Il n’est pas permis de voir, selon le sentiment de ce grand Personnage, ce que Dieu défend de faire ; on ne peut pas regarder avec innocence ce qu’on ne pourroit accomplir sans peché, & ces ordures ne pouvant sortir de la bouche, qu’elles ne soüillent & la langue, & l’ame, de quelle maniere entreront-elles par les yeux & par les oreilles sans infecter l’esprit, le cœur, & les sens mesmes qui leur accordent le passage ? […] Un homme desarmé ne se retire pas seulement à l’abord d’un lion, ou d’un tygre, il évite mesme la caverne qui sert de retraite & de gîte à ces bestes sanguinaires ; & quoy qu’il ne soit pas asseuré de les trouver dans ce repaire, & qu’il y ait mesme quelque apparence qu’elles sont en queste, il ne hazarde pas d’entrer dans un lieu si suspect, il s’en éloigne au contraire avec le plus de silence & de vitesse qu’il luy est possible. […] On ne craint pas sans doute le peché autant que Dieu le commande, on n’en a pas toute l’horreur qu’il merite, & qu’on auroit d’un serpent, d’un tygre, ou d’un lion, puisqu’on n’apprehendre pas d’entrer dans un lieu où l’on a raison de craindre qu’on ne le trouve. […] S’ils doutoient de la santé d’un voyageur dans un temps de contagion, ils seroient obligez de le faire retenir jusqu’à une entiere assurance qu’on peut le laisser entrer dans le Royaume ou dans une Ville sans danger ; ils sont obligez de faire jurer, ou signer les personnes mesmes les moins suspectes pour soûlager les particuliers de l’apprehension & du danger d’estre trompez. […] Ces Pieces ambiguës sont des perils, ces Pieces ambiguës sont tres-souvent des morts pour les personnes vertueuses qui se trouvent les victimes du monstre, parce qu’elles n’ont pas apprehendé d’entrer dans la caverne où elles ne le voyoient pas, & d’où la crainte de scandaliser les hommes, d’offenser Dieu, & de se perdre, les auroit obligées de se retirer, si elles en avoient eu la défiance que Dieu leur ordonnoit d’en avoir.
L’ambition place dans les charges un Magistrat ignorant & injuste, fait entrer dans l’Église un cadet qui sera mauvais Prêtre, dans le service un débauché. […] Je dis même qu’il y a plus de personnes forcées de demeurer dans le monde qu’elles auroient quitté, qu’il y en a qu’on ait forcé d’entrer en religion ; il y a plus de séduction & de violence pour fermer les portes des couvens que pour les ouvrir. […] Le parloir, contre les regles de la clôture, est ouvert en dedans ; la mere & le Curé y entrent sans obstacle. […] Dans Cominge l’Abbé de la Trape, dans Ericie, la Supérieure des Vestales entrent dans l’action, & y forment de belles scenes. […] L’appartement de l’Abbesse est dans l’intérieur ; comment y est-on entré, s’il y a une clôture ?
Mais j’ai tort de faire entrer en comparaison avec nous vos hommes illustres.
Depuis que les systèmes modernes ont tout desséché, on n’assiste guère à de pareilles fêtes ; mais il n’y a pas plus de trente ans qu’au milieu des processions, les ânes entraient dans des cathédrales avec le droit d’y braire, permission qui depuis leur a été retirée.
Tout cela doit suivre la mesure, agir en cadence, entrer dans le goût, le mouvement d’un air, avec l’oreille la plus exacte & la plus prompte. […] Voilà les principaux traits de la préface ; nous nous y bornons, nous n’avons garde d’entrer dans le détail des tableaux très-peu gazés ; des traits voluptueux & très-séduisans dont le chant sur la danse est rempli, ou plutôt dont il n’est qu’un tissu. […] Le Poëme des Saisons s’exprime ainsi sur le bal : Entrez dans ce sallon ou de bruyans Prothées Echangent en riant leurs formes empruntées, Où la nuit le tumulte & les masques trompeurs Font naître à chaque instant d’agréables erreurs ; Là le maintien décent, la froide retenue, N’imposent point de gêne à la joie ingénue ; Là le luxe, les rangs, les âges confondus, Suivent, en se jouant, la Folie & Momus.
La conservation de la pureté de nos mœurs en dépend, & quoique sans ménagement, sans daigner même entrer dans aucun examen, pour revêtir au moins d’une apparence de justice cet anathême que vous fulminez contre nous, vous nous reprochiez une corruption dont votre heureuse patrie est exempte, la vertu ne nous est pas si étrangere, qu’il ne nous soit permis de prendre un intérêt sensible à tout ce qui la concerne, & de faire tous nos efforts pour diminuer notre dépravation. […] Si cela étoit à redouter, il faudroit supprimer presque tous les exemples dont l’histoire fourmille ; il faudroit interdire aux historiens toute description de caractere vicieux ; il faudroit retrancher des annales du monde, tous les portraits de ces fameux coupables qui se sont signalés par leurs erreurs, & ne rapporter que les faits qui peuvent entrer dans un panegirique. […] Tant que Titus balancera entre l’amour du devoir & l’amour de Berenice, nous entrerons dans ses peines, son attachement à la vertu qui le fait résister à la force de sa passion, le rendant digne de notre estime ; nous le plaindrons d’autant plus qu’il fera plus d’efforts, & que par conséquent il souffrira davantage : mais dès l’instant qu’il succombera, nous cesserons de le plaindre, puisqu’il n’aura plus besoin de notre pitié ; si nous avions même prévû qu’il dût ceder, nous avions même prévû qu’il dût ceder, nous nous serions épargné une compassion inutile ; & comme nous sommes persuadés que cette passion de préférence pour un seul objet, n’est pas un penchant absolument insurmontable à la vertu, nous n’aurions pas sûrement regardé comme estimable un homme qui n’a pas la force d’y résister. […] Le Comédien avant que d’entrer sur la scene n’éprouvoit pas les mouvemens qui agitent l’ame de Brutus, ou de tel autre personnage qu’il représente ; mais au moment qu’il commence à entrer en action, il les ressent tous successivement, ainsi que tout autre artiste imitateur : ces affections deviennent pour lors les siennes.
Nous n’entrerons pas dans le détail de tous les motifs, qui doivent vous inspirer une sainte horreur des spectacles & en particulier de la Comédie.