’on ne trouve pas assez rigoureuses. […] Il s’ensuit de là qu’il faut représenter d’une autre manière l’orgueil devenu extérieur par la parole, et l’orgueil qui demeure dans le cœur.

81. (1819) La Criticomanie, (scénique), dernière cause de la décadence de la religion et des mœurs. Tome II « La criticomanie. » pp. 1-104

L’effet de cette comédie ne se borne pas à engager les femmes à se moquer de la morale pour punir leurs vieux maris et autres ; elle encourage également les maris à punir de la même manière leurs vieilles épouses ; ce qu’ils ont fait et font, comme chacun sait, avec les gradations et toute l’extension dont je viens de montrer que la leçon fut susceptible. Il y a plus encore ; c’est qu’en voulant contribuer de cette manière au plus grand bonheur des jeunes femmes, l’auteur les a rendues infiniment plus malheureuses qu’elles ne l’étaient auparavant, et en augmentant beaucoup les désordres. […] Si on y supportait des fadaises, des petits raffinements de vanité, quelques manières ou des phrases de mauvais goût, l’homme pervers y était en horreur ; on y frappait d’anathème les cœurs corrompus. […] Le bon goût aurait pu attendre l’influence de la belle institution de l’Académie Française, qui devait faire disparaître les équivoques, les obscurités du langage, naturellement et sans inconvénient, de la manière que le soleil dissipe les ombres. […] Tournez-les aussi en ridicule, corrigez-les à votre manière, vous verrez bientôt le nombre des égoïstes grossir et la bienfaisance s’endormir ; elle n’y est déjà que trop disposée.

82. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Moliere. » pp. 4-28

Il le sera d’une maniere plus glorieuse par le jugement authentique qui lui assure les plus flatteuses louanges. A sa reception le Directeur seul, pour répondre à son discours, lui eût fait quelque compliment de stile ; ici c’est la nation entiere, & même les étrangers, que l’Académie invite de la maniere la plus engageante à faire de toutes parts retentir leurs acclamations. […] Le programme parle ainsi : Il faut bien développer le caractère de son génie poëtique & tragique, ainsi que l’influence qu’il a eue sur notre Théatre, sur notre poësie en général, peut-être sur nos mœurs (si cela est, il ne les a certainement pas réformées), & sur notre maniere de penser, enfin sur l’esprit qui a regné dans le beau siecle de Louis XIV, sur les hommes supérieurs même dans les genres de pur agrément. […] On voit par la maniere dont il a confondu les choses, qu’il est un franc novice dans la dévotion, dont il ne connoît peut-être que le nom. […] C’est quelque chose ; mais la gaze légère, la politesse fine & délicate, qui laisse entrevoir d’une maniere plus piquante ce qu’il faudroit cacher absolument, est-ce de la décence, & le crime ainsi assaisonné n’en est-il pas bien plus agréable & plus dangereux ?

83. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE III. Des Comédies de ce temps, si elles sont moins mauvaises et moins condamnables que celles du temps passé. » pp. 55-81

En effet, supposé que les Pièces qu’on joue présentement ne soient pas à beaucoup près si infâmes, que l’étaient celles du temps passé ; supposé que les expressions en soient honnêtes ; que les Acteurs en soient sages, retenus et circonspects dans tous leurs gestes et leurs postures ; la manière de traiter les passions, et de tâcher de les allumer dans le cœur des Spectateurs, n’est-elle pas toujours la même ? […] la manière qu’on joue à présent les Comédies dans Paris, elles sont sages, modestes et bonnes. » M. […] « Je suis obligé d’avouer, que des Pièces qu’on imprime après qu’on les a jouées, il ne m’en ait jamais tombé aucune sous les mains, où j’aie trouvé rien qui put en quelque manière blesser le Christianisme, ou la pureté des mœurs. » §.  […] Dorine y parle aussi d’une manière qui passe les bornes de la bienséance et de la pudeur. […] L’Auteur de la Lettre dira-t-il après cela, lui qui dit avoir lu toutes les pieces qui ont été imprimées : « Qu’il n’y a rien trouvé d’indécent qui puisse en aucune manière blesser le Christianisme, ou la pureté des mœurs. » §. 

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