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93. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XII. De l’autorité des Pères.  » pp. 49-51

Ils blâment dans les jeux et dans les théâtres l’inutilité, la prodigieuse dissipation, le trouble, la commotion de l’esprit peu convenable à un chrétien, dont le cœur est le sanctuaire de la paix ; ils y blâment les passions excitées, la vanité, la parure, les grands ornements qu’ils mettent au rang des pompes que nous avons abjurées par le baptême, le désir de voir et d’être vu, la malheureuse rencontre des yeux qui se cherchent les uns les autres, la trop grande occupation à des choses vaines, les éclats de rire qui font oublier et la présence de Dieu et le compte qu’il lui faut rendre de ses moindres actions et de ses moindres paroles ; et enfin tout le sérieux de la vie chrétienne. […] n’a pas déploré dans les comédies ce jeu des passions et l’expression contagieuse de nos maladies, et ces larmes que nous arrache l’image de nos passions si vivement réveillées, et toute cette illusion qu’il appelle une misérable folie.

94. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XV. La tragédie ancienne, quoique plus grave que la nôtre, condamnée par les principes de ce philosophe.  » pp. 61-63

Par ce moyen il poussait la démonstration jusqu’au premier principe, et ôtait à la comédie tout ce qui en fait le plaisir, c’est-à-dire, le jeu des passions. On rejette en partie sur les libertés et les indécences de l’ancien théâtre les invectives des Pères contre les représentations et les jeux scéniques.

95. (1666) Dissertation sur la condemnation des théâtres « Disseration sur la Condemnation, des Théâtres. — Chapitre X. Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. » pp. 217-229

Que l'extrême impudence des Jeux Scéniques et des Histrions fut condamnée. […] Felix, le plus ancien de nos Auteurs, « qui faisons profession d'une vie honnête, nous nous abstenons de vos Pompes, de vos Spectacles, et de tous les mauvais plaisirs que l'on prend, dont nous savons bien que l'origine est un effet de votre superstition, et que leurs agréments sont condamnables ; Car dans le Cirque qui peut souffrir la folie de tout un peuple qui se querelle ; dans les Gladiateurs le cruel art de tuer les hommes, dans les Jeux Scéniques une prodigieuse turpitude ? […] prépare ce grand discours qu'il fait contre les impudences horribles de la Scène, il dit qu'il entend parler des Jeux du Cirque et du Théâtre, et dans la suite il explique les derniers par le seul terme de Mimes, Bouffons et Musique lascive, sans rien imputer de leur honteux libertinage aux Tragédiens et Comédiens.

96. (1675) Traité de la dévotion « Chapitre III. De la trop grande sensibilité aux plaisirs de la terre ; troisième source de l’indévotion. » pp. 58-65

Cela me fait souvenir d’un mot de Cicéron, qui dit, qu’il n’est pas honnête d’exercer par un jeu d’esprit sa Philosophie et sa Rhétorique contre les Dieux, en combattant ou leur existence ou leur providence, sans être Athée. […] J’en dis de même du jeu, fureur qui agite les hommes comme une espèce de démon. […] Renonce, renonce âme dévote aux plaisirs de la terre, choisis des plaisirs spirituels : Que les saintes lectures te charment, comme les mondains sont charmés par leurs mauvais livres ; Que les saintes assemblées et la prédication de la parole te divertissent, comme ils se divertissent à leurs criminels spectacles : Que les œuvres de miséricorde envers les pauvres et les affligés, te soient ce que sont aux gens du monde, leurs vaines courses, leurs jeux, et leurs conversations emportées, et si tu prends des relâches, que l’honnêteté et la sévère vertu soient les modératrices de tous tes plaisirs.

97. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Seconde partie « Causes de la décadence du goût sur le théatre. — Chapitre XIX. Des Talens mal-à-propos attribués aux Comédiens. » pp. 45-62

Le génie qui en composant, le transporte dans toutes les situations, lui indique le plus beau jeu qui ait pu naître de tous ses refforts. […] parce que l’un travaille dans le fond d’un cabinet, & que l’autre joue en public, les finesses dont l’un assaisonnera son jeu, ne seront point à l’autre, qui les a senties & exprimées, soit en détail, soit dans le caractère général de sa piéce & de ses personnages ? […] Nous l’avons insinué au commencement de ce Chapitre ; mais qu’il soit en état de suivre de plan que l’Auteur a tracé ; qu’il mesure son jeu au dégré de chaleur qui anime les personnages ; qu’il saisisse bien l’esprit de son rôle, qu’il joigne à cela la perfection du corps, un organe convenable aux parties qu’il embrasse. […] Il semble que le Comédien ne puisse atteindre la perfection de son art, qu’en s’oubliant entièrement soi-même ; qu’en ne mettant rien du sien dans son jeu ; qu’en ne montrant dans tous ses mouvemens qu’une copie continuelle.

98. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien quatrieme. Sur la vanité & le danger des Bals, & des Danses en particulier, Tiré de la Bibliotheque des Predicateurs, composé par le Reverend Pere Vincent Houdry de la Compagnie de Jesus. » pp. 57-66

Le Fils de Dieu s’est assez ouvertement declaré contre les jeux, & les danses dans le Miracle, dont il est parlé dans l’Evangile, en resuscitant la fille du Prince de la Synagogue ; Miracle, qu’il ne voûlut pas operer tandis que les danseurs, & les joueurs d’instrumens seroient dans la maison ; c’est pourquoi il les fit chasser avant que d’y entrer… Saint Jerome parlant des Danseurs, dit, que c’est le demon qui danse dans leurs personnes, & qu’il se sert de ses laches Ministres pour seduir, & tromper les hommes… En effet tout ce que la volupté, est capable d’employer d’artifice est attaché au bal, à la danse, & à la comedie. […] Nôtre conscience est donc nôtre juge en cette matiere, & nous ne pouvons recuser ce juge incorruptible, & ce fidele témoin, lorsqu’il y va de nôtre salut : … ceux qui aiment le jeux, le bal, la comedie, les spectacles, & qui suivent le luxe, & la vanité du siecle, ne veulent point eutendre chrétiennement ces matieres, afin de pecher plus librement, & sans inquietude. On a beau leur dire, qu’il y a des jeux defendus, des spectacles, & des assemblées ; ils s’en moquent, ferment les jeux, & se bouchent les oreilles pour ne point voir, ni entendre toutes ces choses, qui leur déplaisent.

99. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre VI. Suite d’Anecdotes illustres. » pp. 184-225

La scène est partout ; elle est à l’Église, à la promenade, au jeu, dans les compagnies, dans les loges où l’on va voir le spectacle, & lorsque l’on mène sa maîtresse à la comédie, ce qui est une partie essentielle de la galanterie ; n’est-ce pas une Comédienne qui en va voir d’autres ? […] En France la fabrication & la vente des cartes sont libres ; mais les cartes sont timbrées, & il y a un droit à payer sur chaque jeu avant de pouvoir s’en servir ; ce qui donne le même profit à l’État sous un autre nom. […] 3.° Dans le droit de donner à jouer aux jeux de hasard. Ces jeux sont défendus en France, l’État n’en tire aucun profit. […] Les jeux de hasard par-tout défendus & si pernicieux à la société, sur-tout d’en tenir banque, sont si permis que le Prince en fait trafic, & moyennant une femme convenue avec les fermiers, tout devient légitime.

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