Ces effets tiennent du prodige ; cependant ne seroit-on pas dépourvu de sens, si, l’encensoir à la main, on rendoit de vives actions de grace à cette machine, à cet amas de bois, de fer, de terre & de pierre ? […] Le Théatre doit verser le sel à pleines mains. […] Dans ses mains, toutes les expressions font image.
Dieu se se joua de tous ces projets ; Elisabeth survécut à Marie, monta sur le trône, refusa la main de Philippe, & détruisit la religion catholique. […] Elle en a refusé jusqu’à vingt-quatre ; ce seroit une pièce bien ennuyeuse si l’on faisoit paroître sur la scène ces vingt-quatre amans, les uns sérieux & tragiques, les autres comiques & divertissant ; plusieurs ne seroient que pour le remplissage, & joueroient un fort petit rôle, mais traités séparément par une main habile, on en feroit plusieurs pièces. […] Cette Princesse se faisoit représenter un globe à la main comme l’Empereur, comme pour dire qu’elle gouverne le monde ; on le voit dans toutes les estampes. […] Leicester aimoit ailleurs, & un mari de la main d’Elisabeth étoit trop justement suspect à Marie pour l’accepter. […] Mais sous le règne d’Elisabeth, l’Angleterre étoit un théatre, où elle jouoit tour à tour dés tragédies, des comédies, des farces de toute espèce ; le parterre battoit des mains.
Au fils de Racine, comme à celui de Virgile, on leur criera d’une commune voix, sur tout s’ils ont hérité des talens paternels : Embouchez la trompette, & qu’elle retentisse dans vos mains des noms glorieux que vous portez. […] D’autres pourroient être corrigées par des mains habiles. […] Ma sœur du fil fatal eût armé votre main. […] Au cinquieme Acte, & c’est où j’en voulois venir, Rodrigue entre inopinément chez sa Maîtresse, qui a promis sa main au vainqueur de son Amant. […] C’est un choc continuel d’antithèses ; le supplice & le combat, la mort & la vie, le cœur & le bras, la main de Chimène & celle de Sanche.
Mais elles échappent à la mémoire des hommes, dont la plupart ne sortent jamais du cercle tracé par la main des plaisirs ou celle de la frivolité. […] Faut-il s’étonner, si dans l’oubli des principes religieux, tant d’infortunés fatigués de l’éclat du jour, portent sur eux-mêmes une main barbare et dénaturée ! […] et qui peut résister à celui qui tient dans sa main le destin des empires ? […] L’église en m’imprimant un signe ineffaçable, Défendit en nos mains le sang le plus coupable. […] Ceux qui n’ont point ce fonds, imposent un tribut à leurs mains.
Un Mutius Scévola, qui ayant manqué à frapper un Roi, eût été cruellement meurtri, s’il n’eût laissé brûler sa main ; Et combien y en a-t-il parmi nous, qui sans donner aucune marque de crainte, ont vu brûler tous leurs membres pouvant se délivrer d’une parole ? […] Nous ne prenons point de couronnes qui se sèchent, mais nous en apportons avec nous faites de fleurs immortelles que la libérale main de Dieu nous a données.
Thalie se moque de sa frayeur, Sofie lui demande si elle croit que les coups de la main d’un Dieu font horreur, & que l’adultere est glorieux au mari, quand un Dieu est son rival : (morale de l’Amphitrion.) […] Les Princes-mêmes, qui sont des Reines, en épousant leurs maîtresses, leur disent galammant, je tiens de votre main. […] Le Maréchal de Villars & le Maréchal de Saxe ont été aussi couronnés à la comédie ; mais après de véritables victoires : la couronne après des defaites, eût été une insulte ; ils l’ont été non par un acteur, mais de la main des graces, la premiere actrice, la reine des cœurs, qui monta à leur loge pour la leur offrir, ils étoient trop galans pour réfuser une couronne de la main des graces ; mais ils rendirent la couronne le lendemain, par un présent considérable, qu’ils envoyerent à l’actrice. […] Ces couronnes théatrales, qui n’avoient été jusqu’ici accordées qu’aux fameux guerriers, sont un reste de l’ancienne Chevalerie, & des Tournois ; où le Chevalier vainqueur recevoit la couronne par le jugement des arbitres, & de la main de sa maîtresse. […] Il n’avoit signé que la derniere page, & il est très possible, en décousant les cayers, d’insérer d’autres feuilles écrites de la même main.
Il fut frappé en Angleterre, une médaille contre Innocent X, qu’on accusoit de trop écouter Dona Olympia, sa belle-sœur ; d’un côté on voyoit le portrait de cette Dame, coëffée à l’ordinaire, ayant la thiare en tête, & les clefs de Saint Pierre à la main, de l’autre, le portrait du Pape, ayant les cheveux frisés, poudrés, tressés comme une femme, tenant d’une main un fuseau, & de l’autre une quenouille, & dans l’exergue, nouvel Hercule. Sur ce plan on fit une estampe sur un Prélat François, qui passoit pour aimer une actrice, & l’écouter un peu trop ; d’un côté on voyoit l’actrice magnifiquement & peu modestement parée, à l’ordinaire, ayant la croix pectorale, la mitre en tête, la crosse à la main, & donnant la bénédiction. […] La ville de Milan offensoit grandement Dieu dans ces jours, elle étoit livrée habituellement à la débauche, & on eût dit que ce qui étoit péché mortel les autres jours, ne fut pas péché véniel ces jours là, & les Milanois élargissoient tellement la main aux deshonnêtetés, mascarades, comédies, spectacles vains & lascifs : qu’il y avoit à pleurer à chaudes larmes. […] Il n’y eut jamais d’Imprimeur à Figeac, il falut écrire ; mais malgré le soin qu’on prit de déguiser l’écriture, on crut connoître la main, peu exercée, qui avoit tracé ces caractères. La découverte ne fut pas difficile à faire, à peine y a-t-il vingt personnes qui sachent écrire ; on dépista bientôt la jeune main qui s’étoit prêtée.