Une circulaire que l’université de Paris écrivit aux prélats et aux églises de France, en 1444, porte que dans le temps même de la célébration de l’office divin, les ecclesiastiques y paraissaient les uns avec des masques d’une figure monstrueuse, les autres en habit de femmes, de gens insensés et d’histrions ; qu’ils élisaient un évêque ou un archevêque des fous, qu’ils le revêtaient d’habits pontificaux, lui faisaient donner la bénédiction à ceux qui chantaient les leçons des matines, et au peuple ; qu’ils faisaient l’office et y assistaient en habits séculiers, qu’ils dansaient dans le chœur et y chantaient des chansons dissolues, qu’ils y mangeaient jusque sur l’autel, et proche du célébrant, qu’ils jouaient aux dés et faisaient des encensements avec la fumée de leurs vieux souliers qu’ils brûlaient, qu’ils y couraient et dansaient sans aucune honte, qu’ensuite ils se promenaient dans les villes, sur les théâtres et dans des chariots, à dessein de se faire voir ; et qu’enfin pour faire rire le peuple, ils faisaient des postures indécentes, et proféraient des paroles bouffonnes et impies. […] Dans l’intervalle des leçons on faisait manger et boire l’âne ; enfin, après les trois nocturnes, on le menait dans la nef, où tout le peuple, mêlé au clergé, dansait autour de lui : on tâchait d’imiter son chant.
Comme si les Grands du Monde, qui ne peuvent souffrir qu’on leur donne un mot d’avis, quoiqu’on le fasse en la manière du monde la plus respectueuse, qui disgracient leurs plus chers favoris, quand ils font le moindre semblant de ne pas entrer dans leurs passions les plus injustes, avaient été autrefois d’humeur à écouter patiemment les leçons, ou plutôt les insultes qui leur auraient été faites devant tout le monde par une troupe de Baladins qui les auraient tournés en ridicules. […] Mais l’indocilité des Peuples adonnés à l’amour de ses plaisirs, l’emporta dans l’esprit des Politiques par-dessus l’amour de la vertu ; et ce fut la volupté qui dressa les Théâtres, et non pas le dessein de faire la leçon aux Souverains.
Fidele aux leçons, aux exemples de son pere, à qui la pénitence métita devant Dieu des graces bien supérieures à la réputation dramatique la plus brillante.
Tertulien en fait une autre application : la première leçon que Dieu donna à l’homme & à la femme n’eut que cet objet ; à peine ont-ils commis le péché, qu’il leur fait sentir la honte de la nudité du corps, ils en rougirent, & se couvrirent de feuilles, & la coquetterie au contraire expose des nudités, les relève par des couleurs assorties, afin de la rendre plus saillante & plus séduisante ; si l’on veut s’en dissimuler l’indécence en ignore-t-on le danger ?
Ni la politesse, ni les plus sages leçons, ni les plus grands intérêts, ni les plus nobles sentimens, ni les plus vives lumieres ne sont de sûrs garans contre un si grand désordre, quand on a la témérité de s’y exposer & le malheur de le goûter.
Aussi Commenge, instruit par ses leçons, s'écrie dans son désespoir : « Le ciel t'a rejeté, l'enfer te dévore. » Voilà la réprobation consommée : Adelaïde parle sur le même ton, sa doctrine n'est pas plus saine : « J'étais au crime destinée.
On ne manquerait pas de dire qu’on n’est pas là pour écouter de telles leçons, et qu’il faut penser que l’on est à la Comédie.