combien de fois n’a-t-on pas vu l’invraisemblance du Roman, l’énormité des faits, l’enflure des caracteres, le gigantesque des idées & la bouffissure du langage, loin d’être imputés à reproche, assurer le triomphe d’un Drame » ! […] La déclamation, dans de pareils Acteurs, est un langage des plus éloquens. […] Une Nation varie dans son langage, dans le goût de ses plaisirs, comme dans la maniere de s’habiller. […] Mais on sçait qu’une Tragédie chantée ne differe d’une Tragédie déclamée, que par une plus grande rapidité dans sa marche, & par une plus parfaite concision dans son langage. […] Voilà, reprit le Roi, le premier homme de mon Royaume qui me tient ce langage.
Il l’a fait homme d’une haute naissance, qui dans toutes les Cours va de pair avec ce qu’il y a de plus grand ; il lui en donne le ton, le langage, les manieres, la dépense, & souvent les sentimens ; je dis souvent, car quelquefois il lui en donne de très-bas contre la droiture, la probité, l’amitié : des trahisons, des jalousies, des adulteres, des extravagances, des attentats sur les Couvens, des parjures.
» Avez-vous toujours tenu ce langage, vous qui avez travaillé pour le Théatre même, que vous insultez aujourd’hui ? […] Qu’une femme jeune et; jolie ait une fois mis le pied sur les planches, elle ne manquera pas de trouver des adorateurs qui joindront à l’art d’un doucereux langage, la séduisante amorce des richesses. […] Je compte pour rien les grossiéretés qui, dites-vous, sont excusables parmi ceux qui disputent sans ménagement. « L’esprit acquiert par-là de la justesse et; de la vigueur, et; ce langage un peu rustaut est préférable encore à ce style, et;c. » Je ne sais pas si vos Concitoyens, même les plus contraires au Spectacle, ne le préféreroient pas à vos cercles, si par une supposition que je crois fausse, ils sont sujets à tous les désagrémens de l’yvresse, du jeu, et; de la grossiéreté. […] Distinguons les siecles, les motifs. » « Lorsque dans les premiers tems on s’est soulevé contre les Spectacles, la Comédie faisoit partie du culte des faux Dieux ; elle perpétuoit l’idolâtrie ; son langage étoit obscene, les actions des Mimes, des Pantomimes, des Sauteurs, des Bâteleurs, confondus mal-à-propos avec les Comédiens, étoient des farces également grossieres, et; indécentes ; les postures lascives y attiroient la foule.
Tertullien de Pallio tient le même langage, & appelle effeminés les hommes qui portent ces robes longues & flottantes sans ceinture, comme celles des femmes, dont ils imitent les mœurs en prenant leurs habits.
Pour le libertinage, qui est l’ame, le principe & la fin du théatre, le Philosophe sans souci en tient si communément le langage, il en prend si vivement la défense, qu’on ne sautoit douter qu’à ce seul titre il ne fut un zelé protecteur du théatre.
Sa musique tendre & touchante va au cœur par la douceur & la mélodie, & plait aux amateurs par la variété, les saillies, le naturel de son chant, & l’art assez rare, avec lequel il ajuste les sons aux paroles Latines & Françoises, & par une espece de langage énergique en exprime le sens avec justesse.
Jamais Comédien n’a tenu ce langage.