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58. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — XIII.  » p. 468

Plus il colore ces vices d'une image de grandeur et de générosité, plus il les rend dangereux et capables d'entrer dans les âmes les mieux nées ; et l'imitation de ces passions ne nous plaît que parce que le fond de notre corruption excite en même temps un mouvement semblable, qui nous transforme en quelque sorte, et nous fait entrer dans la passion qui nous est représentée.

59. (1664) Traité contre les danses et les comédies « Chapitre IX. Des mouvements déréglés du corps qui se font dans la danse. » p. 36

Mais si le mouvement du corps est accompagné de quelque sentiment lascif, et impudique ; ou si on s’en sert pour éveiller la sensualité, et pour exciter, ou entretenir quelque mauvais plaisir, ou quelque satisfaction dangereuse dans la chair, et dans les sens ; le même Docteur Angélique nous apprend que c’est un péché mortel ; et saint Bonaventure, Angélus, Roselius, et Sylvestre, après Alexandre de Halès, sont de même avis.

60. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [D] »

[D] Opéra : Spectacle Dramatique & lyrique, où l’on s’efforce de réunir tous les charmes des beaux Arts, dans la Représentation d’une Action passionnée, pour exciter, à l’aide des sensations agréables, l’intérêt & l’illusion.

61. (1667) Traité de la comédie « Traité de la comédie — VII.  » p. 461

On se trompe fort en croyant que la Comédie ne fait aucune mauvaise impression sur soi, parce qu'on ne sent point qu'elle excite aucun mauvais désir formé.

62. (1769) Réflexions sur le théâtre, vol 8 « Réflexions sur le théâtre, vol 8 — RÉFLEXIONS. MORALES, POLITIQUES, HISTORIQUES, ET LITTÉRAIRES, SUR LE THÉATRE. LIVRE HUITIEME. — CHAPITRE I. Réformation de Riccoboni. » pp. 4-27

Ils paroissent dans les meilleures compagnies, où on a soin de les présenter ; ils y entendent parler de tout ce qui peut exciter leur curiosité & développer le germe de leurs passions, & dans un âge si susceptible des impressions du vice on commence à le connoître & à se familiariser avec lui. […] Tout spectacle excite quelque passion ; le théatre les embrasse toutes, envie, haine, crainte, tristesse, vengeance, ambition, sur-tout l’amour qu’on excite & qu’on met par-tout. La même piece en excite ordinairement plusieurs, selon la disposition du spectateur, & la perfection de l’art est de les exciter vivement ; & il est faux que jamais il en corrige, ni veuille en corriger aucune.

63. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Hé quoi offencer Dieu en s’entretenant sans cesse de passions criminelles, et en travaillant à les exciter dans les autres, scandaliser l’Eglise, et procurer la damnation de ceux qui leur donnent le moyen de faire quelque figure dans le monde ? […] Jésus-Christ n’a travaillé durant toute sa vie qu’à établir le Royaume du Ciel, et vous vous ne vous occupez qu’à le détruire : que vous dirai-je de plus, vous devenez les profanateurs du Temple de Dieu dans autant d’âmes qu’il y en a, dans lesquelles vous tâchez, ou d’exciter des passions criminelles, ou de les réveiller, et de les fortifier. […] « Si vis me flere, dolendum est Ante tibi. » Mais au contraire un Acteur froid et languissant, qui ne paraît pas ressentir les mouvements de la passion qu’il tâche d’exciter dans le cœur des autres, devient ennuyeux et insupportable. […] Comme s’ils avaient entrepris de combattre ouvertement la Religion de nos Pères et la piété de toute l’Eglise, et s’ils avaient dessein de porter ses enfants aux passe-temps les plus mondains, lorsqu’elle prend à tâche de les exciter à la pénitence, ils ne font aucun scrupule de profaner les temps sacrés de l’Avent et du Carême, qui ont toujours été particulièrement destinés au jeûne, à la retraite, au recueillement et à la prière. […] Comme il n’y a rien qui excite si puissamment au bien que les exemples et les histoires des Saints ; aussi n’y a-t-il rien qui porte davantage aux vices que les aventures des personnes mondaines, et la représentation de leurs passions ; surtout quand elles sont exprimées agréablement et d’une manière qui touche les sens.

64. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 4 « CHAPITRE II. Le Théâtre purge-t-il les passions ? » pp. 33-54

Il en excite au contraire, y accoutume, les justifie, en fait un jeu, un plaisir, les porte à l'excès. […] C'est au contraire diminuer le plaisir, parce que c'est affaiblir l'émotion, cette pitié, ces transports, ces déchirements de cœur, ces larmes précieuses, que les Grecs excitaient ; c'est manquer son but. […] Les grandes actions ne se font, ni les grands mouvements ne s'excitent brusquement ; tout se produit par degrés. […] Quoiqu'il en soit, le théâtre n'est que le règne des passions, l'art du théâtre n'est que l'art de les exciter, pour en faire goûter le plaisir. […] Les passions sont toujours mises sur le compte de quelque personne illustre, du moins aimable et estimable, à qui on donne des grâces et des vertus ; on la rend presque toujours infortunée pour exciter la pitié.

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