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22. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre III. De la Fable Tragique. » pp. 39-63

Telles sont l’exposition, l’intrigue, la catastrophe. […] Cette derniere espèce d’intrigue est préférée, parce qu’elle fournit une matiere plus abondante ; parce qu’en effet elle produit plus de mouvemens contraires, & plus de combats. Nous ne donerons point d’analyse d’une intrigue défectueuse, les exemples n’en sont pas rares. Ceux à qui cette analyse seroit utile, pourront se satisfaire, en prenant dans celle que nous ferons plus bas d’Alzaïde, ce qui a rapport à l’intrigue.

23. (1783) La vraie philosophie « La vraie philosophie » pp. 229-251

dans le cœur d’une jeune fille, quand elle voit par les intrigues d’une Soubrette, & les aveux d’une beauté ce qu’elle pouvoit faire en secret, en gardant certains ménagemens ? […] Comment penser, sans indignation, à cet esprit de fourberie & de mensonge, de dissimulation & d’intrigue ; à cet esprit de rivalité & de jalousie, d’animosité & de vengeance, de fureur & de cruauté, qu’on applaudit sur le Théatre ? […] Nougaret, la vue des actrices, les femmes qui remplissent les loges, tout porte assez à l’amour, sans qu’il soit nécessaire de composer des drames dont l’intrigue agréable & galante, le style léger & délicat nous invitent à nous livrer à cette passion. […] L’intrigue & l’action forment des images révoltantes : les détails respirent la passion même ; en un mot, tout peint & célebre la volupté. […] L’objet de la plupart des drames même les plus estimés, n’est-il pas de nous peindre sans cesse des intrigues amoureuses, des vices que l’on s’efforce de rendre aimables, des désordres faits pour séduire la jeunesse inconsidérée, des fourberies capables de suggérer les moyens de mal faire ?

24. (1825) Encore des comédiens et du clergé « CHAPITRE IX. Des entreprises de la puissance spirituelle ecclésiastique, contre la puissance temporelle séculière. » pp. 149-173

C’est une hérésie antichrétienne des plus manifestes, de la part de l’ultramontanisme, de vouloir s’ingérer dans les gouvernements de ce bas monde ; d’affecter une espèce de suzeraineté terrestre au-dessus de tous les trônes de la terre ; d’avilir les couronnes et les placer au-dessous de la tiare ; d’entretenir dans tous les Etats une foule de prêtres et de moines qui si souvent dans les affaires temporelles se montrèrent désobéissants envers l’autorité séculière ; d’entretenir enfin auprès des cours l’espionnage jésuitique des enfants de Loyola, afin de tâcher, par des moyens de corruption et par toutes sortes d’intrigues criminelles, influencer et régenter les ministres d’Etat, dans les opérations politiques qui ne doivent dépendre que de la volonté du prince. […] Mais ne sait-on pas que cette société anti-chrétienne se moque également de la religion comme de la morale, et qu’elle se livre avec impudence à toutes sortes d’intrigues, au moyen de congrégations, de confréries du sacré-cœur, et de clubs jésuitiques ? […] Un des meilleurs moyens que puisse employer le gouvernement, pour résister à la faction jésuitique ultramontaine et s’opposer à l’empiètement de l’autorité spirituelle du clergé, est de comprimer les intrigues et les cabales des congréganistes, si dévoués aux pères de la foi, et qui, par l’influence des coteries et des confréries, parviennent à obtenir toutes les places et tous les emplois ; il faut qu’il surveille autant qu’il est possible, les prêtres et les jésuites qui entourent les grands, excitent parmi eux les passions ambitieuses, et cherchent avec hypocrisie à fanatiser et à séduire toutes les classes les plus distinguées, ainsi que les moins éclairées, afin d’augmenter et de fortifier le pouvoir de l’autorité spirituelle. […] On sait combien le parti fanatique, réuni à la faction jésuitique, s’agite et s’intrigue pour s’en emparer, principalement pour faire précéder les cérémonies religieuses, à des actes qui sont purement civils, qui ne doivent avoir que des effets civils, et qui, sous ce rapport, sont entièrement indépendants des religions.

25. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. Madame de Longueville. » pp. 40-83

Il me semble le voir à genoux, comme George Dandin, lui faisant de sages représentations sur ses intrigues. […] Des intrigues amoureuses en furent-elles le ressort secres ? […] L’Espagne promit des armées, des munitions, de l’argent ; Turenne promit son bras, Longueville ses intrigues ; des villes furent accordées pour sureté. […] Cette réconciliation étoit fort difficile ; on étoit irrité contre elle à l’excès, & on n’avoit pas tort ; on redoutoit ses passions, son crédit, ses intrigues, ses talens ; on venoit d’en éprouver les effets. […] Le Prince de Conti, qu’elle avoit engagé dans ses intrigues & dans ses malheurs, donna comme elle dans une grande dévotion, & prit aussi la plume,.

26. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE II. » pp. 18-28

C’est l’intérêt propre que l’on a préféré à celui de l’État ; ce motif plein de force sur l’esprit humain, étouffe les leçons de la justice & de l’honnêteté ; mais dans la défense des Spectacles, l’ambition ne se trouve nullement intéressée, la tolérance n’est pas une dérogation aux droits du Prince, le peuple songeroit moins à la révolte, seroit moins occupé d’intrigues & de cabales, s’il étoit amusé dans un Amphithéâtre. […] « Le luxe qui cherchoit par-tout des divertissemens, appella du fond de l’Italie une bande de Comédiens dont les piéces toutes d’intrigues, d’amourettes & d’inventions agréables, pour exciter & chatouiller les douces passions, étoient de pernicieuses leçons d’impudicite.

27. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Il avoit de l’esprit ; on trouve quelquefois des vers heureux, des scenes bien dialoguées, des intrigues ingénieusement développées ; de l’invention dans quelques plans, en géméral, un style lâche, diffus, dur, prosaïque, plein de lieux communs, point d’élévation, de force, de coloris. […] Son aventure en forme l’intrigue. […] Je dis ordinairement, car il y a quantité de vers défectueux & de rimes fausses, des enjambemens, des répétitions innombrables de pensées, de tours, de rimes, d’intrigues, de dénouemens ; il se copie sans cesse. […] Ils conduisent & dénouent toute l’intrigue. […] Il est vrai que les Grands très-durs pour leurs domestiques deviennent très-petits par leurs vices, & se degradent avec les plus bas confidents entremetteurs de leurs amours, qui les servent dans leurs intrigues, qui les jouent, les volent, les trahissent, les décrient.

28. (1766) Réflexions sur le théâtre, vol 5 « Réflexions sur le théâtre, vol 5 — REFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE CINQUIÈME. — CHAPITRE III. Suite du Mariage. » pp. 55-79

L’intrigue de l’École des Femmes est la même. […] Ce sont ses portes de derriere pour se tirer d’intrigue. […] Tout le théatre de Moliere est également ennemi du mariage ; par-tout quelque infidélité dont on rit, des maris & des femmes qui s’insultent, se maudissent, se battent, dont on badine ; des enfans révoltés contre leurs parens qui s’engagent sans leur aveu, les trompent, les volent, les forcent à se rendre à leur folle passion ; des domestiques fripons, des fourbes, des hommes d’intrigue, qu’on récompense. […] Sans doute il va gagner sa maîtresse par des caresses & des fêtes, corrompre ses domestiques par des promesses & des présens, faire agir des amis par des sollicitations, employer des hommes d’intrigue, tromper les parens, se déguiser, cacher sa marche, &c. […] Les mêmes bons mots, mêmes jeux de théatre, mêmes idées, sentences, morale, intrigue, ressassés de mille manieres, se retrouvent par-tout.

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