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18. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE III. L’Esprit de Moliere. » pp. 72-106

Il savoit de longue main les propos des halles de Paris & des provinces, dont il avoit fréquenté les puristes. L’Auteur de sa vie nous dit qu’il en avoit fait une ample provision dans un grand recueil écrit de sa main, où il puisoit dans le besoin. […] Le plus stupide trouve alors de jolies choses ; les yeux, les levres, les mains sont éloquentes. […] Il n’étoit que pour les ames des guerriers qui s’étoient distingués dans les combats, sur-tout s’ils étoient morts les armes à la main. […] C’étoit un palais enchanté, vaste, superbe, tout incrusté d’or en dehors & en dedans, bâti de la main des Dieux, comme Troye des mains d’Appollon, Athenes des mains de Minerve, & tant de palais de cristal par la main des Fées.

19. (1661) Le monarque ou les devoirs du souverain « SIXIEME DISCOURS. Si le Prince peut apprendre les Arts Libéraux, comme la Peinture, la Musique, et l’Astrologie. » pp. 195-201

Quoique ce Discours soit plus curieux que nécessaire, et qu’il importe peu de savoir si le Monarque doit appliquer son esprit à ces Arts, qui pour leur noblesse sont appelés Libéraux, et si pour se délasser des affaires il se peut exercer à la Peinture et à la Musique ; J'ai cru néanmoins que je devais traiter ce sujet, parce qu’il a déjà été traité par quelques autres ; Joint que voulant former un Prince, je suis obligé de lui marquer aussi bien ses exercices que ses occupations, et d’examiner si la main qui porte le Sceptre peut prendre quelquefois le Pinceau pour se divertir et s’égayer. […] Mais quelque avantage que puisse avoir la Peinture, je ne conseillerai jamais à un Roi de s’y exercer, parce que sa main est destinée pour quelque chose de plus grand, et que tout ce qu’il peut emprunter de cet Art ingénieux, c’est le dessein et le crayon pour tracer le Plan des Villes qu’il veut assiéger, ou de celles qu’il veut défendre. […]  » Partisans de la Musique ne manqueront pas de me dire que le Roi David l’a aimée ; que sa main qui étouffait les Lions et qui domptait les Géants, touchait agréablement une Harpe, et qu’il n’a guère moins fait de miracles avec sa voix qu’avec son épée.

20. (1768) Réflexions sur le théâtre, vol 7 « Réflexions sur le théâtre, vol 7 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SEPTIÈME. — CHAPITRE VI. Suite de la Danse. » pp. 140-167

C’est de la main de Dieu qu’il faut recevoir une fille prudente : A Domino datur uxor prudens. […] Les mains, les yeux, la voix, y ont une entiere liberté : Liberæ ibi manus, liberi oculi, libera voces. […] Ses pieds sont cloués à la croix ; ceux des danseurs s’agitent, courent, voltigent : ses mains sont ouvertes pour répandre des graces, ses bras étendus pour embrasser le pécheur ; que font ces mains, quels embrassemens cherchent ces bras étendus en croix sur le théatre ? […] Les baisers, les attouchemens des mains, les vis-à-vis, &c. entrent même dans la composition de plusieurs danses. […] Voici un trait qui les caractérise ; il ne vient pas d’une main suspecte.

21. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre III. De la Dédicace de la Statue de Voltaire. » pp. 71-94

après ce sacrifice dont le parfum flattoit l’odorat de la nouvelle Divinité ; elle lui met de sa main charmante, accoutumée à porter tant de sceptres, une couronne de laurier sur la tête, alors tous les violons, violes, violoncelles, flutes, haubois, flageolet, fifres, trompettes, timballes font rétentir les airs, tous se prosterne aux pieds de la statue, & de toute part on s’écrie vive le grand, l’immortel, le divin Voltaire. […] Du ton sublime de Corneille ; Il a fait parler les Romains ; Racine a formé son oreille, Et mis son pinceau dans ses mains. […] Ce char étoit tiré par quatre bufles, & étoit surmonté d’une figure de la mort, tenant une faulx à la main, qui fauchoit tout : elle avoit à ses pieds plusieurs sépulchres à demi ouverts, d’où sortoient des corps décharnés, comme dans le tableau du jugement, de Michel Ange. […] Les chevaux étoient caparaçonnés de draps mortuaires, en guise de housse, avec des croix blanches, des ossements & des têtes de morts : chacun avoit au tour de lui des estaffiers à pied, déguisés en revenants, qui portoient d’une main un flambeau, de l’autre un étendart noir, bigarré de même. […] Cette idée me fait souvenir d’un livre intitulé la Danse de Macabré, où dans plus de cent estampes, on voit la mort qui prend quelqu’un par la main, & le fait danser ; à commencer par le Pape & l’Empereur, par l’Imperatrice, le Roi & la Reine, jusqu’au plus petit berger, & à la moindre paysanne ; à chacun desquels la mort annonce qu’il faut mourir.

22. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Théatre de Pologne. » pp. 80-105

L’affaise des Dissidens une fois terminée les armes à la main, le zele devoit être satisfait. […] La Russie brisant les fers de la Crimée, rétablissant l’agriculture & les arts, & les nations se donnant la main en signe de paix, la Pologne cédant ses provinces. […] Le temps n’est pas bien éloigné où la Religion sera foulée, la vertu méprisée, les loix abandonnées ; les mains profânes qui tiennent les rênes sont incapables de les tenir, les misérables formés par vos exemples, qui ont puisé en vous leur méchanceté, se tourneront impitoyablement contre vous, sans que vous puissiez vous plaindre d’une main que vous avez armée , &c. […] Ce prince plus cruel qu’Hérode le tua de sa propre main. […] Les intérêts de la République ne sont-ils pas en bonnes mains ?

23. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre IV. Que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être défendue par la raison des anciens Pères de l'Eglise. » pp. 90-103

fit autrefois l'Empereur Constantin, après qu'il eut fait profession de la Religion Chrétienne ; il tira des Temples toutes les Idoles, et les exposa dans les places publiques, comme des objets d'opprobre, de mépris et de risée ; il en transporta même quelques-unes jusques dans son Palais, et par ce moyen étant arrachées des lieux où l'on avait accoutumé de leur immoler des Hécatombes, et de les voir avec des sentiments de Religion, et étant mises en d'autres endroits peu convenables à cette révérence, elles perdirent entièrement ce qu'elles avaient de vénérable à des aveugles, et restèrent aux yeux de tout le monde, comme des ouvrages dont toute l'estime dépendait des grâces et des beautés que la main des Artisans leur avait données. […] exemples de plus loin, on sait que dans les derniers temps les Spectacles étaient en si bonne estime, et si fréquentés qu'il y avait deux places d'honneur dans le Théâtre, l'une à la main droite pour le Pape, et l'autre à la main gauche pour l'Empereur, et que les Vénitiens ayant fait l'accommodement d'Alexandre III et de Frédéric II reçurent du Pape plusieurs privilèges, en reconnaissance de la retraite qu'ils lui avaient donnée, et de la pacification des affaires d'Italie, et entre autres le droit d'avoir la troisième place pour leur Duc du Théâtre du Pape.

24. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE X. » pp. 171-209

Celles-ci sont au Firmament, comme autant de flambeaux que la main du Créateur a placés dans une distance respective, qui ne change point, pour marquer son immutabilité ; ces globes mobiles rendent un perpétuel témoignage à sa puissance, par leur immensité, puis à sa grandeur par leur élevation. […] Ces différens objets font un groupe qu’on ne sçauroit assez admirer ; les plus beaux Théâtres du monde n’ont rien de comparable au Spectacle de la nature ; l’Or dont la main des hommes les a décorés, s’éclipse devant les feux célestes, il ne brille plus que de leur clarté refléchie. […] L’Armée Egyptienne environne les Hébreux au bord de la Mer rouge ; Moïse étendant la main écarte les eaux qui s’élevent de chaque côté, comme un mur de cristal ; le Peuple de Dieu au milieu des ondes, rencontre un chemin solide. […] Le fer de la Coignée échappé des mains d’un Prophéte, tombe dans le Jourdain, Elizée ayant prié, présente le manche ; aussi-tôt le fer nageant sur les Flots, vient de lui-même occuper sa premiere place. […] Considérons le cours des années & des siécles, le tems qui s’envole ; Ecoutons le son de la Trompette qui va bientôt nous appeller, la voix de l’Ange qui se fait entendre pour nous animer au combat ; les Martyrs nous tendent les mains & nous présentent leurs Couronnes.

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