Ce sont des machines qui font entrer la mort par les yeux, par les oreilles, et par tous les sens du corps de ceux qui s’y exposent.
Il en est comme du jeu, les petites sommes qu’on y expose causent à la fin la ruine des familles ; à l’Opéra, par exemple, où les places coûtent douze livres, chaque représentation va communément à vingt mille livres, à deux représentations par semaine, voilà plus de deux millions par an.
On y voit le mouvement de la charité chrétienne, qui oblige cet illustre Saint à exposer sa vie pour la défense de la pureté de cette Sainte, tellement obscurci par la passion feinte, que l’auteur met dans ses paroles et dans celles de la Sainte, qu’on ne sait non plus que les Acteurs qu’il introduit sur le Théâtre.
Enfin le sujet de la piéce arrive, le sieur Schrone forcé de s’asseoir dans le brillant fauteuil, d’où, comme sur le trepied d’Apollon, il va prononcer des oracles, expose le plan de son poëme, il n’ose compter sur les beautés du style ; mais il espere que le choix du sujet fera agréable à l’illustre compagnie ; il s’agit de célébrer le jour séculaire de la mort de Moliere. […] Le poison n’avoit pas échapé à celui d’une auguste Princesse, qui dès la premiere représentation, en temoigna un grand mécontentement ; elle releva avec force, l’indécence ou plutôt le scandale, qu’il y avoit à travestir si indignement la Réligion, & à rendre en quelque sorte le Roi, la Famille Royale & toute la Cour, complices de cet attentat, en osant exposer sous leurs yeux une pareille piéce.
Il dit alors qu’il n’avoit point osé le découvrir pour ne pas exposer la vie de son maître, mais qu’il le feroit, puisqu’on le vouloit absolument. […] Peut-on ne pas gémir de l’aveuglement de ceux qui s’y exposent, que tant d’exemples ne peuvent rendre sages ?
Ce même Grand-Prêtre que rien ne peut troubler, qui parle quelquefois avec une espece de dureté à Abner, & à Josabet, & qui ne caresse jamais l’Enfant, se trouble pour lui, s’attendrit & pleure, quand il prévoit les dangers où il l’expose en le couronnant : O mon Fils, de ce nom j’ose encore vous nommer, Souffrez cette tendresse, & pardonnez aux larmes, Que m’arrachent pour vous de trop justes allarmes, &c. […] Il semble s’exposer à tout pour l’amour de Joas, & de la Race de David, & lui-même demande à Dieu, si Joas doit un jour être indigne de cette Race, Qu’il soit comme le fruit en naissant arraché.
Rousseau, le conseil le plus dangereux qu’on pût donner, du moins tel est mon sentiment, & mes raisons sont dans cet écrit. » Quoique ces raisons semblent ne devoir convenir qu’à la constitution de Genève, elles sont pourtant exposées très-souvent d’une manière générale.