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99. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE III. En quoi consiste le Plaisir de la Tragédie, & de la grande émotion que causoient les Tragédies Grecques. » pp. 49-62

Ainsi le Théâtre d’Athenes ne fut jamais, comme le notre l’est presque toujours, un lieu qui retentît d’amoureuses plaintes, ni, comme celui de Londres l’a si souvent été, un lieu baigné de sang ; mais il fut toujours un lieu baigné de larmes.

100. (1668) Les Comédies et les Tragédies corrompent les mœurs bien loin de les réformer. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics en augmente le danger. On ne peut assister au spectacle sans péril « Chapitre XI. La représentation qu’on fait des Comédies et des Tragédies sur les Théâtres publics, en augmente le danger. L’on ne peut assister aux spectacles sans péril. » pp. 191-200

 » La première pensée qu’on a en ces lieux, qui sont l’Eglise du Diable, comme le même Père les appelle ; Ecclesia Diaboli, c’est de voir et d’être vu. « Nemo in spectaculo incundo prius cogitat, nisi videre et videri. […] C’était autrefois la marque, à laquelle les Païens connaissaient qu’un homme s’était fait Chrétien, lorsqu’il ne se trouvait point dans ces lieux, et qu’il en avait aversion. « De repudio spectaculorum intelligunt factum Christianum.

101. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

Mais ces déguisements n’ont point de lieu dans le cœur où les mouvements sont tous purs et sans mélange, et où ils ne sont point revêtus de ces voiles qu’ils empruntent lorsqu’ils deviennent extérieurs. […] Il s’agissait en ce lieu là, non d’exprimer ce que l’on dit effectivement quand on est piqué de jalousie, mais de représenter le dépit intérieur que l’on sent quand on nous préfère quelqu’un à cause de son mérite.

102. (1772) Réflexions sur le théâtre, vol 9 « Réflexions sur le théâtre, vol 9 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE NEUVIEME. — CHAPITRE II. Melanie. » pp. 29-71

Elle est contre toute vrai-semblance. 1.° Le temps & le lieu de la scène. […] Il le dit lui-même : Nos parens, nos amis sont mandés en ces lieux : Pour la cérémonie ici tout se prépare. […] Crois-tu que de l’amour esclave déplorable, Quittant un feu sacré pour une ardeur coupable, Mon cœur dans ce lieu saint ait flatté ses désirs, Foit rougir ma vertu de ses lâches soupirs ? […] Permets, Vesta, permets que j’expire en ces lieux : Mon sang est assez pur pour couler à tes yeux. […] On ne se plaint point de sa violence : On ne s’indigne point du fardeau de ses fers, On tend toujours les mains à des lieux si chers.

103. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Lazare, et autres circonvoisines, contenant que depuis quelque temps Jacques Avenet, locataire du jeu de paume de la Fontaine, aurait introduit des Comédiens en icelui, encore que ledit lieu soit des plus incommodes de la ville, pour être la rue fort étroite et la plus passagère des carrosses, étant ladite rue Michel-le-Comte composée de maisons à portes cochères, appartenantes et habitées par plusieurs personnes de qualité, et Officiers des Cours souveraines, qui doivent le service de leurs charges, lesquels souffrent de grandes incommodités tous les jours, à cause que lesdits Comédiens exercent et jouent leurs comédies et farces, même en ce saint temps de carême, et par le moyen des embarras, des carrosses et chevaux qui se rencontrent dans ladite rue à toutes les avenues, tels que les gens de pied n’y peuvent trouver passage, et sont tous les suppliants, leurs familles et domestiques, empêchés de sortir, non pas même d’une maison à l’autre, contraints le plus souvent d’attendre la nuit bien tard pour rentrer dans leurs maisons, au grand danger de leurs personnes par l’insolence des laquais et filous, coutumiers à chercher tels prétextes et occasions pour exercer plus impunément leurs voleries, qui sont à présent fort fréquentes dans ladite rue, et plusieurs personnes battues et excédées, avec perte de leurs manteaux et chapeaux ; étant les suppliants tous les jour de comédie en péril de voir voler et piller leurs maisons, dont s’étant plaints plusieurs fois audit Avenet et fait dire aux Comédiens de se retirer et pourvoir en lieu moins incommode et passant, ils se seraient vantés d’avoir permission du Lieutenant civil, et en avoir passé bail pour ledit temps. Requéraient les suppliants les recevoir appelants de ladite permission du Lieutenant civil, si aucune y a d’exercer et jouer comédies audit jeu de paume de la Fontaine, en ladite rue Michel-le-Comte, comme rendue sans avoir ouï les suppliants, tenus pour bien relevés ; cependant défenses audit Avenet de plus permettre ledit exercice audit jeu de paume, et auxdits Comédiens d’y faire aucun exercice, et qu’ils videront dudit lieu, à peine de prison, et de quatre mille livres d’amende applicable à œuvres piesh, et commission pour informer des insolences, voies de fait et vols commis a l’occasion de l’exercice des dits Comédiens, pour être contre l’introducteur tous dommages et intérêts répétés. […] Il serait à propos et raisonnable que le Prince à ses dépens en gratifiât quelquefois la commune, et qu’aux villes populeuses il y eût des lieux destinés pour le spectacle. » Si Montaigne vivait, il verrait aujourd’hui ses vœux accomplis ; il n’y a point de ville populeuse dans le royaume qui n’ait son théâtre. […] et ceux qui dans ces lieux publics vont satisfaire leurs passions, sont-ils moins coupables ? […] Séguier, Avocat général, « il fut défendu aux Comédiens Italiens ou Français de jouer aucune comédie, soit aux jours de fêtes, soit aux jours ouvrables, sous peine d’amende arbitraire et de punition corporelle, quelques permissions ou lettres patentes qu’ils eussent obtenues. » En 1594, par autre arrêt de la Chambre des Vacations, qui dans cette saison aurait dû être plus indulgente, à la requête du Procureur général, il fut défendu aux Comédiens, qui jouaient alors à l’hôtel de Cluny, « de jouer leurs comédies, et de faire aucune assemblée en quelque lieu de la ville ou faubourgs que ce fût, à peine de mille livres d’amende ».

104. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre VIII. Du Stile. » pp. 287-319

De grandes tirades, des Vers à prétention, un nombre infini de maximes, certain entortillage de mots, & un langage affecté ; tout cela nous tient lieu du sublime. […] Nous voyons en éffet, qu’une Pièce composée selon tous les principes d’Aristote, court souvent risque de tomber sans retour, si elle est mal écrite ; au lieu que celle dont le stile est élégant, riche & fleuri, sera portée jusqu’aux nues, quoique remplie de fautes dans sa conduite. […] Le bonheur en prémier lieu se répand comme une pluie d’or, ensuite il se verse de même que de l’eau ; tout-à-coup on le fait éclore ainsi qu’une fleur, car il est caché sous la dernière figure. […] Il est de la nature des Drames burlesques de ne contenir rien d’essentiel ; au lieu que les ouvrages que j’ai cité doivent parler au cœur comme à l’esprit. […] Passage, se rapporte ordinairement à chemin, & s’entend toujours pour le lieu où l’on passe.

105. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique —  CHAPITRE VI. Histoire de la Poësie Dramatique chez les Romains. » pp. 145-175

Tout changea, les mœurs tomberent, & les Censeurs firent eux-mêmes élever des Théâtres : il se trouva encore du tems de Pompée des Personnes séveres qui lui reprocherent de ce qu’au lieu des Théâtres qui n’avoient été jusqu’à lui que de planches rassemblées, il en avoit fait construire un, qui subsisteroit toujours. […] Il n’inventoit pas les Sujets de ses Piéces : le Peuple qui admiroit l’esprit des Grecs, ne vouloit voir sur le Théâtre que des Sujets tirés des Piéces Grecques : il falloit que le lieu de la Scene fût à Athenes, & parce que celui des Menechmes étoit en Sicile, Plaute prévient dans son Prologue, que malgré cela cette Piéce est Grecque, Hoc argumentum Græcissat, tamen Non Atticissat, verum Sicilicissat. […] La sévérité des Magistrats contre les Spectacles étant encore à craindre, de peur qu’ils ne fissent à sa mémoire la honte d’abattre cet Edifice, veritus quandoque memoriæ suæ censoriam animadversionem, il s’avisa de sanctifier un lieu que Tertullien appelle la Citadelle de toutes les infamies, arcem omnium turpitudinum. […] A l’imitation de l’Odeon d’Athenes, lieu où s’exerçoient les Musiciens & les Comédiens, & ou l’on exécutoit les Piéces, avant que de les représenter sur le Théâtre, il y eut à Rome quatre Odeons. […] Theodose par une de ses Loix ordonna qu’ils ne paroîtroient plus qu’aux portes du Cirque & du Théâtre, les portraits des hommes infames, dit cette Loi, ne devant pas paroître dans les lieux honnêtes.

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