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267. (1759) L.-H. Dancourt, arlequin de Berlin, à M. J.-J. Rousseau, citoyen de Genève « CHAPITRE II. De la Tragédie. » pp. 65-91

Mais quelle horreur n’aura-t-on pas pour un Scélérat protégé ou puissant qui, après s’être impunément souillé de tous les crimes, aura néanmoins été assez bien servi en Cour pour en sortir blanc et net, et pour obtenir même un poste éclatant du haut duquel il insulterait à la probité, braverait les lois, opprimerait les faibles et les innocents : un tel homme serait d’autant plus odieux à tout le monde qu’il jouirait tranquillement de ses forfaits, et qu’il serait heureux au sein du crime : ceux qui se seraient attendris pour lui en le voyant conduire au supplice deviendraient eux-mêmes ses bourreaux, au moment qu’ils le voient heureux.

268. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE V. Des Pièces tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 96-119

On s’accoutume à regarder les plus saints, les plus grands hommes, comme des personnes ordinaires, des personnages de théâtre, fort au-dessous du haut degré de vénération où l’Esprit Saint les présente.

269. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Le synode de Zélande fit demander à leurs Hautes Puissances qu’on fît une défense générale de jouer pour les Provinces Unies, et qu’on y abolît le théâtre.

270. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre III. Jurisprudence du Royaume. » pp. 51-74

Quoique Cicéron ne soit ni Législateur ni Jurisconsulte, il est d’un mérite fort supérieur à Montaigne, et mérite une attention particulière, non seulement comme un des plus beaux esprits, des plus éloquents orateurs, des plus sages philosophes qui aient jamais paru, mais parce que c’était un homme élevé aux plus hautes magistratures, Sénateur, Consul, Gouverneur de province ; qui avait toujours vécu avec le plus grand monde, fréquentant, connaissant parfaitement le théâtre, lié avec le plus célèbre Comédien, Juge éclairé et équitable du mérite des pièces et du prix de la bienséance et de la vertu ; qui vivait dans un temps où le théâtre n’était point parvenu à la dissolution où il fut porté sous les Empereurs et où se jouaient les comédies de Plaute et de Térence, qui nous restent encore, et par lesquelles on peut comparer le théâtre Romain avec le nôtre.

271. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre IV. Bassesse légale du métier de Comédien. » pp. 75-100

On n’aurait garde de leur reprocher un défaut qui ne dépend pas de nous, on leur en ferait même un mérite, si s’élevant au-dessus de leur naissance, ils la faisaient oublier par leurs vertus, et la rachetaient par des talents utiles ; mais tout en eux rappelle la bassesse de leur extraction et dégraderait la plus haute noblesse.

272. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Des tentations pressantes commencent à l’ébranler, elle ne résiste presque plus que pour mettre un plus haut prix à ses charmes.

273. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre III. Du Cardinal de Richelieu. » pp. 35-59

Ainsi de la même main le Poète Cardinal bâtit l’Eglise de Sorbonne et celle de Richelieu, et les théâtres dans ses maisons de ville et de campagne ; il fait paraître la Conduite à la perfection, et compose Mirame, l’Europe, les Tuileries ; fait des livres de controverse, et fait faire la critique du Cid ; il a à ses gages des troupes de Comédiens et des Missionnaires, nomme des Evêques et choisit des Actrices, prend la Rochelle pour abattre le Calvinisme en France, et fait ravager l’Allemagne par les Luthériens ; élève au plus haut point l’autorité royale, et soutient la République de Hollande ; fait décapiter, sous prétexte de révolte, Chalais, Marillac, Montmorency, Cinq-Mars, et révolter le Portugal contre l’Espagne ; fait condamner Richer pour avoir attaqué l’autorité du Pape, et fait menacer le Pape de se soustraire à son autorité par l’érection d’un Patriarche ; et pour terminer la pièce, il protestait à sa mort qu’il n’avait jamais agi que pour la gloire de Dieu, même allant à la comédie, composant des pièces, les faisant représenter, bâtissant dans sa maison un théâtre.

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