Il en parla à sa sœur, qui reçut fort mal ses avis, & se brouilla avec lui. […] Montbazon régnoit : mais comme ses talens étoient fort inférieurs à ceux de sa devanciere, elle ne régna pas longtemps. […] Malgré la sagesse de ces lettres, il y a des expressions fort singulieres. […] Privée de ses amans, éloignée de son mari, & l’aimant fort peu, la dévotion fut sa ressource. […] L’alliances des Bourbons avec Mazarin, étranger, fugitif, sans naissance, fort au-dessous d’un Prince du Sang, qui par cette raison venoit de rompre une parole donnée à Mlle. de Chevreuse, d’une naissance fort supérieure aux Mazarin.
Fût-il assez riche pour la soudoyer, ce qui est fort douteux, aucune troupe n’a daigné aller exercer ses talens à Saint-Pons mais il en a formé une de quelques jeunes gens des Villes voisines, avec qui il avoit fait connoissance au collége, & amateurs comme lui, & bons acteurs. […] Plusieurs pénitens pleins de vénération pour leur sac & leur capuchon, ont aussi trouvé fort mauvais qu’on en eût fait l’uniforme des gardes ; ils s’en sont plaints amérement, de vive voix, & par écrit ; car il a paru des lettres anonimes qu’on leur attribue, où on fait un grand éloge de leur saint habit, & l’on porte plainte à l’Evêque de Saint-Pons, à qui elles sont adressées, de l’affront qu’on a fait à la vénérable confrerie, en plaçant des pénitens sur le théatre, comme si elle étoit une troupe de comédiens, & comment trouver l’esprit de pénitence sous un habit devenu prophane ? […] Monime y a déployé ses charmes, & débité un fort beau compliment, où elle a vivement taxé les censeurs pénitens des spectacles ecclésiastiques ; c’est l’usage de faire des complimens aux Evêques, par-tout où ils se trouvent, c’est le revenantbon de leur place. […] Le théatre est un grand médiateur, il a réuni les Chevaliers & les Bourguemestres à l’opéra, le 19 novembre 1772, au moment qu’on commençoit une piéce fort devote, en faveur des Chevaliers, le feu prit derrieres le théatre, dans la chambre des acteurs, & fit bien de ravage, & sans la hardiesse & la dextérité d’un paysan, qui, au péril de sa vie, alla couper les cordes des chats des Déesses, & autres machines, & empêcha la communication du feu, l’incendie auroit eu les suites les plus funestes. […] Les plus fortes digues peuvent à peine arrêter le torrent ; peut-on juger nécessaire un divertissement, où il est au contraire nécessaire de prendre les plus grandes précautions, pour prévenir les excès continuels de ceux qui s’y rendent.
Notre Langue ne s’étant formée que fort tard, nous accordons aux Italiens qu’ils ont eu une Poësie noble & digne de vivre encore, long-tems avant nous. […] L’Enfant dans son Histoire du Concile de Constance rapporte que quand l’Empereur y arriva, les Evêques Anglois firent représenter devant lui en 1417 une Comédie ou Moralité sur la Naissance du Sauveur, l’arrivée des Mages, & le massacre des Innocens, Sujet fort Tragique, qui a aussi paru sur notre Théâtre, aussi bien que la Décollation de S. […] Les Représentations de ces premiéres Piéces qui contenoient plusieurs Actions, étoient fort longues. […] Nous sommes plus modestes, & nos merveilles ne commencent que fort tard. Quand nous nous lassâmes du sérieux des Mysteres, quoique le sérieux en fût fort égayé, on l’égaya encore davantage par des Scenes burlesques, qui furent nommées les Jeux des pois pilés.
Les Chrétiens ne doivent point perdre les moindres moments du temps qui leur est donné fort court, et seulement pour faire pénitence. […] Ce temps est fort court. […] car si vous perdez de l’or, il se peut recouvrer : mais il est bien difficile de recouvrer le temps perdu ; on nous le donne fort court durant la vie, et si nous ne l’employons en des choses absolument nécessaires, que dirons-nous pour nous excuser, quand nous comparaîtrons devant Dieu ? […] L’on va achever de ruiner, disaient-ils, ce qui nous reste encore des bonnes mœurs de nos ancêtres, qui se sont peu à peu si fort altérées. […] témoigne que les spectacles faisaient une si forte impression sur son esprit, que quand il y allait, il en revenait toujours chez lui plus porté à l’avarice, à l’ambition, et à la dureté.
C’est peut-être que la Comédie trouve en vous des passions plus fortes que celles qu’elle représente. […] Je doute fort que ce soit là ce qu’ils y cherchent. […] « Cum saltatrice ne assiduus sis : nec audias illam, ne forte pereas in efficacia illius : virginem ne conspicias, ne forte scandalizeris in decore illius. […] Marcion donna une fort grosse somme, mais dès qu’on l’excommunia on lui rendit son argent. […] « Cum saltatrice ne assiduus sis : nec audias illam, ne forte pereas in efficacia illius : virginem ne conspicias, ne forte scandalizeris in decore illius.
Combien de gens se sont chargés de la mienne en m’accusant de manquer de Religion, qui sûrement ont fort mal lu dans mon cœur ? […] Le bonhomme fit ainsi le tour du Théâtre, fort embarrassé de sa personne et toujours hué de la belle jeunesse. […] C’était donc, d’une action fort honnête, faire un exemple de corruption. […] Un travail moins assidu et une dépense plus forte exigent un dédommagement. […] Cependant l’exercice et la discipline prévalurent tellement sur la Nature, que les faibles firent ce que ne pouvaient faire les forts, et les vainquirent.
Que la Comédie, telle qu’elle a été traitée par Moliere, est suffisamment bonne pour les mœurs ; à plus forte raison depuis les sages réglemens qui ont été introduits. […] La Bruyere, dont les sentimens ont été reconnus si orthodoxes par son fameux Chapitre contre les Esprits forts, ne peut dissimuler que les Personnes pieuses ne connoissent qu’un seul péché au monde, qui est l’amour. […] Quichotte, qui rend mal de fort bonnes pensées ; mais les Auteurs n’ont eu assurément en cela aucune idée de jouer le Ciel. […] Mais on peut ajouter que, dans cette Piéce, il se trouve une correction bien plus essentielle ; car si la femme de George Dandin est visiblement coquette, elle est aussi visiblement ridicule ; & c’étoit bien là l’intention de Moliere, qui, sur l’infidélité conjugale, portoit plus loin que personne le chagrin & la jalousie, que, dans l’autre siecle, on voyoit si fort à la mode. […] Les femmes de Théâtre, par leur profession, sont, pour ainsi dire, des hommes de Lettres, & elles sont si laborieuses, qu’il n’en est peut-être pas dans le monde qui, par leurs occupations, soient si fort au-dessus d’une oisive volupté.