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3. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

On commence par se livrer aux impressions de l’amour : le remède des réflexions ou du mariage vient trop tard. […] Qui étale, bien que ce soit pour le mariage, cette impression de beauté sensible qui force à aimer, et qui tâche à la rendre agréable, veut rendre agréables la concupiscence et la révolte des sens. […] Les impressions vives et touchantes, dont nous prenons l’habitude, sont-elles bien propres à modérer nos sentiments au besoin ? […] Quand il serait vrai qu’on ne peint au théâtre que des passions légitimes, s’ensuit-il de là que les impressions en soient plus faibles, que les effets en soient moins dangereux ? […] On est séduit sans avoir la force de revenir contre de si douces et de si fortes impressions : tout fait illusion et tout concourt à la maintenir.

4. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XI. De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. » pp. 165-178

De l’amour & de ses impressions dans le Poéme Tragique. […] Ce pere de notre scène sentoit que cette passion uniforme dans ses effets comme dans ses causes, ne pouvoit produire que des impressions foibles & peu tragiques. […] Je ne crois pas qu’il nie que ces fautes, ou plutôt l’amour, à moins d’être manié par des Racine, ou par lui-même, ne fera jamais sur le Théatre que de médiocres impressions. […] Le jeu d’une passion théatrale consiste à se développer par un enchaînement d’impressions qui la menent insensiblement à son comble. Mais cette chaîne se rompt à chaque instant ; aussi l’impression primitive s’efface-t-elle par les scènes galantes. » Que contiennent-elles ces scènes ?

5. (1760) Critique d’un livre contre les spectacles « DISCOURS PRELIMINAIRE. » pp. -

Avant que de suivre ses impressions, il faut en rendre raison, les disséquer, les évaluer, les soumettre au ton du jour. […] Tout n’est presque 1 a sur la terre qu’illusion pour les hommes ; c’est leur seule réalité : ils parlent, ils s’agitent dans le mode des impressions qui les met en mouvement ; mais la cause de ces impressions en est cachée à tous. […] Je n’ai pas besoin d’une boule pour en ressentir l’impression ; mes muscles, par leur propre mouvement, peuvent se trouver disposés de même que dans ce contact2. […] L’impression bien faite de la vertu ne s’efface point. […] Je m’imagine que d’autres hommes sont organisés comme moi, et par conséquent reçoivent une même impression.

6. (1698) Théologie du cœur et de l’esprit « Théologie du cœur et de l’esprit » pp. 252-267

Quelles impressions ne laissent-elles point à ceux qui les voyent representer ? & peuvent-ils accorder ces impressions avec la sainteté de notre Religion ? […] & nous les representer, sans nous faire ressentir les mêmes impressions qu’ils ressentent ? […] Peut-on recevoir de pareilles impressions, de pareilles idées, de pareilles images, & y être insensible ? […] Manquent-ils jamais de faire de mauvaises impressions en nous ?

7. (1675) Lettre CII « Lettre CII. Sur une critique de son écrit contre la Comédie » pp. 317-322

Pour moi si j’ai jamais quelque juridiction sur ce livre par une seconde impression, je ne le traiterai pas si favorablementc ; et je n’oserais dire à quoi monteraient les corrections que j’y pourrais faire, si j’en avais le loisir, tant il y a de choses à observer, quand on veut éviter la négligence de style. […] Ainsi tout ce que je puis faire est de prier les personnes intelligentes de n’en rien dire, et de laisser couler cette impression à la faveur de l’indulgence publique. […] Car c’est toujours un défaut d’avoir besoin d’être justifié par des raisons si recherchées, y ayant bien plus de personnes capables de sentir cette première impression qui les choque, qu’il n’y en a qui aient ou assez d’intelligence, ou assez de patience pour entrer dans ces raisons qui pourraient dissiper cette impression. […] [NDE] Après une rapide défense concernant les fautes d’impression, Nicole refuse donc de répondre aux remarques que sa correspondante aurait faites sur son style et passe aux remarques de contenu, concernant deux vers du Cid que l’on ne peut identifier avec certitude en l’absence de la lettre initiale.

8. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XVIII.  » p. 474

Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point, parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme ressentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui est ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces vers. […] Si l'on ne parlait jamais de ceux qui se battent en duel, que comme de gens insensés et ridicules comme ils le sont en effet ; si l'on ne représentait jamais ce fantôme d'honneur qui est leur idole, que comme une chimère et une folie ; si l'on avait soin de ne former jamais d'image de la vengeance que comme d'une action basse et pleine de lâcheté, les mouvements que sentirait une personne offensée seraient infiniment plus lents: mais ce qui les aigrit et les rend plus vifs, c'est l'impression fausse qu'il y a de la lâcheté à souffrir une injure. Or on ne peut nier que les Comédies, qui sont toutes pleines de ces mauvaises maximes ne contribuent beaucoup à fortifier cette impression; parce que l'esprit y étant transporté et tout hors de soi, au lieu de corriger ces sentiments, s'y abandonne sans résistance, et met son plaisir à sentir les mouvements qu'ils inspirent, ce qui le dispose à en produire de semblables dans l'occasion.

9. (1675) Traité de la comédie « XVIII.  » pp. 300-301

Il ne faut pas s'imaginer que ces méchantes maximes dont les Comédies sont pleines ne nuisent point; parce qu'on n'y va pas pour former ses sentiments, mais pour se divertir: car elles ne laissent pas de faire leurs impressions sans qu'on s'en aperçoive ; et un Gentilhomme sentira plus vivement un affront, et se portera plus facilement à s'en venger par la voie criminelle qui était ordinaire en France, lorsqu'il aura ouï réciter ces Vers: « Mourir sans tirer ma raison : Rechercher un trépas si mortel à ma gloire ; Endurer que l'Espagne impute à ma mémoire D'avoir mal soutenu l'honneur de ma maison; N'écoutons plus ce penser suborneur. » Et la raison en est que les passions ne s'excitent pas seulement par les objets, mais aussi par les fausses opinions dont l'esprit est prévenu. […] Mais ce qui les rend plus vifs, c'est la fausse impression qu'il y a de la lâcheté à souffrir une injure. Or on ne peut nier que les Comédies, qui sont toutes pleines de ces mauvaises maximes, ne contribuent beaucoup à fortifier cette impression; parce que l'esprit y étant transporté et tout hors de soi, au lieu de corriger ces sentiments s'y abandonne sans résistance, et met son plaisir à sentir les mouvements qu'ils inspirent, ce qui le dispose à en produire de semblables dans l'occasion.

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