Nous sommes les enfants des Saints, s’il ne nous est pas permis de nous unir comme les Gentils.
auquel pour la plupart assistent les femmes et petits enfants, est tout ému, tout tremblant, et frissonnant d’horreur de ces vers enflés qu’une Ame de mort vient à dire se présentant voilée devant le peuple, « Adsum atque advenio Atheronte vix via alta atque ardua, Per speluncas saxis structas, asperis, pendentibus, Maximis, ubi rigida constat crassa caligo Inferum.
» Les sottises que dit le peuple ne sont pas des injures, le lieu même l’excuse : « Quidquid illuc agaudente populo dicitur injuria non putatur, locus defendit excessum. » Le commerce des Comédiens est regardé par les lois comme si dangereux, qu’il est défendu de laisser aux enfants et aux femmes la liberté de les fréquenter ; ce serait exposer au plus grand danger leur religion et leurs mœurs. […] Tous les honnêtes gens refusent de pareils locataires, mais il s’en trouve toujours d’une âme assez basse et assez corrompue pour avoir des hôtes si dangereux, et pour quelque somme d’argent abandonner leurs femmes, leurs enfants, leurs domestiques, s’abandonner eux-mêmes à la contagion de la plus mauvaise compagnie, et faire trouver chez eux à toute une ville l’écueil de l’honnêteté publique et le théâtre du désordre qui n’en abandonne jamais les Acteurs : « Nullus puer, vel fœmina Themelici consortio utatur, si Christianæ religionis esse cognoscitur. » (L. […] Les gens de bien les plus indulgents pour le théâtre fuient du moins et détestent la société des Comédiens, et ne souffrent pas que leurs enfants et leurs domestiques les fréquentent. […] Qu’on juge donc si l’argent qu’on leur donne, est bien employé ; si les parents et les maris qui y souffrent leurs enfants et leurs femmes, doivent être bien tranquilles ; si le Magistrat doit les protéger, et souffrir qu’on les étale publiquement sur un théâtre avec toute la pompe et les appas les plus séducteurs ; et si les lois qui ont sévi contre eux de tant de manières, ne sont pas dictées par la sagesse, la religion, le bien public, et la vertu. […] Elle mit au monde un enfant, qu’elle attribua à différents pères, pour faire payer plusieurs fois la réparation d’un honneur qu’elle avait depuis longtemps perdu, et les frais d’une éducation qui ne lui coûtait rien.
Vous savez que tant d’orphelins, tant d’autres pauvres désolés, qui sont les enfants de Dieu, les membres du Sauveur, sont rongés de vermine faute d’un peu de linge, qu’ils sont transis de froid et qu’ils meurent de faim faute d’assistance ; et l’argent dont vous les pourriez secourir, vous le dissipez en des ébats et passe-temps superflus.
Le précepte du sabbat, dans la loi écrite, ne saurait être plus précis, les châtiments de la transgression plus rigoureux, les reproches plus vifs : « Memento ut diem sabbathi sanctifices. » Quel est l’enfant Chrétien qui ignore les commandements de Dieu et de l’Eglise : Les dimanches tu garderas, etc. […] si ce n’est les enfants des Comédiens, à qui on n’enseigne pas le catéchisme ? […] C’est si bien un métier et des plus serviles, qu’on n’y a jamais employé que des esclaves, tandis que l’esclavage a été souffert, et depuis qu’on l’a aboli, on n’y a jamais vu que des gens de la lie du peuple, ou si quelquefois le libertinage a fait entrer un honnête homme dans quelque troupe, il n’a fait que se dégrader en y entrant ; et je demande aux plus grands amateurs s’ils voudraient se déshonorer jusqu’à se faire Comédiens, ou souffrir que leurs femmes, leurs enfants, leurs parents s’en fissent ? […] La loi est expresse : Vous ne ferez travailler ni vos enfants, ni vos esclaves, ni vos animaux, ni même les étrangers qui passent sur vos terres : « Etiam filii tui, et servi, et jumentum, et advena.
: « Nous sommes, disent-ils, enfants des saints, et il ne nous est pas permis de nous unir comme les gentils ».
Ne serait-il pas du bien de l’Etat d’ôter l’occasion de ces folles dépenses, comme un bon père tâche d’arrêter les folies d’un enfant prodigue qui court à sa perte ? […] Pour payer une Actrice, on laisse manquer du nécessaire à sa femme, à ses enfants, à ses domestiques : le créancier n’est pas payé, l’ouvrier satisfait, la famille élevée, le pauvre soulagé, mais que dis-je, les pauvres ? […] Deux Danseuses et deux Chanteuses causent plus de trouble et de scandale, font faire plus de banqueroutes à un Marchand, de dettes à un Seigneur, de vols aux enfants de famille, que les trois cents courtisanes.