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21. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 2. SIECLE. » pp. 81-106

Pleurons donc pendant que les gens du monde, et les Païens se réjouissent, afin que lors qu'ils commenceront à tomber dans l'état épouvantable de douleur, que la Justice de Dieu leur reserve, nous puissions entrer dans la joie que notre Seigneur prépare aux prédestinés: Car si nous voulons être dans la joie avec eux en ce monde, nous serons affligés avec eux éternellement. […] Quelques Philosophes ont donné ce nom au repos, et à la tranquillité, ils en ont fait l'objet de leur joie, de leur application, et de leur gloire; et vous Chrétiens, vous ne soupirez qu'après les Comédies ? […] C'est une étrange ingratitude de n'estimer pas autant qu'il le faut, de ne vouloir pas même, connaître les abondantes et précieuses délices que Dieu vous a préparées : Qu'y a-t-il de plus aimable, et de plus propre à nous donner une extrême joie; que d'être réconciliés avec Dieu ; que d'être éclairés de sa vérité ; que de connaître les erreurs qui lui sont opposées ; que d'être assurés du pardon de tant de crimes que l'on a commis ? […] Elle sera la joie des Anges ? […] Avec quelle admiration, avec quel plaisir, avec quels transports de joie et d'allégresse verrai-je tant de Rois, qu'on disait avoir été élevés dans le Ciel, gémir dans le fond des ténèbres de l'Enfer avec Jupiter, et les témoins de leur fausse Divinité ?

22. (1675) Traité de la dévotion «  Méditation. » pp. 66-67

Plût à Dieu que j’eusse été honoré de ces communications secrètes dont mon Sauveur fait part à quelques âmes privilégiées, ce qui les comble de joie même au milieu des supplices, et les fait chanter dans les prisons et dans les fers. Apprends mon âme, apprends à chercher en Dieu tes plaisirs et tes délices, il en est la source, toute joie qui ne vient pas de lui se termine par la douleur, par la tristesse, par les pleurs, par le désespoir, et par le grincement de dents.

23. (1694) Réfutation d’un écrit favorisant la Comédie pp. 1-88

si vous voulez dès ce monde ressentir de la joie : que dis-je, vous êtes dans le comble de la folie, si ce qui réjouit les autres est pour vous un plaisir. […] Car les Spectateurs veulent ressentir de la douleur, et cette douleur est leur joie ? […] Que si au contraire il est touché de douleur, il demeure attentif et pleure, et étant en même temps dans la joie et dans les larmes. […] Secondement, parce que dans la Comédie, il y a du côté des Spectateurs des ris et une joie immodérée, le Spectacle n’étant jamais bien reçu si l’on n’en est que médiocrement réjoui. Or saint Thomas condamne de péché mortel le ris et la joie immodérée ; car aprés s’être fait cette question, « S’il peut y avoir du péché dans la superfluité du jeu, voici comme il répond : Il est écrit, le ris sera mêlé de douleur, et la joie se terminera par des pleurs : Ce que la Glose explique des pleurs éternels.

24. (1777) Des divertissements du Carnaval « Des divertissements du Carnaval. » pp. 92-109

Si parmi les calomnies que les Païens faisaient aux Chrétiens, on s’était avisé de leur reprocher que tandis que notre Religion condamne le Paganisme dans tous ses chefs, elle en suit la licence en plusieurs points ; qu’avec une morale austère qui donne des bornes si étroites aux plus honnêtes divertissements, elle permet les joies et les fêtes des Païens ; que ses lois toutes pures, toutes saintes qu’elles sont, ne laissent pas d’autoriser en certains temps le libertinage : et que sévère ou indulgente, selon les diverses occurrences, elle permet en certains jours de l’année la dissolution et les débauches, qu’elle défend en d’autres temps : si l’on eût osé faire cet injurieux reproche aux Chrétiens, avec quelle hardiesse, avec quelle indignation eût-on d’abord crié, et avec raison, au mensonge, à la calomnie ? […] Quel homme de bon sens oserait les autoriser, ces joies licencieuses, par la proximité des jours de pénitence qui les suivent. […] Dites à cette jeune personne que ses parents prennent plaisir d’immoler à tant de vanités, et qui est si contente d’en être la victime ; dites à ce libertin en qui l’esprit du monde et une oisiveté invétérée ont presque éteint l’esprit de Religion ; dites à cette jeune femme qu’un leurre de fortune flatte et éblouit, et qui n’a plus de goût que pour les joies et les fêtes mondaines ; dites-leur que selon saint Chrysostome, il n’y a point de plus dangereux ennemis du salut que ces divertissements nocturnes, ni qui soient moins chrétiens. […] Alors on avouera que les maximes du monde étaient contraires à la véritable sagesse et au bon sens ; et que ces joies n’étaient pas plus permises en carnaval qu’en Carême. […] Quel homme raisonnable peut conserver l’esprit chrétien et ne pas condamner les divertissements profanes du carnaval, et ne pas regarder comme criminelles toutes ces joies licencieuses.

25. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Elle voit avec surprise, que la joie succéde, dans l’ame de son élève, à la douleur & à l’affliction ; qu’elle ne pense plus à la France, où le beau sexe jouit de la plus brillante destinée, & semble lui préférer la prison & l’esclavage. […] Fatime marque à Zaïre que la joie & les nouveaux sentimens que le Sérail lui inspire, lui causent à elle-même de l’étonnement. […] Un homme peut mourir d’apoplexie, ou d’un coup de foudre, ou dans les transports d’une joie immodérée. […] La joie en nous voyant par de trop grands efforts, De ses sens affoiblis a rompu les ressorts. […] L’inquiétude même où ce tendre pere étoit de savoir si sa fille abandonnoit une fausse Religion pour la vraie, y auroit encore contribué ; mais on vient de voir un Prince rassuré sur la foi de sa fille, exciter ses amis à partager sa fermété, remettre son sort & celui de ses enfans entre les mains de son Dieu ; & tout-à-coup ce Héros oublie son intrépidité, succombe à sa joie, & expire.

26. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre XVI. Il y a des divertissements plus utiles et plus décents que les spectacles. » pp. 138-149

« Ces plaisirs peuvent bien charmer un moment nos chagrins, interrompre un peu le cours de nos ennuis, et fixer un instant la joie fugitive ; mais ce n’est que pour rendre nos chagrins plus insupportables, nos ennuis plus accablants et nos regrets plus amers. […] Quelle joie pure et douce naît surtout de l’attachement inviolable à son devoir et du renoncement aux plaisirs défendus ! Cette joie est inaltérable comme la vertu qui la produit, et n’est jamais sujette à de fâcheux retoursbj. » « Une âme belle et sensible n’a-t-elle pas au sein de sa famille, et dans le goût même des lettres et des arts, des plaisirs plus purs qu’elle puisse se permettre ? […] « Le dernier événement du Fils de Dieu est un nouveau spectacle que Tertullien n’a point oublié : il nous remet devant les yeux la joie des esprits célestes, la gloire des saints, la rage des démons, la confusion des réprouvés.

27. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 4. SIÈCLE. » pp. 120-146

Ce qui est encore plus dangereux est le sujet pour lequel on s'emporte dans ces ris immodérés, car aussitôt que ces bouffons ridicules ont proféré quelque blasphème, ou quelque parole déshonnête, on voit que les plus fous sont ravis de joie, et s'emportent dans les éclats de rire. […] Ne me dites point que tout ce qui se fait alors n'est qu'une fiction; cette fiction a fait beaucoup d'adultères véritables, et a renversé beaucoup de familles ; c'est ce qui m'afflige davantage, que ce mal étant si grand, on ne le regarde pas même comme un mal, et que lors qu'on représente un crime aussi grand qu'est celui de l'adultère, on n'entend que des applaudissements et des cris de joie. […] C'est ainsi que nous jouirons dans l'esprit, d'une joie céleste e ineffable, qui ne sera point troublée par les remords de notre conscience, qu'ayant mené ici-bas une vie chaste, nous serons couronnés dans le Ciel par la grâce et par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire et l'Empire maintenant et toujours, et dans tous les siècles. […] Les uns mettent toute leur joie dans les choses de ce monde, les autres dans les Jeux du Cirque, les autres dans les divertissements de la Comédie ; Mais vous, dit le Roi Prophète à chaque juste, Mettez toute votre joie dans le Seigneur, et non pas dans les plaisirs de ce monde.

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