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66. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

Si l’on ne propose pas dans nos comédies des violences semblables à celles-là, on en fait imaginer d’autres, qui ne sont pas moins dangereuses ; et ce sont celles qu’on fait sur le cœur qu’on tâche à s’arracher mutuellement, sans songer si l’on a droit d’en disposer, ni si on n’en pousse pas les désirs trop loin.

67. (1707) Réflexions chrétiennes « Réfléxions chrétiennes, sur divers sujets. Où il est Traité. I. De la Sécurité. II. Du bien et du mal qu’il y a dans l’empressement avec lequel on recherche les Consolations. III. De l’usage que nous devons faire de notre temps. IV. Du bon et mauvais usage des Conversations. Par JEAN LA PLACETTE, Pasteur de l’Eglise de Copenhague. A AMSTERDAM, Chez PIERRE BRUNEL, Marchand. Libraire sur le Dam, à la Bible d’Or. M DCCVII — Chapitre XIII. Du temps que l’on perd au bal et à la danse. » pp. 280-284

Et que peut-on imaginer de plus vain qu’une telle pretension ?

68. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Le génie sinistre qui semble diriger les opérations et fixer le goût de ce siècle, a imaginé de substituer des enfans aux comédiens, et de ne plus se servir de ceux-ci que comme d’instituteurs et de curateurs de ces jeunes baladins, qui parfaitement modelés sur le ton et les talens mimiques des anciens, ajouteroient aux attraits ordinaires des spectacles la candeur et l’intéressante naïveté de la jeunesse. […] Eussent-ils songé seulement à s’éloigner des limites de leur patrie, s’ils avoient imaginé que les guerriers, dont le sang devoit cimenter la victoire, expireroient dans le camp d’un genre de mort vulgaire ? […] Les nations ont imaginé toutes sortes de titres pour illustrer la mémoire des héros ; il en est un jusqu’ici inconnu, destiné au nouvel Alcide qui abattra le mimisme ; celui de restaurateur de l’espèce humaine. » Tel est, s’il m’est permis de lever un moment le voile de l’avenir, le discours que quelque puissant ami de l’humanité adressera un jour à un prince que la réforme des grands abus n’effraie pas. […] Imaginez dans quelle crise doit se trouver l’état physique d’un homme, qui se tenant dans une situation immobile et gênée, l’espace de trois ou quatre heures, dans une place hermétiquement fermée, respire 30 ou 60 mille fois l’haleine de 3000 personnes asthmatiques, pulmoniques, scorbutiques, hydropiques, éthiques, lépreuses, etc., effrayant mélange d’air, épaissi encore et détérioré par la fumée de quelques centaines de chandelles, lampes, bougies, flambeaux, etc. ; qui en même-temps éprouve toutes les commotions de volupté, de haine, de tristesse, de vengeance, etc., que le spectacle fait naître.

69. (1767) Réflexions sur le théâtre, vol 6 « Réflexions sur le théâtre, vol 6 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE SIXIÈME. — CHAPITRE II. Théatres de Société. » pp. 30-56

Quant aux libertés que l’Auteur s’y donne, son titre fait sa justification bien moins que les tournures adroites & voilées qu’il a imaginées pour adoucir la vivacité (la grossiereté) des tableaux. […] Ces théatres de société sont devenus si fort à la mode à Paris & dans les provinces, que pour en faciliter l’exécution, on a imaginé deux branches de commerce. […] On a même imaginé à l’opéra de lever le parterre à niveau du théatre, pour faire la salle du bal. […] Tout ce que les arts ont de plus exquis, de plus gracieux, de plus riant, ils l’ont réuni dans le château de Madame de N.…, Le théatre, qu’on n’a eu garde d’y négliger, a été occupé par l’Amour Architecte, ballet charmant, aussi joli que bien imaginé (c’est en effet l’amour qui est l’Architecte de tous les théatres).

70. (1758) Causes de la décadence du goût sur le théatre. Première partie « Causes de la décadence du goût sur le théâtre. — Chapitre XII. Des Machines & du merveilleux. » pp. 179-203

Il faut imaginer des signes qui ne laissent aucun doute sur les objets reconnus, & on a de la peine à leur donner ce dégré d’authenticité qui leur est nécessaire. […] Sophocle imagina de faire présenter par Oreste à Electre, un anneau qu’il lui dit être celui d’Agamemnon.

71. (1752) Traité sur la poésie dramatique « Traité sur la poésie dramatique — CHAPITRE IX. Défauts que les Etrangers ont coutume de reprocher à notre Tragédie. » pp. 231-259

Les Etrangers s’imaginent qu’en prononçant deux Vers, nous nous reposons quatre fois, à cause des quatre hémistiches : le sens & l’ordre des mots s’y opposent souvent, surtout dans les Vers de passion, & nous obligent d’y faire deux ou trois Césures, & d’enjamber. […] Pouvoit-on s’imaginer que l’amour ne devoit point s’accorder avec la majesté de la Tragédie, dans un tems où on croyoit pouvoir l’accorder avec la sévérité de la Religion ? […] Il n’est pas étonnant qu’on l’accuse en Italie d’avoir mis à la mode dans notre Tragédie, le langage amoureux, puisque dans le pays où il doit être mieux connu, tant de Personnes s’imaginent que ce langage étoit toujours le sien, qu’il ne faisoit ses Tragédies que pour faire valoir une Actrice, dont il étoit l’esclave, Actrice cependant qui n’eut jamais (comme j’en suis certain) aucun empire sur lui, & qu’on se représente parlant d’Amour parmi les femmes, un homme qui uniquement occupé de l’étude de son Art, passa avec les Poëtes Grecs le tems de la vie où les passions sont les plus vives.

72. (1824) Du danger des spectacles « DU DANGER DES SPECTACLES. » pp. 4-28

« Le besoin de distraction n’est pas aussi nécessaire à l’homme qu’on se l’imagine communément ; c’est bien moins une loi de la nécessité que le résultat de l’empire de l’habitude et de l’imagination. […] « Ceux-là se trompent étrangement qui s’imaginent que les ouvrages de ce genre ne font sur eux aucune impression funeste, parce qu’ils n’y réveillent aucun désir coupable. […] « Et qu’on ne s’imagine pas que, de ce que l’on ne va pas au spectacle pour former ses sentiments, mais bien pour se divertir, il s’ensuive que les maximes coupables dont les pièces de théâtre abondent ne peuvent être funestes ; ces maximes ne manquent pas de faire impression, bien que nous ne nous en apercevions pas.

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