Au regard des Anges rebelles, l’Ecriture nous apprend assez leur malheur éternel : elle nous prévient aussi sur leur malice outrée, sur leur pouvoir considérable, sur l’étendue de leurs connaissances, sur leur industrie toujours agissante pour nous perdre : elle nous représente ces esprits apostats sous le titre d’ennemis les plus redoutables du genre humain ; afin que nous soyons sans cesse attentifs à leurs attaques, et que nous les repoussions avec vigueur. […] Hoyden sous triple cadenas, à la première approche de l’ennemi : enfin il pousse les précautions et les alarmes au plus haut degré de la folie et de la fiction. […] Ce qu’il y a de plus déplorable, c’est que cette gangrène gagne et devient chaque jour plus maligne ; c’est que la fièvre qu’elle cause se tourne en fureur, et que ceux qui en sont attaqués veulent à peine souffrir qu’on leur touche : et y-a-t-il espérance de guérison lorsque le malade prend parti pour son mal, et se déclare ennemi de tout remède ?
Monseigneur de La Motte répondit au roi « qu’à la vérité il aimait les pauvres, mais pas cependant jusqu’à la folie. » Vers 1760, Monseigneur Caisotti, évêque d’Ostie en Italie, engagea tous les curés et les prédicateurs de son diocèse à le seconder à prémunir leurs paroissiens et leurs compatriotes contre les spectacles. « C’est là, dit l’évêque de Namur en 1815, c’est là que règne seul l’ennemi de Dieu, le prince des ténèbres ; ces lieux, la vive école des passions, où les auteurs, les acteurs, les spectateurs conspirent tous à les exciter, où l’on ne les représente dans tous leurs charmes ou dans toute leur force que pour les rendre moins odieuses ; que dis-je !
Le Marquis d’Argens a été Avocat-général au Parlement d’Aix, y a traité les plus importantes affaires, entr’autres la grande affaire du Pere Girard & de la Cadiere, il avoue de bonne foi que le Pere Girard étoit un homme de bien, un homme de mérite, un homme à talent, très-innocent, & incapable des crimes qu’on lui imputoit ; mais que la vanité qui lui inspira le succès de la direction, & l’éclat du ministère, le rendit d’abord crédule comme un enfant, & enfin la dupe d’une pénitente plus vaine, plus fine, plus méchante que lui ; qui, d’abord par jalousie, ensuite par la suggestion des ennemis des Jésuites, joua la comédie pour le perdre, & ne craignit pas de se décrier elle-même, par de faux crimes qu’elle eût du cacher pour son propre honneur, quand ils auroient été véritables ; pour satisfaire sa haine en décriant un Directeur, qui ayant connu, mais trop tard, la fourberie, lui retira son estime & sa confiance : la Cadiere étoit une sorte d’actrice par son libertinage, sa feinte piété, son talent à jouer toute sorte de rôle ; & le Pere Girard trop facile, qui d’abord la crut une sainte, fut le jouer de sa malice, & l’ayant démasquée à contre-tems & sans précaution, devint la victime de son ressentiment.
Il a ses Ingénieurs, nous sommes Ingénieurs en cette partie, avec un croissant avantageusement placé, il est bien difficile que l’ennemi ne se rende.
Jerome enseignant à Nepotien, à Occeanus, & à ses autres disciples, les devoirs de l’état Ecclésiastique : fuyez, leur dit-il, ces hommes à parfums comme des ennemis déclarés de la chasteté : Pigmentis delibutos, ut apertos pudicitiæ hostes fugiendos .
Allons forcer le monde, cet ennemi de Dieu, dans ses retranchemens, & le troubler dans ses plaisirs.
il faut que l’esprit & les leçons du théatre aient donné bien de l’ascendant à l’irréligion & au vice, & que cet esprit soit bien marqué au sceau de la réprobation ; il faut que la piétié & la comédie, l’Évangile & le spectacle, soient des ennemis bien déclarés & bien irréconciliables, pour ne pouvoir entendre parler l’un de l’autre.