Benoist,à l’Image S.
Car si toutes les choses temporelles ne sont que des figures et des ombres, en quel rang doit-on mettre les Comédies, qui ne sont que les ombres des ombres, puisque ce ne sont que de vaines images des choses temporelles, et souvent de choses fausses ?
Car si toutes les choses temporelles ne sont que des figures et des ombres sans solidité: on peut dire que les Comédies sont les ombres des ombres, et les figures des figures, puisque ce ne sont que de vaines images des choses temporelles, et souvent de choses fausses.
Themire éloigne une parure Que la nature t’interdit, Que ta beauté Naïve & pure, Soit l’image de ton esprit. […] Les bergeres ne se fardent pas, le fard est plus recherché que l’or & les diamans, qui ne sont que riches, & ne donnent point la beauté ; les fleurs qu’une bergere cueille dans un champ voisin, se mettent tout naturellement dans les cheveux, & sur son sein, sans les faire passer par l’alambic ; une bergere n’est pas chimiste, cette image combat son art. […] Un libertin y fait tracer le portrait de sa maîtresse, une femme dévote les images des Saints ; c’étoit alors la fureur de l’affaire du Pere Girard avec la Cadiere. […] Le fard est une enseigne de libertinage, dit Saint Jerôme ; senocinii commentum , ses couleurs empruntées effacent l’image de Dieu, & les vraies couleurs de la vertu : Picturis & coloribus deletur color virtutis imago Dei. […] Une femme est réellement, & se croit une idôle, dont tout adore les charmes ; elle est sa premiere & sa plus dévote adoratrice, & prêtresse ; son autel est son miroir, & son image l’objet de ses transports réligieux, elle en attend d’aussi vifs de tous ceux qui la voient, & pour les obtenir elle épuise tout ce qu’elle croit pouvoir l’embellir, & le fard lui en paroît un moyen assuré ; l’idolâtrie de son côté, croyoit ne pouvoir mieux honorer ses Dieux, qu’en les embéllissant, les fardant, les enluminant comme les femmes.
Si bien que comme les Images des Temples sont comme les livres des simples, aussi les représentations leur servent de lecture et leur apprennent diverses Histoires tant saintes que séculières dont ils tirent beaucoup de lumière et d’instruction. […] Un des plus grands plaisirs de la Scène c’est quand il arrive par le cours de l’action que quelqu’un de ceux qui l’aiment doit être son mari, car alors sans feinte, sans masque et sans déguisement ils la courtisent sur le théâtre et font voir clairement avec combien de passion ils adorent cette beauté, et elle relevant son teintg et baissant ses yeux augmente sa beauté par sa pudeur et sa modestie : et en même temps elle est aimée de tous les spectateurs comme une vivante image de vertu. […] J'ai appris que votre Majesté est sur le point de faire une de ses aumônes extraordinaires et qu’elle a ordonné certaine somme pour le mariage ou temporel ou spirituel de quelques pauvres filles je vous supplie très instamment Madame, ou plutôt je vous conjure par les entrailles de la miséricorde de ce bon Dieu dont vous êtes l’image de me mettre au rang de celles qui destinées au Cloître ressentiront l’effet de votre Royale munificence.
On ne voit point avec joie l’image d’un vice qu’on haït sincérement.
Les Spectacles auraient été bientôt détruits, si l’homme ne s’était absolument intéressé qu’à la vérité ; mais il suffit qu’il en voye l’apparence ; sa seule image le touche & l’affecte. […] Enfin, la Comédie étant l’image simple & peu ornée de ce qui se passe dans la société, doit plaîre nécessairement aux Spectateurs, qui ne se méconnaissent pas tout-à-fait dans les avantures & dans les vices qu’elle leur trace.