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123. (1768) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre onzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Luxe des coëffures. » pp. 115-142

L’or tranche trop avec la couleur des cheveux & du visage ; éparpillé sur la tête, il ne fait point une continuité de couleur, avec les cheveux qu’il laisse voir au dessous. […] Nous pourrions leur disputer la coëffure des petits maîtres, par l’analogie à celle des Dames ; mais nous laissons volontiers leur tête entre, les mains d’un Perruquier, afin qu’ils fassent moins de progrès dans la coqueterie. […] Si les Perruquiers avoient le droit exclusif de coëffer les Dames, pourquoi laissoient-ils établir des Coëffeuses, dont le nombre est si considerable ? […] Salomon, comme nous avons dit, s’étant laissé amollir par les délices, rassembla pour le servir une centaine de Pages les mieux faits, qui tous les jours frisoient, parfumoient leurs cheveux, les poudroient avec une poudre d’or. […] On a raison de donner pour attribut des masques à Thalie, son empire n’est qu’un assemblage de masque, qui en tombant, laissent l’homme le plus célébre à sa médiocrité.

124. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE III. Immodestie des Actrices. » pp. 57-84

Mais souvent les meilleures donnent des leçons de vertu, & laissent l’impression du vice. […] elle regarderoit comme une insulte qu’on lui demandât de se laisser voir, & elle va au-devant de la curiosité, la réveille, & la satisfait ! […] & quel compte rendront à Dieu des supérieurs négligens qui les laissent prendre à une jeunesse qu’ils sont chargés de former à la vertu ! […] On défendoit aux anciens athlètes de porter des habits, pour éviter toute supercherie, & ne rien laisser qu’à la vigueur & à l’adresse : l’artifice & le grand avantage des nouveaux athletes est de s’en dépouiller, contre toutes les loix qui le leur défendent. […] Mais on laisse la liberté de montrer le visage ; les objets qu’on veut faire cacher ne sont pas moins attrayans que le feu des yeux & les traits délicats d’une belle physionomie.

125. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre III. Du Triomphe. » pp. 112-160

Les Soldats Vainqueurs, quoy que compagnons de la Victoire & du Triomphe, & mesme, quoy que favorisez des biens de l’Empereur, ne laissoient pas de mesler leurs voix parmy celles des autres Chantres, & avoient la liberté de debiter dans leurs Chansons les plus fortes railleries qui eussent esté faites contre leur General. […] L’irregularité de ces diverses manieres y a laissé glisser des choses d’autant plus indignes de la Majesté d’une si splendide Ceremonie, qu’elle a souffert Messaline, femme indigne de vivre, joüir de la gloire induë de son Mary, & suivre le Char de l’Empereur Triomphant, dans un second presque aussi élevé & autant embelly. […] , qu’à la decision que j’aurois pû donner, & qu’à la resolution que ie n’ay pû prendre, ie me reduiray à ce qu’il nous en a laissé par écrit. […] Car comme de tout temps l’air d’Italie a esté fort prenant, si les Braves ioüoient bien des cousteaux dans le combat, ils ioüient encore mieux des mains apres la Victoire, & ne laissoient aux Vaincus que ce qui ne pouvoir estre vtile en rien. […] Mais ce refus n’estant fondé que sur la douleur de sa perre & de celle de la Republique, quoy que sans honneurs & sans Pompe, il ne laissa pas de Triompher en quelque façon par sa modestie.

126. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE III. » pp. 29-67

La collection de Gratien, sans être généralement adoptée en France, ne laisse pas d’y être respecté : il ne faut pas la confondre avec celle d’Isidore Mercator ; elle fut approuvée par Eugene III. […] Je crois, que votre Conseil, Mademoiselle, prend plaisir à forger des phantômes pour les combattre avec avantage, tandis qu’il laisse fort tranquilles ses véritables adversaires. […] Concile de Carthage tenu l’an 398, condamne pareillement les Spectacles, & ménace d’Excommunication2 quiconque désertant l’assemblée des fidéles un jour de Fête, va contenter sa curiosité dans l’Amphithéâtre, quoique ce Canon ne sévisse pas directement contre les Comédiens, il n’a pas laissé d’y supposer un vice, en tenant leurs Spectacles pour un amusement incompatible avec le Service divin. […] Nous n’avons point encore vuidé, Mademoiselle, tout le réservoir de nos collections ; votre Avocat moissonne dans le champ des Conciles, avec une négligence qui laisse beaucoup à glaner sur ses pas. […] On sçait pareillement que les Magistrats dans les premiers siécles n’entroient pour rien dans la discussion des peines ecclésiastiques ; aujourd’hui qu’ils en jugent dès qu’on appelle à leur Tribunal, les choses n’en vont pas toujours plus mal, un Prélat zélé peut se laisser prévenir.

127. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Voilà, ce me semble, l’idée la plus juste des Comédies les plus innocentes que l’on ait vues de nos jours ; car je laisse à part les Pièces purement comiques, que le Docteur lui-même abandonne. […] n’y laisse-t-on pas insensiblement toucher son cœur, non seulement par les bonnes intelligences qui paraissent quelquefois entre les Acteurs et les Actrices, mais par leurs démêlés mêmes et leurs petites brouilleries ? […] Et si quelquefois on les punit sur le Théâtre, c’est après avoir laissé la liberté à des impies de blasphémer, et d’insulter au Ciel et à ses foudres. […] II ne laisse pas cependant d’en triompher comme s’il avait dit quelque chose de bon. […] Mais ce sont là de ces libertés de Théâtre qui ne laissent pas d’être honnêtes, et de ne blesser en rien le Christianisme, ainsi que parle le Docteur ; mais peut-il s’imaginer qu’on l’en croira sur sa parole ?

128. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

C’est ainsi, que depuis un si grand nombre de siècles, des souverains faibles et imprudents se laissèrent accabler, en se soumettant à la funeste influence de l’hypocrisie et de la perfidie, masquées d’un voile religieux. […] Les souverains qui, par trop de condescendance, se laisseraient tromper, dominer et avilir par des prêtres et par des moines factieux et entreprenants, compromettraient leur dignité ; car, leur devoir est d’être jaloux du pouvoir que Dieu leur a décerné. […] Ce serait l’imprévoyance la plus blâmable et la plus funeste, si le pouvoir temporel, qui doit être absolument indépendant du pouvoir spirituel, laissait exercer à l’autorité ecclésiastique la moindre portion d’autorité séculière. […] Il faut pourtant espérer, que le gouvernement ne se laissera pas assez influencer par la secte jésuitique, au point de commettre la faute politique, d’exiger des citoyens, que l’acte religieux précède l’acte civil, pour le mariage, et que les actes de naissance et de mort soient enregistrés par des prêtres.

129. (1769) De l’Art du Théâtre en général. Tome I « De l’Art du Théatre. Livre prémier. — Chapitre II. Utilité des Spectacles. » pp. 8-21

Ce n’est qu’en déclinant, qu’en retombant au sein de la barbarie, qu’une Nation laisse éteindre son goût pour les Spectacles. […] Je suis honteux pour notre siècle, qu’il laisse subsister un pareil abus. […] Il est aisé de concevoir, qu’alors les Comédiens ne se laisseraient point séduire par le bruit flatteur des applaudissemens ; ils craindraient toujours de voir triompher leurs rivaux ; cette noble émulation ferait croître & agrandir leurs talens ; ils feraient leurs efforts pour attirer les Auteurs, qui n’éprouveraient plus tant de petites mortifications, & qui seraient encouragés par l’espoir de parcourir deux vastes champs de gloire.

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