Le théatre de Regnard & presque tous les théatres comiques méritent le même reproche.
Mais depuis Constantin, sans même excepter le regne fort court de Julien l’Apostat, tout ce qui est monté sur le trône des Césars n’a plus mérité de pareils reproches, tout au contraire a employé son autorité avec zèle, jusqu’aux Princes Wisigots, pour purger les spectacles.
J’avouerai de bonne foi que si la Comédie récitée ressemblait à l’Opéra Bouffon, & à la Comédie-mêlée-d’Ariettes, elle ne serait pas tout-à-fait si digne de louanges, & qu’elle mériterait un peu les Anathèmes lancés contre-elle.
C’est pour avoir commis ce péché, dit-il, que nos pères ont mérité les châtiments qui sont tombés sur nous et sur cette ville.
Personne n’a daigné prendre la peine de les faire passer à la postérité, et nous sommes bien éloignés de vouloir les tirer de l’oubli où ils sont et qu’ils méritent.
Cette cause fut plaidée avec plus de solennité qu’elle ne méritait ; mais qu’importe ?
Linguet crut pouvoir hazarder une nouvelle traduction du théatre Espagnol, il a mérité de réussir, sa traduction est bien faite, & il traite judicieusement plusieurs questions dramatiques ; il y a quelques pieces fort longues, (c’est le goût des Castillans) prises de Lopez de Vega, de Calderon, de Guillaume Castro & de quelques autres moins célebres : Lopez de Vega est comme Hardi parmi nous, qui composa huit cents pieces de théatre, il en a donné plus de deux mille ; on appelle ses œuvres, par une fanfaronnade de Castille, l’Océan Dramatique, & il est impossible qu’un si grand nombre de poëmes soient bons ; mais ils sont meilleurs que ceux de notre Hardi.