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29. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « V. Si la comédie d’aujourd’hui purifie l’amour sensuel, en le faisant aboutir au mariage.  » pp. 19-24

On répond que pour prévenir le péché, le théâtre purifie l’amour ; la scène toujours honnête dans l’état où elle paraît aujourd’hui, ôte à cette passion ce qu’elle a de grossier et d’illicite : et ce n’est après tout qu’une innocente inclination pour la beauté, qui se termine au nœud conjugal. […] C’est pour vous dire, que le licite loin d’empêcher son contraire, le provoque : en un mot, ce qui vient par réflexion, n’éteint pas ce que l’instinct produit ; et vous pouvez dire à coup sûr, de tout ce qui excite le sensible dans les comédies les plus honnêtes, qu’il attaque secrètement la pudeur.

30. (1823) Instruction sur les spectacles « Chapitre IV. Les spectacles inspirent l’amour profane. » pp. 32-50

Le licite, loin d’empêcher l’illicite de se soulever, le provoque ; ce qui vient par réflexion n’éteint pas tout ce que l’instinct produit ; tout ce qui attaque le sensible dans les comédies les plus honnêtes, attaque et détruit secrètement la pudeur. […] C’était donc d’une action fort honnête faire un exemple de corruption. […] L’homme sans doute ne peut exister sans passions, parce qu’il ne lui est pas donné d’ôter à son âme les sentiments du plaisir et de la douleur, qui sont les principes de toutes les autres passions ; mais il doit en faire un bon usage en les rapportant à des objets légitimes ; et, lorsque pour une fin honnête on veut les exciter dans les autres, on doit le faire d’une manière qui ne soit ni vicieuse ni dangereuse. […] Ils ont pu prescrire des bornes à la passion de leurs personnages, et pour cela ils n’ont eu besoin que d’un trait de plume ; mais ils n’ont pu en prescrire aux spectateurs, ni les empêcher de recevoir les impressions de l’amour, ni resserrer cette passion dans les bornes du devoir en la dirigeant vers un but honnête. […] « En effet, continue ce spirituel courtisan, c’est une peinture si naturelle et si délicate des passions, qu’elle les anime et les fait naître dans notre cœur, et surtout celle de l’amour, lorsqu’on la représente chaste et honnête.

31. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VI. Suite de l’infamie civile. » pp. 126-152

Un de nos Rois, défendant les habits somptueux aux honnêtes femmes, les permit aux femmes publiques, pour les faire distinguer par leurs excès. […] Conviendrait-il même de voir des personnes infâmes dans un lieu honnête ? […] Une honnête fille, liée avec eux, se déshonorerait. […] Que penser de l’apologie du théâtre par Marmontel, qui fait une pathétique exhortation de fournir aux Comédiennes un revenu honnête, un état d’aisance, où elles puissent étudier commodément leurs rôles, pour éloigner le libertinage ordinaire où les jette leur pauvreté ? […] La qualité de Chrétienne et d’honnête femme est un titre pour le quitter malgré les engagements, une vie contraire un titre pour y être rappelé malgré la renonciation.

32. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

Parce qu’ils sont moins honnêtes que la comédie, à laquelle il ne leur est pas permis d’aller. […] Et certes c’est là que l’impureté triomphe souvent d’une maniere plus ingenieuse & plus subtile que par tout ailleurs sous le nom specieux d’honnête liberté, de belle humeur, de galanterie & d’enjoûment. […] « Le diable, dit-il, se trouve assûrément par tout où l’on danse d’une maniere peu honnête. […] Saluste rapporte que Sempronia sçavoit mieux chanter & danser, que ne devoit faire une honnête femme. […] Des biens de l’honnête travail, en Espagnol, Discours 6.

33. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Si donc tout cela est bon et honnête, l’on a droit de dire que la Comédie est telle ; c’est ce qu’il faut voir en détail. […] « La Comédie étant devenue toute honnête, ceux qui la représentent et qui vivent honnêtement d’ailleurs, doivent sans difficulté être mis au nombre des honnêtes gens. »p. 34. […] Le gain que les Comédiens se proposent dans la représentation de leurs Pièces, est encore une mauvaise fin ; car quoi que ce soit peut être par une malheureuse nécessité, et pour ne pas mourir de faim, qu’ils persistent dans ce métier infâme, ils n’ont pas dû néanmoins s’y engager, et il leur était libre de choisir quelque autre profession honnête, où ils auraient trouvé de quoi subsister, comme tant d’autres en trouvent. […] Que si le Chrétien négligeant de faire ces choses, demeure dans une oisiveté honteuse ; ou bien, ce qui est encore pis, si au lieu de s’occuper à quelque chose d’honnête et utile, il passe son temps dans les vanités et les folies du siècle ; certainement il vaudrait mieux qu’il travaillât des mains, suivant le conseil de l’Apôtre, pour avoir le moyen d’assister les pauvres de gain de son travail. […] Dimanches ont été donnés, dit-il, non seulement pour vaquer plus particulièrement qu’aux autres jours au service de Dieu : mais ils ont aussi été institués pour prendre du repos ; afin qu’à l’exemple de Dieu même, qui se reposa le septième jour après le grand ouvrage de la création du monde, nous puissions nous reposer en quelque manière, en prenant un plaisir aussi honnête qu’est la Comédie. » O la jolie pensée !

34. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXVI. Sentiment de Saint Antonin. » pp. 93-96

« à chanter ou les louanges de Dieu ou les histoires des Paladins ou d’autres choses honnêtes en temps et lieu convenable.  » Un si saint homme n’appellerait jamais honnêtes les chants passionnés, puisque même sa délicatesse va si loin qu’il ne permet pas d’entendre « le chant des femmes » Ibid.

35. (1579) De l’Imposture et Tromperie « Livre premier. Des jeux et autres observations séculières retenues de l’ancien Paganisme. Chapitre 22. » pp. 101-107

Le jeu et récréation honnête n’est pas guère moins nécessaireab. […] Saint Antoine (père et auteur des moines), lequel a mené une vie si austère et si sainte, fut trouvé un jour ès déserts d’Egypte avec aucuns de ses moines par un certain seigneur Arabe allant à la chasse, faire telles récréations honnêtes desquelles ledit seigneur Arabe voulant quasi se scandaliser fut tout à l’heure satisfait par ledit Saint AntoineSaint Justin en l’Epître qu’il écrit à Zenas et Sérénus baille une règle et institution de bien vivre au Chrétien, et lui permet d’user d’ébat et raillerie honnête et civile pour adoucir ou recréer celui qui est naturellement chagrin et fâcheux. […] Saint Justin en l’Epître qu’il écrit à Zenas et Sérénus baille une règle et institution de bien vivre au Chrétien, et lui permet d’user d’ébat et raillerie honnête et civile pour adoucir ou recréer celui qui est naturellement chagrin et fâcheux.

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