L’Acteur auparavant faisoit un récit pour laisser au Chœur le tems de se reposer : le Chœur, dans la suite, ne chanta plus que pour laisser reposer les deux Acteurs : ainsi il devint intermede ; l’Action mise en dialogue eut plus d’étendue, & le Chœur qui en étoit témoin, y prit intérêt.
C’est le vœu d’un homme qui, tourmenté par l’idée de tout ce qui peut vous nuire, a cru devoir chercher ce qui pouvait vous convenir ; d’un citoyen qui, porté à s’occuper des intérêts de la société, a vu qu’elle gagnerait beaucoup à lire vos écrits ingénieux, profonds et sublimes ; à vous connaître, à vous entendre ; si l’on parvenait à détruire la cause de vos maux, qui sont les siens, quand vous l’abandonnez.
Je sai que dans la suite l’intrigue, la crainte, les présens, l’autorité, ont attaché au Parlement, qui n’a de loi que l’intérêt, des arrêts qui l’ont légitimée & ennoblie. […] Elle favorisa l’un par intérêt, il lui étoit utile ; l’autre par estime, il avoit de grands talents ; un autre par crainte, il pouvoit former un parti redoutable ; l’autre par légereté, par caprice, lui avoit plu.
Il en est de même dans les contrats, dans les testamens : le notaire, qui n’a aucun intérêt à la noblesse, & ne répond d’aucune des qualités des contractans, écrit ce qu’on veut ; sa fonction se borne à la date, aux clauses, au sens de l’acte, à l’assistance des témoins : mais il ne se charge point du nobiliaire ; c’est la famille qui se donne toutes les illustrations qu’il lui plaît. […] Elles sera livrée le premier janvier à quiconque de quelque condition, âge ou province du royaume qu’il soit, qui, dans le cours de l’année précédente, aura fait, sans pouvoir être soupçonné d’ambition, de vanité, d’hypocrisie la meilleure action dans l’ordre moral & politique, comme un génereux sacrifice de ses intérêts pour un malheureux, la libération d’un prisonnier pour dettes considérables, le relevement de quelque honnête famille, la dotation de quelques orphelins, l’établissement de quelque communauté, la construction d’un pont nécessaire, un acte extraordinaire de piété filiale, d’union conjugal, de réconciliation, de reconnoissance, &c.
Purgez et épurez le théâtre, dépouillez-le de tout le prestige des passions et des intrigues érotiques, et réduisez-le à l’expression pure du beau, du grand, du sublime, du généreux ; dès-lors les spectacles, aux yeux de la multitude, perdront tout leur intérêt et le théâtre restera désert : preuve donc que les représentations scéniques, prises dans leur ensemble comme elles se font aujourd’hui, sont évidemment blâmables et doivent par conséquent être généralement interdites aux chrétiens, qui n’y rencontrent ordinairement que des occasions de chute et des périls évidents et certains.
Quel intérêt peut-on prendre dans les démêlés ou intrigues monastiques, si on fait paroître un mauvais Religieux ?
Mais lorsqu’il s’agit de se former une idée des véritables inconvéniens des Spectacles, si l’on ne fait que consulter les Livres, on s’expose à se tromper, en copiant ce que le préjugé, un faux zèle, ou l’intérêt ont fait avancer de tout temps aux Misomimes* ; gens dont on peut dire que les griefs n’ont été jamais accompagnés de cette justice qui pouvait y donner du poids.