Louis XIII n’aurait jamais laissé jouer l’Empereur et le Roi d’Espagne, s’il eût été assez maître pour arrêter Richelieu. […] Il est vrai que les Centuriateurs ne parlent que du théâtre Romain, sur lequel le Pape, comme Souverain de Rome, pouvait donner des places d’honneur à l’Empereur et au Doge, mais non, comme dit Boursault, d’un théâtre papal pour Sa Sainteté, qui n’y eût pas été trop bien placée. […] Après une guerre et un schisme de dix-huit ans le Pape Alexandre III et l’Empereur Frédéric firent la paix à Venise ; le schisme cessa, et Alexandre fut reconnu Souverain Pontife. […] Il se tint à Châlons en 1107 une célèbre conférence sur l’affaire des investitures, entre le Pape Paschal II et les Ambassadeurs de l’Empereur Henri IV (l’Archevêque de Trèves…) C’était lui, dit l’Abbé Suger (Vit. […] L’Empereur comptait beaucoup sur les grâces de ce joli Prélat, qui sans doute de son côté était fort content de sa personne et de son mérite théâtral.
Je commencerai par la seconde loi du Code Théodosien touchant les spectacles, qui est attribuée aux Empereurs Gratien, Valentinien, et Théodose : « Nous vous avertissons avant toutes choses, que personne ne transgresse la loi que nous avons donnée il y a longtemps, en détournant le peuple de la piété par quelque spectacle » ; l. 2. […] J'ajoute une autre loi des Empereurs Valentinien, Théodose, et Arcade dans laquelle après avoir fait mention de plusieurs Fêtes particulières ; ils marquent toute la quinzaine de Pâques, le jour de Noël, et de l’Epiphanie, et les Fêtes des Apôtres : « dans lesquels jours (disent-ils) à cause de leur sainteté, nous défendons toutes sortes de spectacles ; et nous mettons encore au même rang des Fêtes dont nous avons parlé, les jours qui étaient nommés les jours du Soleil, et que les Chrétiens appellent communément, plus justement, les jours du Seigneur, ou les Dimanches ; que l’on doit célébrer, et solenniser avec une pareille dévotion et révérence ». l. omnes C. de feriis : « sacros quoque Paschæ dies qui septeno numero, vel præcedunt vel sequuntur, dies etiam natalis, atque Epiphaniorum Christi, et quo tempore commemoratio Apostolicæ passionis totius Christianitatis Magistræ a cunctis jure celebratur ; in quibus etiam prædictis sanctissimis diebus, neque spectaculorum copiam reseramus, in eadem observatione numeramus et dies Solis quos Dominicos recte dixere majores, qui repetito in sese calculo revoluuntur, in quibus parem necesse est habere reverentiam. » Finissons par la loi des Empereurs Léon, et Antémius. […] Mais remarquez encore avant de passer aux lois Ecclésiastiques, que ces Empereurs ont ajouté le temps Pascal à celui de l’Avent, et ont commandé aux Chrétiens de le passer saintement, et dans un retranchement entier de tous les divertissements du siècle.
C'est encore avec moins de raison que l'on pense autoriser cette mauvaise intelligence de l'Antiquité par la Constitution des Empereurs Théodose, Arcadius et Honorius, qui défendent de mettre aucunes figures de ces Joueurs Scéniques dans les lieux publics où leurs statues sont élevées en objets de vénération ; car elle parle en termes exprès des Pantomimes, ou d'un vil Histrion, c'est-à-dire des Danseurs et des Bouffons, et non pas des Acteurs du Poème Dramatique. […] engagés aux Jeux Scéniques, par la faiblesse de leur sexe de recourir à la bonté de l'Empereur, pour être restituées en leur premier honneur et bonne renommée, quand elles voulaient retourner à la pratique d'une vie honnête, ce qui témoigne assez que l'infamie ne s'était point étendue sur les Comédiens ni sur les Tragédiens, parce que les femmes n'y jouaient point, et que ces Acteurs étaient bien plus modestes et plus estimés que tous les Mimes et Bouffons de ces Jeux, on leur eût bien plus facilement accordé cette grâce, et cette loi ne les eût pas oubliés s'ils avaient été compris en celle dont la sévéritél. […] propre, parce qu'ils y ont été célébrés les premiers ; et cette intelligence résulte des termes de la Novelle de Justinien qui y est conforme ; et de ce que les uns et les autres de ces Empereurs conjoignent ces Jeux avec les Combats de l'Arène, où la cruauté régnait comme l'impudence aux Jeux Scéniques, et sans que l'on y lise un seul mot concernant les Poèmes Dramatiques. […] explique assez clairement, lorsqu'il parle de Valens que cet Empereur avait au commencement contraint de bouffonner en ces Jeux ; car il dit qu'il y joua des Mimes ce qui fait voir que ce n'était point une représentation de Comédies ni de Tragédies, mais seulement un Jeu de postures et de danses malhonnêtes « Partim infamia, partim humilia, partim ab honestate remota. » Æmil. […] Et pour dire en passant un mot du mauvais traitement que les Histrions et Scéniques ont reçu quelquesfois des Empereurs, ou verra toujours, si l'on prend bien garde aux Auteurs qui nous en parlent, que cela ne s'adresse qu'aux Bateleurs et Bouffons, et non pas aux Acteurs des Comédies et Tragédies « In Pantominis adversatur et damnata effeminatas artes. » Plin. in Paneg.
Histoire des Jeux de Théâtre et des autres divertissements Comiques soufferts ou condamnés depuis l’Empereur Auguste, jusqu’à la conversion de Constantin. […] Histoire des Jeux de Théâtre et des autres divertissements Comiques soufferts ou condamnés depuis la conversion de Constantin jusqu’à l’Empereur Honorius.
La roture des Comédiens n’a pas besoin de preuve, quoiqu’ils soient tous les jours Marquis, Princes, Rois et Empereurs. […] C’était pourtant le siècle où par le zèle des Empereurs Chrétiens le théâtre était le plus châtié. […] Les lois Romaines les plus sévères n’ont jamais puni d’une infamie légale ces légèretés passagères que les Empereurs même se sont quelquefois permises. […] On disait que ce puissant Ministre avait voulu faire montre de sa puissance, à l’exemple de l’Empereur Caligula, qui désigna son cheval pour Consul Romain. […] (Crevier, Hist. de cet Empereur, Tom.
Auguste, depuis choisit le Temple de Mars ; où cet Empereur ordonna au Senat de s’assembler pour deliberer sur les affaires de la guerre & des Triomphes. […] Quand ils estoient pres de Rome, le General ou l’Empereur avec un certain nombre de ses principaux Officiers, se detachoient & alloient jurer au Questeur, comme nous l’avons dit. […] Ce serment se faisoit hors de Rome, parce que le nouvel Empereur perdoit son authorité, si-tost qu’il avoit passé la porte, & du moment qu’il estoit entré, il n’estoit plus qu’un simple particulier sous la puissance des Consuls & des autres Officiers de la Ville. […] Ce n’est pas que quelques* Autheurs ne veüillent qu’en mesme temps & dans le mesme Char, on n’ait veu Triompher l’Empereur Verus & son Frere, & quelques autres aussi. […] Enfin, l’Empereur ou le Triomphateur, pour ses derniers hõneurs en avoit qui duroient encore apres son Triomphe.
Les Empereurs dont la mémoire est le plus en vénération (c’est des Empereurs Chrétiens dont je parle) ne défendirent pas les Spectacles à leurs Sujets, mais ils en bannirent l’Idolâtrie ; et s’il vous plaisait, Monseigneur, de rappeler un peu votre souvenir, vous trouveriez que des Papes n’ont pas cru les plaisirs du Théâtre indignes de l’attention des Chrétiens, puisqu’ils ne faisaient point de difficulté d’y assister eux-mêmes. Il est rapporté dans les Ecrits du Cardinal Bessarion, Patriarche de Constantinople, dont Baronius fait mention dans ses Annales Ecclésiastiques, que le Pape Alexandre III, après avoir terminé ses différends avec l’Empereur Frédéric premier, surnommé Barberousse, accorda plusieurs privilèges aux Vénitiens, en considération de l’asile qu’ils lui avaient donné pendant la guerre ; et particulièrement le droit d’avoir la troisième place pour leur Duca au Théâtre du Papeb. […] 1 » Il est donc vrai, Monseigneur, que le Pape avait un Théâtre où sa Sainteté occupait la première place, l’Empereur la seconde, et le Doge de Venise la troisième : Eh qu’y pouvait-on représenter de plus beau, de plus pur, et, si je l’ose dire, de plus profitable que les Pièces de Corneille et de Racine ?