On signifie au Sieur Renou que sa piece ne sera pas jouée jusqu’à ce qu’il soit venu, la corde au col, nud en chemise, la torche au poing, faire une amende honorable à Dieu, au Roi & à la Justice de Melpomene.
C’est-là qu’il a joui d’un plaisir délicieux, douce récompense de sa justice & de son affabilité ; c’est-à-dire, des applaudissemens de joie de tout le peuple.
Elles dictent les loix, sont la paix ou la guerre, disposent des finances, font pencher la balance de la justice, décident de la victoire, distribuent les graces, non par une autorité directe, mais par l’ascendant de la passion ; elles règnent sur les cœurs, leur inspirent les sentimens, sont couler les larmes, pousser les soupirs, excitent à leur gré la tristesse ou la joie ; on ne pense que d’après elles, on étudie leurs regards, on obéit au moindre signe de leur volonté.
Et si le Père veut nous convaincre de son religieux sentiment, ne doit-il pas nous prouver qu’il n’y a pas moins de justice et d’innocence dans nos Comédies, que de crime et d’injustice dans les dépenses excessives qu’on fait en bâtiments, en peintures, en meubles, en habits, en repas, ou du moins qu’il n’y a ni plus ni moins à la Comédie que dans un repas modéré.
Dans le même siécle où les comédiens sont adorés, les réligieux sont méprisés & persécutés ; où est la justice ?
Le Palais de la frivolité est dédié aux Dames : c’est un acte de justice, & de reconnoissance ; elles ont élevé ce Palais, elles l’habitent : la frivolité leur doit son empire & presque son existence, dans la république française, dont elles composent-le sénat : elles en font mouvoir les ressorts, & en donnent les modèles.
Le démon du Théatre ralluma les feux de la justice divine, que Saint Léon ne put éteindre.