Vous ne manquerez pas de nous dire à l’exemple de l’Avocat qui a entrepris de justifier votre scandaleuse Procession de Luxembourg, que ce Ballet aussi bien que cette Procession n’est qu’une Allégorie, que c’est s’arrêter à des vétilles, et être susceptible de petits scrupules que d’en condamner l’usage dans des Ecoliers qui étudient les belles Lettres et la fable. […] « Ce n’est pas que j’approuve, en un sujet Chrétien, Un Auteur follement idolâtre et Païen, Mais dans une profane et riante peinture, De n’oser de la fable employer la figure, etc. » Le sujet pouvait-il être plus Chrétien, qu’une Procession où on portait le S. […] L’Evangile à l’esprit n’offre de tous côtés, Que pénitence à faire, et tourments mérités, Et de vos fictions le mélange coupable, Même à ses vérités donne l’air de la fable. » C’est donc, selon M. Despreaux, abuser de la fable, ou plutôt de la Religion, que d’y mêler vos ornements profanes dont elle n’est point susceptible. C’est donner l’air de la fable à des sujets Chrétiens, que d’y faire entrer vos fictions.
Les premières, et qui furent introduites de bonne heure en ces divertissements furent les Fables Atellanes, ainsi nommées de la Ville d'Atelle dans la Campanie, qui fut toujours la Province des délices et des voluptés d'Italie, et d'où elles furent transportées à Rome ; Elles étaient comme des Satires agréables, sans aigreur et sans turpitude, et que la vertu Romaine avait accompagnées de bienséance et de modestie, et dont les Acteurs étaient en bien plus grande estime que les Scéniques et Histrions, et jouissaient même de quelques privilèges particuliers, entre autres de sortir du Théâtre avec les habits dont ils s'étaient servis dans leurs représentations ; ce qu'à parler franchement je ne saurais bien comprendre, quoique les Auteurs en fassent grand bruit ; car si l'on entend qu'ils sortaient ainsi de la Scène où ils avaient paru, je ne vois pas quel était leur avantage, ne croyant pas que les autres Histrions y reprissent leurs vêtements ordinaires avant que de disparaître aux yeux du peuple ; et si l'on veut dire qu'ils pouvaient même sortir de ce grand lieu que l'on nommait Théâtre, et aller à travers la Ville jusques dans leur logis, avec les ornements qu'ils avaient portés en jouant leurs Fables, je ne connais point quelle était l'excellence de ce privilège ; car c'était les exposer en mascarades publics aux petits enfants et aux grands idiots, qui n'étaient pas plus sages, à mon avis, dans la Ville de Rome, que dans celle de Paris ; et qui sans doute les auraient suivis avec beaucoup de bruit et de tumulte. […] Et c'est tout ce que les mémoires de l'antiquité m'en ont appris, avec les noms de quelques célèbres Auteurs de ces Fables ; car nous n'en avons aucun exemple, il ne nous en reste pas seulement des fragments, et nous n'avons aucun Écrivain qui nous en ait enseigné la composition. […] Ces Fables néanmoins furent jouées dans Rome assez longtemps avant les Poèmes Dramatiques dont l'art ne fut connu du peuple Romain qu'au siècle de Plaute et de Névius, environ cent cinquante ans après les Jeux Scéniques, quand la Comédie et la Tragédie y fut reçue, qui sont la seconde et la troisième espèce des représentations honnêtes, qui furent depuis ajoutées à la pompe des Jeux publics. […] Et quelques-uns ont écrit que la Fable de Nevius, intitulée la Masquée, fut jouée de nouveau longtemps après par les Atellanes, faute de Comédiens.
Il excuse les Poètes touchant leurs fables. […] Le fable Poëtiques ne sont à reietter. […] Telles fables façonnent les jeunes gens, et les rendent plus prompts et habiles à désirer louange et honneur. […] Si ne veux-je pas toutefois défendre tellement et soutenir les fables Poétiques que je les veuille toutes approuver et louer. […] Le fable Poëtiques ne sont à reietter.
Vous dites, qu'il répond à l’élection, et qu’il sera représenté par la fable de la Pomme d’or. » Cette Pomme d’or, mes Pères, est propre à faire souvenir ceux qui ont lu les Poètes, de l’Histoire ou de la fable de ces trois Déesses qui se disputant l’une à l’autre le prix de la beauté s’en remirent au jugement de Pâris qui décida en faveur de Vénus. […] Car voici l’application que vous faites ou que vous pensez faire de votre fable en sa faveur. […] Dans la fable, c’est à la plus belle, mais comme cette inscription ne revenait point au sujet il a bien fallu changer plus belle en plus digne. […] Lisez, mes Pères, au lieu de vos Fables des Païens, l’Histoire de l’Eglise. […] Voilà, mes Pères, un Héros de nos jours qui ne ressemble guère à celui de votre fable.
Elles ne se trouvent pas même en lui dans aucun degré, s’il est vrai, comme vous le dites, que vous ayez eu dessein en faisant le caractère du Héros de représenter toutes ses vertus par ces symboles clairs, et expressifs tirés de la fable. […] » Je souhaite, mes Pères, que cette vérité ne regarde pas votre Héros, et que le caractère si défectueux et si indigne d’un Evêque que vous en faites ne soit pas moins une fable, que la fable même d’où vous dites que vous avez tiré les symboles clairs et expressifs qui représentent toutes ses vertus.
La sincérité & la simplicité chrétiennes sont bien étrangères dans le pays des fables. […] Non seulement on ne débite que des mensonges sur le théatre, mais on les donne pour des vérités, par l’assurance avec laquelle on parle, la vraisemblance qu’on y répand, & le mélange perpétuel de vrai & de faux qui donne un air de vérité à la fable, & un air de fable à la vérité. […] Un homme qui confond dans le même ouvrage l’Etre suprême & les Dieux de la fable, qui prend les histoires pour des contes, & les contes pour des histoires. […] Sans doute on sait que ce ne sont que des fables. […] Le théatre se donnant lui-même pour une fable, combien de traits d’histoire, de sentimens, de règles de morale, qu’il donne pour des vérités, & jusqu’à la nécessité, à l’apologie, à l’éloge du mensonge !
aventures de leurs Dieux ; quelques vieilles Fables, ou quelques Moralités, et le faisaient avec tant d'art, que leurs actions, leurs postures et leurs gestes expliquaient comme au naturel le sens des paroles. […] , dansa seul sans instruments et sans chansons toute la fable de Vénus et de Mars; Après quoi Démétrius lui dit, que non seulement il se faisait voir et se faisait entendre, mais qu'il lui parlait des mains. Le même Auteur veut que le Protée des vieilles Fables qui prenait toutes sortes de figures, et qui faisait de son corps tout ce qu'il voulait, fût le portrait allégorique de ces subtils imitateurs des actions humaines. Il s'en trouva même un si adroit, qu'il avait instruit son chien à danser et jouer avec lui une partie de ses Fables, dont Plutarque fait un récit particulier dans son Traité de la subtilité des Animaux : et j'estime que nos anciens JongleursIoculatores. […] Ils admettaient encore à ces Jeux ceux qu'ils nommaient Planipèdes ou Pieds plats, parce qu'ils ne portaient ni escarpins ni brodequins, et jouaient nu-pieds et a plate terre de petites Fables ridicules de la populace, et je ne crois pas qu'il nous en reste aucun exemple.