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121. (1694) Sentiments de l’Eglise et des Pères « CHAPITRE II [bis]. De la Comédie considerée dans elle-même, et dans sa nature. » pp. 29-54

Mais qu’entend ce faiseur de lettre par le nom d’honnêtes gens, dont il honore les Comédiens ? […] Car cet Arrêt ne leur peut servir (qu’en cas qu’ils règlent tellement les actions du Théâtre, qu’elles soient entièrement exemptes d’impureté) ce qui ne doit pas seulement s’entendre de l’amour impudique, mais aussi de toutes les autres passions qui souillent l’âme, et la rendent désagréable à Dieu. […] Le premier est une grande dissipation d’esprit : car elle le remplit des idées de toutes les choses qu’on y a vues et entendues. […] La différence qu’il y met ; c’est, dit-il, que ces crimes souillent à la vérité ceux qui les commettent ; mais ils ne souillent pas, et ne rendent pas criminels ceux qui les voient commettre, ni ceux qui en entendent seulement faire le récit. Ainsi l’on ne participe pas au crime d’un blasphémateur quand on a horreur de l’entendre blasphémer.

122. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 1 « CHAPITRE VI. De la Religion sur le Théâtre. » pp. 120-142

Ces Messieurs, qui n’entendent jamais parler de Dieu, peuvent admirer quelques rhapsodies de morale. […] Le concile de Carthage (canon 17.), parlant des spectacles, défend aux Chrétiens d’aller dans des lieux où l’on entend des blasphèmes et des invectives contre la religion : « Ubi sunt blasphemia et maledicta, Christiani non accedant. » Du temps de Trajan et de Dioclétien, le théâtre mêlant sa voix à celle de Celse et de Porphyre, blasphémait ouvertement le christianisme, comme il paraît par le martyre de S. […] Si ces éclairs de vérité, ces apparitions de vertu suffisent, il n’est plus de mauvais livre, de mauvaise compagnie ; on peut tout voir et tout entendre. […] une école d’erreur, un prêche d’impiété, une chaire de pestilence, où l’on entend ce qu’on n’oserait lire ni écouter ailleurs ? […] Un cœur chrétien peut-il voir lancer la foudre à un Acteur, entendre prostituer le langage de la religion, entendre appeler le Démon éternel, tout-puissant, digne des autels ?

123. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Le projet indiscret d’une piété mal entendue serait d’ailleurs confondu par l’événement ; où les hommes fuiraient-ils le monde ? […] Le jeune Auteur lut sa pièce en tremblant, rien n’est plus naturel devant un pareil Juge, mais quelle dut être sa satisfaction, lorsqu’il entendit Mr. de Crébillon prononcer ces paroles ? […] quel goût ne prendrait-on pas pour la vertu, en voyant ces Personnes vénérables l’applaudir dans la bouche de nos Acteurs et sacrifier un Cagotisme mal entendu à l’avantage de faire remarquer au peuple des vérités auxquelles il ne fait pas peut-être assez d’attention. […] N’ai je pas entendu le Révérend Père d’Ir. […] Rousseau, l’amour propre m’aveugle peut-être assez pour m’en dérober la justesse : je vais vous les exposer et y répondre ; vous aurez entendu les deux parties, il vous sera facile de juger et je n’en appellerai point de votre jugement.

124. (1697) Histoire de la Comédie et de l’Opéra « HISTOIRE ET ABREGE DES OUVRAGES LATIN, ITALIEN ET FRANCAIS, POUR ET CONTRE LA COMÉDIE ET L’OPERA — CHAPITRE IV. » pp. 78-112

L’objet principal et le plus étendu dans cet Ecrit, est la Réponse aux passages de saint Thomas : l’Auteur dit que saint Thomas n’entend par Histriones, que les Farceurs ou Bateleurs, selon même tous les Calepinsag ; or les Comédiens ne voudraient pas être confondus avec ces gens-la. Mais afin de ne pas faire une question de nom, il suppose que saint Thomas ait entendu les Comédiens par Histriones ; cependant il soutient que ce Docteur de l’Ecole n’a pas justifié la Comédie telle qu’elle est dans l’usage ordinaire de ce siècle sur le Théâtre Français. […] Monsieur de Meaux commence par un Extrait de la Lettre du Théologien, qui avait avancé que la Comédie, telle qu’elle est aujourd’hui, est épurée en France, et qu’il n’y a rien que l’oreille la plus chaste ne puisse entendre. […] Pour dire un mot du reproche qu’il fait au Théologien d’avoir falsifié saint Antonin, en ajoutant le mot de Comédie dans un endroit où il est parlé des conversations agréables, et de rendre cet Archevêque protecteur des Comédies, lui qui ne permet pas d’entendre le chant des Femmes, parce qu’il est périlleux, et selon son expression, « Incitativum ad lasciviam ». […] Dans le Cid on parle d’un parricide commis, en ces termes : « Enfin n’attendez pas de mon affection, Un lâche repentir d’une belle action, Je la ferais encore, si j’avais à la faire. » Et la Fille du Père assassiné, loue l’assassin, « Tu n’a fait le devoir que d’un homme de bien. » On y trouve des Leçons de vengeance d’un Père à son Fils : « Va contre un arrogant éprouver ton courage, Ce n’est que dans le sang qu’on lave un tel outrage, Meurs, ou tue. » Dans Polyeucte cette Pièce prétendue sainte, on voit une Fille qui parle d’un Amant que ses parents ne voulaient pas qu’elle épousât : « Il possédait mon cœur, mes désirs, ma pensée, Je ne lui cachais point combien j’étais blessée, Nous soupirions ensemble et pleurions nos malheurs, Mais au lieu d’espérance il n’avait que des pleurs. » On dit qu’on a combattu le faux dévot dans le Tartuffe ; cependant après qu’on a détrompé Orgon, on le fait ainsi parler contre tous les gens de bien : « C’en est fait, je renonce à tous ces gens de bien, J’en aurai désormais un horreur effroyable, Et m’en vais devenir pour eux pire qu’un diable. » Dans le Festin de Pierre, on expose les maximes les plus impies ; et le tonnerre qui écrase l’Impie, fait moins d’impression sur les méchants qui assistent à cette malheureuse Représentation, que les maximes détestables qu’on lui entend débiter, n’en font sur leurs esprits.

125. (1698) Caractères tirés de l’Ecriture sainte « [Chapitre 1] — DU SEXE DEVOT. » pp. 138-158

J’entends déposer publiquement contre elles tous ces bons faiseurs de Satires, de Caractères, et de Comédies, à qui l’on donne la louange de peindre si fidèlement d’après nature les mœurs de nos temps : Et pour faire ces portraits plus ressemblants, l’on emprunte les noms des femmes Grecques, et Romaines qui ont le plus deshonoré leur Sexe, et leur siècle. […] je vous entends ce me semble dire Agathon, que je vais bien loin, et que je charge trop l’instruction du procès de ce pauvre Sexe. […] Il n’est pas le premier qui ait fait cette proposition, sur la pratique de la Religion : Car il y a longtemps que j’ai entendu un Prédicateur, bien faire valoir un excellent endroit de saint Jean Chrysostome, où ce saint Père dit avec beaucoup d’éloquence, que si César avait fait un Édit touchant la réconciliation extérieure des ennemis, la crainte d’une taxe, ferait ce que ne fait pas la crainte de l’Enfer ; et que César serait mieux obéi que Jésus Christ.

126. (1761) Epître sur les spectacles « Epître sur les spectacles » pp. 3-14

Etourdi par les cris, le bruit et les injures, Je traverse au milieu de six rangs de voitures, Pour demander quel est ce Spectacle nouveau : J’entends crier : Entrez, c’est ici Ramponeauxa, Monseigneur ; Ramponeaux : voyons : entrez, mon Prince ; Me dit le harangueur : arrivant de Province Je crus tout bonnement que quelque rareté, Excitant du Public la curiosité, Attirait ce concours de filles désœuvrées, De Ducs, de Freluquets et de Femmes titrées ; Là : près d’une Intendante assise en rang d’oignons Figurait sur un banc la Marmotte Fanchon La Fille d’Opéra coudoyait la Duchesse, Et Damis séparait sa femme et sa maîtresse : Mais on lève la toile, et Ramponeaux paraît. […]  Le soir chez mes amis devenu Parasite, J’entendrai Darnoncourt pénitent Sybarite, Regrettant les erreurs de sa belle saison, Peindre l’art de jouir en prêchant la Raison ; Et nouveau Sectateur des Lois de la Nature, Prétendre en fait d’amour, quoiqu’en dise Epicure ; Que l’instant qu’on oppose aux plus pressants désirs, Mûrit la jouissance, et triple les plaisirs. […]  Mais j’entends de doux sons ; et la Vestrisae arrive, On dirait qu’elle veut, par sa marche lascive ; Du libertin Boucheraf , échauffant le cerveau, A peindre Messalineag, exciter son pinceau : O toi qui sans danser, te pâmant en mesure, Fais passer dans nos cœurs un rayon de luxure ; Quand te reverra-t-on, pour ton bien, notre honneur, Pour le repos du monde, et ton propre bonheur, En pet-en-l’air de gaze, au retour du Théâtre, Prodiguant tes trésors de corail et d’albâtre ; De ces fiers ennemis contre nos jours armés.

127. (1694) Maximes et Réflections sur la Comédie « XXX. Profanation du dimanche : étrange explication du précepte de la sanctification des fêtes. » pp. 109-116

J’aurais tort de m’arrêter davantage à réfuter un auteur qui n’entend pas ce qu’il lit : mais il faut d’autant moins souffrir ses profanations sur l’écriture et sur le repos de Dieu, qu’elles tendent à renverser le précepte de la sanctification du Sabbat. […] ak , pour une des conditions des divertissements innocents, « que le temps en soit convenable » : pourquoi, si ce n’est pour nous faire entendre qu’il y en a qu’il faut exclure des saints jours, quand ils seraient permis d’ailleurs ?

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