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2. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre IV. Que les Danses sont défendues dans les lieux saints. » pp. 22-25

Que les Danses sont défendues dans les lieux saints. Après avoir considéré la qualité des personnes, nous descendrons à la différence des lieux. Il est donc constant que l’on ne peut danser dans un lieu saint, c’est-à-dire dans les Eglises ou Chapelles, ni dans les Cimetières, sans péché mortel. C’est la doctrine de Saint Antonin et de Sylvestre, sur l’autorité d’un Chapitre du sixième des Décrétales, où le Pape Grégoire dixième ordonne qu’on bannisse de tous les lieux consacrés à Dieu, et destinés au culte divin, tout ce qui peut troubler la paix des Divins Offices, causer de l’interruption dans les Prières, ou mettre quelque autre empêchement au repos et à la dévotion des Chrétiens ; et que l’on en éloigne toute sorte d’assemblées, et d’actions séculières, et profanes, afin que non seulement on ne pèche point dans les lieux où l’on vient demander la rémission des péchés ; mais qu’on y vaque encore avec quiétude d’esprit, et avec une application tranquille aux Exercices spirituels auxquels ces sacrés lieux ont été dédiés. […] Nous vous enjoignons (ajoute-t-il plus bas) de détruire et d’arracher cette mauvaise coutume, qui est un véritable abus, afin que la sainteté des Eglises ne soit point violée par ces jeux profanes et indécents. » Mais il n’y a point de preuve plus puissante pour établir cette vérité, qu’on pèche grièvement lorsqu’on danse dans quelque lieu Saint ; que ce qui est marqué dans un Canon de ceux qu’on nomme Pénitentiaux, qui condamne à trois ans de pénitence, celui qui aurait commis cette irrévérence, que de danser seulement devant l’Eglise.

3. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre quatriéme. — Chapitre III. De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. » pp. 211-238

De l’Unité de lieu, de Tems & de Personne. […] Unité de lieu. […] « Quand à l’Unité de lieu, dit-il, je n’en trouve aucun précepte ni dans Aristote ni dans Horace ». […] Pour moi, s’il m’est permis de dire mon sentiment après les gens habiles, je recommande sur-tout aux Poètes l’Unité de lieu. […] Donc si l’on veut conserver le prémier intérêt, il faut que le lieu de la Scène soit toujours le même.

4. (1705) Traité de la police « Chapitre IV. De la Comédie Française ; son origine, son progrès, et les Règlements qui ont été faits pour en permettre, corriger et discipliner les représentations, ou pour en assurer la tranquillité. » pp. 439-445

Sur ce fondement quelques Comédiens de Province élevèrent un théâtre à Paris dans les lieux et dans les temps de la Foire saint Germain. […] ce qui Nous a été représenté par le Procureur du Roi, que Sa Majesté voulant non seulement maintenir en tous les lieux de cette Ville l’ordre et la sûreté qui s’y trouve à présent, mais encore faire ressentir à tous ses Habitants de nouveaux effets de la tranquillité dont ils jouissent ; il lui a plu d’établir depuis peu à Paris une Académie et des Ecoles de Musique, et de pourvoir aussi en même temps par l’expédition de ses ordres exprès à la sûreté particulière du lieu où cette Académie est établie. […] Ordonnance de Police pour maintenir la tranquillité publique dans les lieux où se représentent les Comédies, publiée et affichée le 10. du même mois. […] Faisons pareillement défenses à toutes sortes de personnes, de quelque qualité et condition qu’elles soient, de porter aucunes armes à feu dans le lieu des représentations, d’y tirer l’épée, et d’y faire aucune insulte ou querelle, à peine de la vie. […] Ordonnance de Police pour maintenir la tranquillité publique dans les lieux où se représentent les Comédies, publiée et affichée le 10. du même mois.

5. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [G] » pp. 408-415

Nous n’entendons par ce terme, qu’un lieu élevé, où l’Acteur paraît, & où se passe l’action : au lieu que les Anciens y comprenaient toute l’enceinte du lieu commun aux Acteurs & aux Spectateurs. Le Théâtre, chez eux, était un lieu vaste, accompagné de longs portiques, de galeries couvertes, & de belles allées plantées d’arbres, où le Peuple se promenait, en attendant les Jeux. […] Ce n’est pas tout, les Anciens par la forme de leurs Théâtres donnaient plus d’étendue, & avec plus de vraisemblance, à l’unité du lieu, que ne le peuvent les modernes. […] Elle représentait des Places publiques ; on y voyait des Palais, des Obélisques, des Temples, & sur-tout le lieu de l’action. […] L’exposition doit être faite avec art, pour amener à-propos des circonstances qui réunissent dans un seul point de vue, ce qui demanderait une étendue de lieu que l’on n’a pas.

6. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre premier. Du Theatre. » pp. 73-99

Car nous n’entendons par ce terme que ce lieu élevé où l’Acteur paroist, & où se passe l’action, au lieu que les Anciens y comprenoient toute l’enceinte du lieu commune aux Acteurs & aux Spectateurs. […] L’ouvrage commençoit par la regularization (pour ainsi dire) du lieu. […] La perfection de ces Ieux, sembla desirer un lieu particulier & destiné à de tels ébats. […] A la Scene ou au bastiment qui separe le Theatre, c’est à dire ou son avant-Scene & le lieu de la retraite des Acteurs. […] Ordinairement le costé gauche estoit destiné aux prisons, & aux autres lieux ou de desordre ou de mespris.

7. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre IV. De l’illusion Théâtrale. » pp. 64-79

Un lieu déterminé ne lui est pas moins nécessaire que les personnages. Ce lieu est-il dans une armée, dans un camp, dans un palais ? […] On ne peut donc me transporter dans le lieu de la Scène, qu’à l’aide des décorations. Plus elles ont de ressemblance avec ce lieu, plus je suis agréablement séduit. […] Au lieu que la représentation cessant, ils ne pensent plus qu’au bruit qui se fait, & la magie disparoît totalement à leurs yeux.

8. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [H] » pp. 416-417

[H] Décorations : ornemens d’un Théâtre qui servent à représenter le lieu où l’on suppose que se passe l’action Dramatique. […] Les Décorations de décence sont une imitation de la belle nature, comme doit l’être l’action dont elles retracent le lieu. […] Le Poête a beau vouloir transporter les Spectateurs dans le lieu de l’action, ce que les yeux voient, devient à chaque instant ce que l’imagination se peint. […] Le manque de Décorations entraîne l’impossibilité des changemens, & celle-ci borne les Auteurs à la plus rigoureuse unité de lieu ; règle gênante, qui leur interdit un grand nombre de beaux sujets, ou les oblige à les mutiler. […] Au lieu d’un faible artifice dont le Poète s’est servi, dans le Comte d’Essex, pour retenir ce prisonnier dans le Palais de la Reine, supposons que la facilité des changemens de Décoration lui eût permis de l’enfermer dans un cachot* ; quelle force le seul aspect du lieu ne donnerait-il pas au contraste de sa situation présente avec sa fortune passée ?

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