Ce n’est pas le seul mal qu’il cause ; combien d’autres désordres il fait dans ses amateurs ! […] Parmi ces désordres il met la tolérance du théatre, comme l’un des plus grands maux de la société. […] Il faut pour la maladie ou la guérison du corps un certain temps ; mais la volonté fait dans un instant le bien ou le mal. […] sont-ils donc trop forts pour peindre un lieu détestable, rempli de mille maux, la vraie fournaise de Babilone ? […] La loi du Seigneur est expresse ; le mal est grand, le châtiment est éternel & inévitable.
Et quel mal pourraient nous faire nos ennemis jurés, quel mal plus grand, que celui de corrompre nos femmes & nos enfans ? […] , c’est pour prévenir un plus grand mal, qu’on permet un petit mal. Un petit mal ! &, quel plus grand mal, que là dépravation des mœurs ? […] S’ils sont un mal, comme ce mal est devenu nécessaire, il ne s’agit plus que d’en tirer le meilleur parti possible.
Mais à cela est aisé de répondre, Premièrement, qu’un mal n’excuse pas l’autre, qu’un plus grand, n’ensevelit pas le moindre ; et que où il est question de deux maux, desquels on doit éviter le plus grand, pour souffrir le plus petit, cela ne s’entend pas des péchés, mais des peines : Car il faut fuir toute occasion de mal faire, publique et particulière. […] Davantage, tous les autres maux souillent ceux qui les font, non ceux qui les voient, ou les oient. […] Nous ajoutons continuellement et sans cesse maux sur maux, et accumulons péchés sur péchés ; et après que la plus grande partie de nous est périe, nous faisons encore ce qu’il faut faire pour périr tous. […] Et quel mal est ceci (ô méchanceté !) […] Comprendre : il est obligatoire de rendre le bien pour le mal.
Mais il est certain qu’elle cause une infinité de maux, l’immodestie, la fornication, toute sorte d’incontinence. […] Mais, dites-vous, quel mal y a-t-il à voir courir des chevaux ? […] N’est-ce pas un assez grand mal ? […] Tout cela, dites-vous, n’est qu’une fiction Mais il fait bien des adultères réels, & ruine bien des familles ; & pour comble d’affliction, un si grand mal ne passe pas même pour un mal ; on favorise l’adultère, on en rit, on y applaudit. […] Si l’adultère est un mal, la représentation est sans doute un mal aussi : Si adulterium est malum, malum est sine dubio ejus imitatio.
Ne peut-on représenter à Londres une Tragédie sans y mal parler des François ? […] Vous vouliez absolument dire du mal de la Comédie, vous vous êtes satisfait. […] Les méchans feroient du mal à tout le monde, et; les bons ne feroient de bien à personne. […] Le préjugé désavantageux qu’on a conçu des Comédiennes, est donc la premiere source du mal. […] » Est-il donc nécessaire qu’une femme dise du mal si elle n’en fait pas ?
La subtile contagion d’un mal dangereux ne demande pas toujours un objet grossier ; l’idée du mariage qu’on met dans ces héros et ces héroïnes amoureuses ne corrige pas, et ne ralentit pas la flamme secrète d’un cœur disposé à aimer. […] C’est un mal, dit saint Augustin, dont l’impureté use mal, dont le mariage use bien, et dont la virginité et la continence font mieux de n’user point du tout. […] Le mal qu’on reproche aux théâtres n’est pas seulement d’inspirer des passions trop tendres, qu’on satisfait ensuite aux dépens de la vertu ; les douces émotions qu’on y ressent n’ont pas elles-mêmes un objet déterminé, mais en font naître le besoin. […] Les semences du mal, qui y sont répandues, pénètrent jusque dans le fond de l’âme, et trouvent le moyen d’y germer et d’y fructifier quelquefois lentement, mais presque toujours sûrement. […] comment celui qui aime son mal, qui ne cherche pas à s’en délivrer, pourrait-il désirer le médecin ?
Mais c’est une consolation bien misérable, puisqu’elle va, non pas à guérir le mal, mais à le cacher simplement pour un peu de temps ; et qu’en le cachant, elle fait qu’on ne pense pas à le guérir véritablement. Ainsi, par un étrange renversement de la nature de l’homme, il se trouve que l’ennui, qui est son mal le plus sensible, est, en quelque sorte, son plus grand bien, parce qu’il peut contribuer, plus que toutes choses, à lui faire chercher sa véritable guérison, et que le divertissement, qu’il regarde comme son plus grand bien, est en effet son plus grand mal, parce qu’il l’éloigne, plus que toutes choses, de chercher le remède à ses maux. […] Maintenant, je le demande, que devons-nous penser d’un acte qui a pour but d’encourager le mal, soit par notre approbation, soit par notre bourse, soit par notre présence ? […] Abstenez-vous de toute apparence du mal ! […] Ce n’est qu’en évitant la tentation que nous pouvons éviter le mal, et, dans ce but, nous devons, chaque jour, prier l’Eternel de nous prêter le secours de sa grâce pour vaincre ce formidable ennemi.