très saint Père, C’est sans doute aux Evêques que ces paroles de Moïse sont particulièrement adressées : « Ayez soin du peuple, instruisez-les dans toutes les choses qui regardent le service de Dieu, apprenez-leur les cérémonies du culte Divin, la voie par laquelle ils doivent marcher, et les œuvres qu’ils doivent faire. » « Esto tu populo in his, quæ ad Deum pertinent, ut referas quæ dicuntur ad eum, offendasque populo ceremonias, et ritum colendi viamque per quam ingredi debeant, et opus quod facere debeant. »Moys. […] Nous lisons aussi dans un Concile de Carthage, qu’on ne doit point tolérer en aucune manière ces spectacles, ni le jour du Dimanche, ni les autres Fêtes ; parce que comme nous apprenons encore du sixième Concile, les fidèles doivent passer ces jours dans les lieux saints, et ne vaquer qu’à la prière et au chant des Psaumes, des Hymnes et des Cantiques spirituels, afin que leur joie soit toute en Dieu, et en Jésus-Christ, et que n’appliquant leur esprit qu’à la lecture des choses saintes et divines, ils se nourrissent de la parole de Dieu et du fruit des divins mystères. […] « C’est, dit-il, une coutume contraire à l’esprit du Christianisme, que celle qu’on voit parmi le peuple les jours des solennités, et des Fêtes des Saints ; car au lieu de s’appliquer à la piété, et d’assister avec ferveur aux divins Offices, ils emploient le temps à danser et à chanter des chansons indécentes, et ils ne se causent pas seulement du dommage à eux-mêmes par ce dérèglement ; mais ils troublent la dévotion des personnes vraiment Chrétiennes. […] Dieu le lui a donné pour appuyer les règles de la discipline de l’Eglise, et afin que ce que les Prélats et les Prêtres ne pourront pas gagner sur les peuples par la force de la parole divine qu’ils annoncent, s’accomplisse par la terreur que les Lois et les Ordonnances Civiles peuvent imprimer dans leur esprit. […] Me jetant donc aux pieds de votre Béatitude, et les baisant avec toute sorte de respect et d’humilité : je supplie la bonté divine, de conserver dans une santé parfaite, pour l’utilité, et pour l’avantage de son Eglise, votre Sainteté, qui marche si droitement en toutes choses.
Esprit est appelé le consolateur et le goût qu’un fidèle trouve dans les exercices de la piété, s’appellent les consolations divines : Mais à qui sont destinés et les consolateurs et les consolations, n’est-ce pas aux affligés ? En vérité ces âmes si remplies de la joie du monde ne sont donc pas propres à recevoir ces consolations spirituelles, et les impressions salutaires de ce divin consolateur. […] Certes, cette divine manne de la grâce, ces ravissements, et ces joies de la dévotion, ne se communiquent pas à ceux qui ont un magasin fourni des biens de l’Egypte, et des plaisirs du monde. […] Bernard, est la consolation divine, c’est une femme chaste mais jalouse, qui méritant seule d’être aimée, ne se peut donner à celui qui court après les étrangères. » C’est pourquoi Salomon crie, vanité sur tous les plaisirs de la terre, desquels il avait fait expérience à ses dépens ; car il avait pensé lui en coûter le salut éternel : C’est pour cela même que David déclare si souvent qu’il ne veut point avoir d’autre plaisir que celui de son Dieu.
Socrate et Platon chassent les Poètes lascifs, et appellent les autres Genre divin, et les retiennent. […] Mais s’il faut estimer les effets par la cause, juger l’action selon le dessein, combien celui d’Isabelle est-il recommandable, qui n’a eu autre désir de venir en France, que pour voir ce grand arbitre du monde, ce bien universel admiré de toute l’Italie, ce Roi reconnu de toutes les nations pour le plus grand de la terre, appelé et conduit de Dieu par la voix de ses merveilles, qui lui a donné cette couronne par son sang, de qui la valeur acquise par son bras, qui la conserve par sa bonté, la régit par ses lois, et par sa renommée possède le monde : les Antipodes ne voient point nos étoiles du Nord, mais ils ont vu la clarté de ce Soleil, qui nous a donné la lumière et la vie, qui d’une main a déployé le sceptre, de l’autre le pardon, étouffant la cause et la vengeance ensemble ; qui emportant une victoire, a toujours triomphé de deux, donnant le salut aux vaincus après avoir dompté les rebelles ; et ainsi que l’âme, qui n’est qu’une au corps, a plusieurs puissances en ce Roi, qui n’est qu’un, elle a vu les perfections de tous les Rois ensemble ; elle a vu l’aimant qui attire toutes les belles âmes, qui de ses sujects est autant revéré, comme Sauveur du pays, qu’honoré en Roi nécessaire ; et plus salüé en père qu’en Seigneur ; qui règne sur nous comme les intelligences au Ciel, et le Soleil sur la terre, d’où il me faudroit élever pour chercher dans les cieux des paroles célestes à une vertu divine. […] La parole la soutient, console, anime aux actions glorieuses, la nourrit comme son ambroisie, et ainsi qu’une lumière en allume plusieurs, elle augmente sa vertu ; et à l’imitation des Chimiques, rend cet or céleste si actif, qu’il fait projection à l’infini en un esprit digne de recevoir cette manne divine. […] Non, je ne dois point rechercher loin de nous les ombres et les sépulcres, puisque nous en avons aujourd’hui dans notre France, en l’œil des cités, en la plus auguste ville de l’Europe, le corps, la lumière, et la vie de tous les plus rares et dignes Comiques du monde, en ceste troupe de Parnasse, nourrissons des Muses, Aigles de Jupiter, vrais enfants d’Apollon, race divine, interprètes des Dieux, qui ont gratifié Paris de leur présence : quelles louanges vous peut-on donner ? […] Continuez donc, belle, docte et divine Muse, à imiter les mouches d’Hymette, qui des fleurs dont nous ne tirons que la senteur et la couleur font le miel doucereux : Jugez qu’il n’y a rien qui puisse contenter ceux à qui la vertu et la félicité ne peut suffire : car l’une comprend tout ce qui est à faire ; et l’autre, ce qui se peut souhaiter ; mais nos souhaits ne doivent-ils pas être accomplis au transport de l’aise que nous sentons quand nous voyons cet Oracle du monde, dont le nom est porté par toute la terre : qui avec un port de Vestale, et les façons de Mars, fait voir Mercure sur ses lèvres, Minerve en sa poitrine, Apollon en l’esprit, qui comme un autre Soleil, attire par ses rayons notre vue et nos louanges, et nous fait avouer que la matière surmonte l’œuvre, et qu’elle est digne des honneurs qui élevèrent Hercule dans les cieux : Elle en sait imiter les astres, qui font un chemin tout contraire à celui du monde, et vont encore mieux que lui.
Ce cantique ne respire qu’un amour céleste, et cependant parce qu’il y est représenté sous la figure d’un amour humain, on défendait la lecture de ce divin poème à la jeunesse : aujourd’hui on ne craint point de l’inviter à voir soupirer des amants pour le plaisir seulement de les voir s’aimer, et pour goûter les douceurs d’une folle passion. […] Je ne veux donc point condamner cette pratique nouvelle par la simplicité de l’ancien chant, ni même par la gravité de celui qui fait encore le fond du service divin : je me plains qu’on ait si fort oublié ces saintes délicatesses des Pères, et que l’on pousse si loin les délices de la musique, que loin de les craindre dans les cantiques de Sion, on cherche à se délecter de celles dont Babylone anime les siens.
Il est vrai que cette continuité de la prière ne peut consister dans une attention perpétuelle de l'esprit à Dieu, et qu'il suffit qu'il demeure quelquefois dans un simple désir que Dieu y connaît ; mais il est certain que ce désir s'éteint facilement, si l'on n'a soin de le nourrir par les prières actuelles et par la méditation des choses divines. C'est pourquoi les Chrétiens ne pouvant pas passer toute leur vie dans l'acte de la prière, sont obligés au moins de se renouveler de temps en temps devant Dieu : et comme c'est par ces prières actuelles qu'ils entretiennent celle qui doit être toujours dans le fond de leur cœur, ils doivent éviter avec un grand soin tout ce qui peut rendre leurs prières indignes d'être présentées devant la divine majesté: ce qui les oblige non seulement d'éviter les distractions qui leur surviennent dans la prière, mais beaucoup plus les sources des distractions qui remplissant l'âme de folles pensées, la rendent incapable de s'appliquer à Dieu.
Et le Père Thomassin rapportant cet endroit de Photius au troisième Tome des Dogmes, dit avec son élévation ordinaire, que chaque fragment de l’Eucharistie demande nos adorations, parce qu’il contient Jésus-Christ tout entier, chaque partie de l’Ecriture exige aussi nos respects et nos hommages, parce que chaque parole est vérité, et que chaque vérité est comme animée et revêtue d’une Majesté toute divine. […] », exhorte les Fidèles à ne laisser jamais rien perdre de la parole de Dieu ; ainsi qu’on n’oserait rien laisser tomber de la divine Eucharistie. […] Si l’Ecriture Sainte dans la bouche de ces sortes de personnes, est si visiblement profanée, comment voudrait-on que nous nous réjouissions, quand on nous dit que le Théâtre des Comédiens retentit des divins cantiques, et comment pourrait-on nous persuader que les Chrétiens peuvent s’aller réjouir au son de ces chants ? […] nourrissons notre âme de la méditation, et de l’étude des divines Ecritures, et en éprouvant qu’elle est fatiguée et tourmentée par la faim et la soif d’une vaine curiosité, et que c’est en vain qu’elle cherche à se rassasier et se contenter par des fantômes trompeurs, qui ne sont que des viandes peintes, rassasions-la et désaltérons-la par cette viande et ce breuvage céleste, que cette Ecriture divine nous présente. […] N’allez donc pas chanter un jour dans l’Eglise et le lendemain dans un lieu de plaisir ; ne soyez pas un jour attentif à la divine parole, pour en aller perdre le fruit au son des instruments ; et ne venez pas faire le pénitent dans l’Eglise, si vous voulez aller là où l’on danse.
Il est vrai que cette continuité de la prière ne peut consister dans une attention perpétuelle de l'esprit à Dieu, et qu'il suffit qu'elle demeure quelquefois dans un simple désir que Dieu y connaît: mais il est certain que ce désir s'éteint facilement, si l'on n'a soin de le nourrir par des prières actuelles, et par la méditation des choses divines. C'est pourquoi les Chrétiens ne pouvant passer toute leur vie dans l'acte de la prière, sont obligés au moins de se renouveler de temps en temps devant Dieu : et comme c'est par ces prières actuelles qu'ils entretiennent celle qui doit être toujours dans le fond de leur cœur; ils doivent éviter avec un grand soin tout ce qui peut rendre ces prières indignes d'être présentées devant la Majesté divine, ce qui les oblige non seulement d'éviter les distractions qui leur surviennent dans la prière, mais beaucoup plus les sources de distractions qui remplissant l'âme de folles pensées, la rendent incapable de s'appliquer à Dieu.