fit abolir les Jeux Maiuma, comme un Spectacle de superstition et d'impudence, et lors qu'ils furent rétablis par les Empereurs Arcadius et Honorius, pour rendre ce contentement à leurs Provinces, ils défendaient expressément d'y mêler aucune chose et contraire à la pudeur et aux bonnes mœurs. […] Il est certain néanmoins que depuis quelques années notre Théâtre se laisse retomber peu à peu dans sa vieille corruption, et que les Farces impudentes, et les Comédies libertines, où l'on mêle bien des choses contraires au sentiment de la piété, et aux bonnes mœurs, ranimeront bientôt la justice de nos Rois, et y rappelleront la honte et les châtiments ; et j'estime que tous les honnêtes gens ont intérêt de s'opposer à ce désordre renaissant, qui met en péril, et qui sans doute ruinera le plus ordinaire et le plus beau des divertissements publics ; Car l'opinion des doctes Chrétiens, est que la représentation des Poèmes Dramatiques ne peut être condamnée quand elle est innocente, quand elle est honnête. […] Ce qui n'est pas véritable ; au contraire, nous lisons dans la vie des Pères que Saint Paphnuce apprit par révélation qu'un certain Acteur de son temps serait quelque jour égal en la possession de la gloire du Ciel. » Et pour réponse à cette objection cet illustre Théologien dit, « Que le divertissement est nécessaire à l'entretien de la vie humaine, et que pour y parvenir on peut établir quelques emplois licites, comme l'art et le ministère des Histrions ; que quand on le fait pour cette fin, on ne peut pas dire que leur exercice soit défendu, ni qu'ils soient en état de péché quand ils le font avec quelque modération, c'est-à-dire, sans y mêler des paroles malhonnêtes, et des actions impudentes, pourvu que ce soit en des temps, et parmi des affaires qui n'y répugnent pas.
On y mêle souvent des brocards et des paroles de risée et de moquerie sur les imperfections du prochain ; s’il est présent, il reçoit confusion et s’en sent désobligé quoiqu’il ne le témoigne pas ; s’il est absent, quelqu’un le lui rapporte, il en est piqué, et se résout d’en avoir la revanche : ce sont des allumettes de dissensions, de querelles, de haines, d’inimitiés et de duels. Après s’être gaussé des choses séculières, on se raille des choses les plus saintes, de la confession, de la prédication ou des images, des cérémonies de l’Eglise et des personnes sacrées ; on y mêle les paroles même de la Bible, on profane ce qu’il y a de plus saint et de plus auguste en l’Eglise ; les serviteurs, les servantes et d’autres personnes qui ont l’esprit faible, entendant ainsi parler avec mépris des choses saintes, perdent le respect, la vénération et l’estime qu’ils en avaient ; ils s’accoutument à les considérer comme des choses profanes, indifférentes et de petite conséquence, ils tombent en un état d’insensibilité et d’endurcissement ; ce qui fait qu’ils se confessent, qu’ils communient, qu’ils prient Dieu et qu’ils entendent les sermons par manière d’acquit.
Despreaux, que de mêler tant de fausses divinités, où on ne devait rien représenter qui ne respirât la piété Chrétienne ? […] Despreaux, abuser de la fable, ou plutôt de la Religion, que d’y mêler vos ornements profanes dont elle n’est point susceptible.
C’est sans doute par la lumière de cet Esprit Saint, que Sara fille de Rachel avait été conduite, qui répandant son cœur en la présence de Dieu dans l’amertume de son âme, disait qu’elle ne « s’était point mêlée parmi les personnes qui jouaient et qui dansaient »,« Numquam cum ludentibus miscui me, neque cum iis qui cum levitate ambulant. »Job. 3. […] Si nous parlions donc rigoureusement, et dans l’exactitude des Jurisconsultes, ne considérant que ce qui se rencontre le plus souvent dans la pratique ordinaire de ces danses profanes, qui ont pris naissance de la corruption des mœurs des Hébreux, et des observances superstitieuses des Païens ; nous pourrions dire que tous ces exercices qui ne vont qu’au contentement des sens sont absolument mauvais ; parce que les vices s’y mêlent, et le péché s’y trouve très fréquemment, et que suivant la règle des Jurisconsultes,L. 3. et 4. ff. de leg.
Non seulement les villes principales ont leur théâtre, mais toutes les cours, même dans leurs maisons de plaisance, entretiennent à grands frais des troupes de comédiens : elles les pensionnent ; elles honorent leurs jeux de leur présence ; elles daignent même quelquefois s’y mêler. […] Qui peut lire, sans une surprise mêlée d’indignation, les prologues des opéras, chantés devant Louis XIV & toute la cour ? […] Ce n’étoit pas seulement à cause de l’idolâtrie, qui s’y trouvoit souvent mêlée, & dont les païens ne pouvoient faire un crime au théâtre, mais, sur tout, par rapport aux bonnes mœurs, qui y étoient constamment blessées. […] C’est la lie du vice, mêlée avec la lie du peuple.
« Les Chrétiens, dit-il, n'ont-ils point de honte de chercher dans l'Écriture Sainte des paroles pour autoriser l'idolâtrie, et défendre les vaines superstitions qui sont mêlées dans tous les Spectacles ? […] Toutes ces belles disputes de Musique dans la Grèce, n'ont pour présidents que les Démons ; Enfin tous ces Spectacles qui charment la vue, et qui chatouillent l'ouïe, n'ont point d'autre origine que des Idoles, des Morts ou des Démons : car le Démon subtil, qui sait bien que l'Idolâtrie toute nue fait horreur, il l'a mêlée de plaisir afin qu'elle pût être aimée. » Quand le Concile troisième de Carthage défend à tous les Chrétiens de donner les Spectacles publics, et d'y assister, il est ajouté ; « Parce qu'ils ne doivent point se trouver où sont les blasphémateurs du nom de Dieu. » Et Saint ChrysostomeD. […] Mais sans nous en mêler davantage, l'Orchestre et le Cirque sont maintenant déserts, et tous viennent ici pour chanter les louanges de Dieu. » Les Conciles ont « Scenicis atque histrionibus cæterisque hujusmodi personis vel Apostaticis reversis gratia non negetur. » Concil. […] « Et je vous exhorte, dit-il ailleurs, à ne point aller aux Spectacles, aux Courses de Chevaux, et aux Jeux de Théâtre, et à ne point mêler les Mystères Divins à ceux des Démons. » Écoutons Saint AugustinD.
Le Prélat s’éleve contre les chants passionnés de Lulli, contre les dangers de représenter, même l’amour légitime à cause des circonstances qui l’accompagnent, contre les scandales mêlés aux représentations du Théâtre ; il ramene à son opinion les Peres, les Philosophes anciens, Platon, & même le Philosophe Grec ; enfin il combat la Comédie par la vie sérieuse que commande l’esprit de la Religion. […] Je dois d’abord, disoit-il à MM. de l’Académie Françoise, déclarer que je ne souhaite point qu’on perfectionne les Spectacles où l’on ne représente les passions corrompues que pour les allumer… Il ajoute : il me semble qu’on pourroit donner aux Tragédies une merveilleuse force, suivant les idées très-philosophiques de l’Antiquité, sans y mêler cet amour volage & déréglé qui fait tant de ravages ***. […] Racine, dit-il, avoit formé le plan d’une Tragédie Françoise d’Œdipe, suivant le goût de Sophocle, sans y mêler aucune intrigue postiche d’amour, & suivant la simplicité Grecque.