/ 457
125. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE V. » pp. 82-97

Thomas qui rapporte ce dernier trait, entre volontiers dans l’idée de Saint Chrysostome, il juge les Spectacles3 vicieux par le scandale qu’ils donnent ; on y reçoit des leçons de cruauté & d’incontinence. […] C’est surtout à l’occasion du Théâtre que l’on voit régner aujourd’hui le désordre prédit par Saint Paul : la saine doctrine devient importune, on la rejette avec mépris, & l’on choisit en sa place des maximes agréables ; on prend pour guides des maîtres dont les idées sont plus assorties au penchant de la nature.

126. (1762) Lettres historiques et critiques sur les spectacles, adressées à Mlle Clairon « Lettres sur les Spectacles à Mademoiselle Clairon. — LETTRE VII. » pp. 115-130

Les obscénités que Moliere a supprimées, n’ont point reformé le Théâtre : l’expression ne change rien au fond des choses ; elle ajoute quelquefois certaines idées qui marquent la passion, c’est-à-dire, l’affection ou le mépris ; mais ces idées accessoires ne suivent pas constamment, elles varient selon le changement des tems & des usages.

127. (1668) Idée des spectacles anciens et nouveaux « Idée des spectacles anciens et nouveavx. — Des anciens Spectacles. Livre premier. — Chapitre II. Des Naumachies. » pp. 100-111

Mais le lieu & le nom ont esté bien-tost changez ; & il n’en reste d’apparence ny de vestige, qu’vn souvenir & qu’vne idée. […]  ; qu’il est mesme en quelque façon contre la bien seance d’en toucher quelque chose, d’en rapeller le souvenir, & d’en salir son idée.

128. (1658) L’agent de Dieu dans le monde « Des théâtres et des Romans. CHAPITRE XVIIII. » pp. 486-494

Quand le dessein principal serait de condamner la tyrannie, en faisant voir ses progrès toujours orageux, et sa fin ordinairement misérable, ces noires pratiques salissent toujours l’esprit des assistances ; elles y laissent les idées d’un mal, dont la passion se peut servir en mille rencontres, et qu’il était meilleur d’ignorer. […] Ce n’est pas un amour purement brutal et sensible, qui fait les grands désordres dans le monde ; c’est cet autre amour qui tient de l’esprit, qui se repaît de ses idées ; qui ne veut pour prix que des complaisances, qui se figure quelque choses de divin en son objet, et qui lui croit aussi rendre des respects fort innocents ; c’est cet amour qui met les soupirs au cœur, les larmes aux yeux, la pâleur sur le visage, qui occupe jour et nuit toutes les pensées, qui porte l’extravagance et à la fureur, et voilà l’amour que les plus chastes théâtres mettent dans les cœurs.

129. (1754) Considerations sur l’art du théâtre. D*** à M. Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Geneve « Considérations sur l’art du Théâtre. » pp. 5-82

Rien n’est plus propre à développer dans nos ames les idées de justice, à fortifier le penchant qui nous porte à la vertu, que les honneurs qu’on lui rend sur la scene. […] L’habitude de juger les méchans sur la scene, éclaire & perfectionne nos idées de justice. […] Ces loix si vantées auroient dû inspirer à leurs observateurs les sentimens les plus nobles & les plus relevés de la véritable générosité, sans laquelle on n’a que des idées imparfaites de la justice. […] Vous avez de singulieres idées du prix attaché à la qualité d’honnête homme, pour vous croire permis d’en dépouiller aussi légerement, sur la foi d’un préjugé frivole, des gens dont la conduite avec vous paroissoit mériter un jugement plus favorable. […] L’empire de la raison & de la vertu s’accroît par l’aggrandissement du cercle de nos idées.

130. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Par exemple, le petit peuple libertin et qui n’a aucun principe d’éducation, nulle idée de la bienséance, nul fonds pour fournir à un entretien agréable, ne connaît point d’autre ressource dans sa stérilité que de se jeter sur des ordures. […] Par exemple, quand il rapporte l’inceste d’Œdipe il enveloppe ce que cette idée a de choquant, il l’éloigne et la dépayse par des expressions métaphoriques. […] Ménélas et Hélène savent se modérer sur l’agréable surprise de se revoir après une longue absence :Helen. 277 leurs plus tendres expressions ne portent aucune mauvaise idée avec elles. […] N’est-ce pas composer des farces et non des Poèmes que de métamorphoser les caractères ou les défigurer par des couleurs étrangères à l’idée générale qu’en ont tous les hommes ? […] La poésie et la peinture ont également pour objet le mélange de l’utile avec l’agréable : mais le Poète et le Peintre doivent irrémissiblement se retrancher toute idée qui peut induire à un indigne plaisir : sans cela, ils renoncent à leur fin ; et tandis qu’ils plaisent à l’esprit, ils empoisonnent le cœur….

131. (1767) Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs « Essai sur les moyens de rendre la comédie utile aux mœurs — AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR. » pp. 3-6

Ses idées furent diversement reçues du public ; on rendit justice à la sagesse de l’Auteur, mais on n’approuva pas généralement ses moyens de réformation, qui, à dire vrai, équivalent presque à une suppression entiere des spectacles.

/ 457