Et Boniface VIII défend l'art infâme des Bouffons, Jongleurs et Gueulards, c'est-à-dire, selon la glose, l'art des Histrions et Diseurs de mots de gueule, et les prive du privilège de Cléricature, s'ils y persévèrent durant une année. […] Thomas parle des Histrions au sens des derniers siècles, et qu'il comprenne sous ce nom les Acteurs des Poèmes Dramatiques ; Car si l'on n'entendait par ce terme que les Mimes et les Farceurs, son autorité serait encore plus avantageuse aux autres, que l'on ne pourrait pas condamner contre la résolution de ce grand Théologien, qui serait favorable à ceux-là même que les Grecs méprisaient, que les Romains tenaient infâmes, et que jamais on ne leur doit comparer.
sur les Anglais), et avec lui tous les Apologistes de Thalie, trouvent une contradiction entre la conduite du public, qui va à la comédie, et la loi qui déclare le métier de Comédien infâme. […] Lorsque les Italiens et les Anglais apprennent que nous flétrissons de la plus grande infamie un art dans lequel nous excellons, qu’on excommunie des personnes gagées par le Roi, que l’on condamne comme impie un spectacle représenté dans des couvents, qu’on déshonore des pièces où Louis XIV et Louis XV ont été acteurs, qu’on déclare œuvre du démon des pièces reçues par des Magistrats et représentées devant une Reine vertueuse, quand des étrangers apprennent cette insolence et ce manque de respect à l’autorité royale, cette barbarie gothique, qu’on ose nommer sévérité chrétienne, peuvent-ils concevoir que nos lois autorisent un art déclaré infâme, ou qu’on ose couvrir d’infamie un art autorisé par les lois, récompensé par les Souverains, cultivé par les plus grands hommes, et qu’on trouve chez le même Libraire l’impertinent libelle du Père le Brun à côté des ouvrages immortels de Corneille, Racine, Molière ?
Valère Maxime rapporte que des femmes nues jouèrent dans une pièce où l’infâme Héliogabale représentoit Vénus, & dans laquelle il surpassa l’impudence du plus effronté satyre. […] Mais, si du moment qu’on joue la comédie on doit être réputé infâme, tant de rois, tant de princes, tant de magistrats, tant de prêtres, tant de religieux qui l’ont jouée, ou qui la jouent le seront aussi. […] Dans celui où ils jouoient réellement des pièces infâmes, dans celui où il falloit si peu de chose pour être couvert d’opprobre, où un soldat l’étoit pour avoir manqué de bravoure, une veuve pour s’être remariée avant l’année de son veuvage, un marchand pour faire profession de vendre du vin, un médecin pour remplir les devoirs de son état. La médecine en corps a été réputée infâme, & chassée de Rome.
Réglez, dit le Sage, tout votre corps de telle sorte, que nous n'employons point pour faire le mal, les mêmes membres ont nous nous servons pour faire le bien : Comme s'il disait, je vous prie que ces pieds dont vous vous servez pour aller au Temple de Dieu, ne soient point employés pour aller aux Jeux du Théâtre, et aux Spectacles infâmes.
Charlemagne déclara infâmes les histrions & les farceurs, par une Loi portée l’an 789. […] faisons… défenses… à tous Comédiens de représenter aucunes actions malhonnêtes, ni d’user d’aucunes paroles lascives ou à double-entente, qui puissent blesser l’honnêteté publique, & sur peines d’être déclarés infâmes, & autres peines qu’il écheoira : enjoignons à nos Juges, chacun en son district, de tenir la main à ce que notre volonté soit religieusement exécutée ; & en cas que lesdits Comédiens contreviennent à notre présente Déclaration, nous voulons & entendons que nosdits Juges leur interdisent le théâtrea, & procédent contr’eux par telles voies qu’ils aviseront à propos, selon la qualité de l’action, sans néanmoins qu’ils puissent ordonner plus grandes peines que l’amende ou le bannissement : & en cas que lesdits Comédiens règlent tellement les actions du théâtre qu’elles soient du tout exemptes d’impureté, nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudicier à leur réputation dans le commerce public ; ce que nous faisons afin que le desir qu’ils auront d’éviter le reproche qu’on leur a fait jusqu’ici, leur donne autant de sujet de se contenir dans les termes de leur devoir des représentations publiques qu’ils feront, que la crainte des peines qui leur seroient inévitables, s’ils contrevenoient à la présente Déclaration. […] Je pourrois imputer ces préjugés aux déclamations des Prêtres, si je ne les trouvois établis chez les Romains avant la naissance du Christianisme, & non-seulement courans vaguement dans l’esprit du peuple, mais autorisés par des Loix expresses, qui déclaroient les Acteurs infâmes, leur ôtoient le titre & le droit de Citoyen Romain, & mettoient les Actrices au rang des prostituées…… Loin de distinguer entre les Comédiens, Histrions & Farceurs, ni entre les Acteurs des Tragédies & ceux des Comédies, la Loi couvre indistinctement du même opprobre tous ceux qui montent sur le Théâtre, quisquis in scenam prodierit, ait Prætor, infamis est a.
Nous quittons le manger, nous abandonnons notre maison, nous négligeons nos affaires importantes, pour nous occuper à ces vanités, et à ces infâmes divertissements; et nous ne voulons pas demeurer une heure dans l'Eglise pour vaquer à la prière, et à la lecture, et pour nous tenir en la présence de Dieu: Nous nous hâtons d'en sortir aussi vite que si nous nous retirions d'un embrasement: Si la Prédication de l'Evangile dure un peu trop, nous faisons éclater notre indignation, et notre impatience : Si le Prêtre fait des prières un peu longues, nous sommes sans goût, et sans attention : Si celui qui offre le sacrifice non sanglant tarde tant soit peu, nous nous ennuyons, et nous regardons la prière comme un procès dont nous voudrions avoir une prompte expédition ; et cependant suivant les mouvements du Diable, nous nous emportons dans les vanités, et dans les voluptés.
.° A combien plus forte raison, si quelque Ecclésiastique déshonore la dignité de son état, jusqu’à se faire Comédien, il devient infâme et perd tout privilège clérical : « Cleri qui clericalis ordinis dignitati non modicum detrahentes, se joculatores seu gaillardos faciunt, aut buffones, ipso jure careant omni privilegio clericali. » (C. […] Faut-il être surpris si un Comédien, quoiqu’il ait quitté ce métier infâme, traité comme un énergumène qui serait délivré du Démon, ne peut encore recevoir les ordres, sans dispense ? […] Des traits de ce caractère ne feront pas révoquer les lois qui déclarent les Comédiens infâmes. […] Mais le ministère public pourrait-il tolérer que victimes d’un privilège extorqué par la débauche du théâtre, une honnête fille, un fils de famille, séduits et changés en bête par quelqu’une de ces Calypso, plus dangereuses enchanteresses que celle de la fable, portassent le déshonneur dans leurs familles, qui n’auraient pu ni prévenir ni connaître ces unions infâmes et ces scandaleux commerces ? […] C’en est une des plus importantes de ne pas admettre une personne infâme à alléguer sa propre turpitude, et à se faire elle-même le procès, pour revenir contre son propre fait, et détruire son propre acte, par des moyens que sa mauvaise foi a préparés, afin de profiter de la cassation, pour favoriser sa débauche.