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78. (1744) Dissertation épistolaire sur la Comedie « Dissertation Epistolaire sur la Comedie. — Reponse à la Lettre d’une Dame de la Ville de *** au sujet de la Comedie. » pp. 6-15

La Comedie est un divertissement, qui flatte les sens ; on y passe agréablement quelques heures, elle fait succeder la joye & les ris aux soins épineux & desagréables qu’on trouve chez lui ; & on s’y delasse de la fatigue, qui incommode dans le menage. […] Par quel principe de morale vôtre Confesseur oseroit-il vous permettre, que vous alliassiez l’usage de la sainte Communion avec le divertissement de la Comedie ; lors qu’il sçait que Salvien ce grand Prêtre de Marseille se servît de toute son eloquence à faire des invectives aux Chrétiens du cinquiéme siécle ; lesquels firent par une bizarre reconnoissance representer à l’honneur de Jesus-Christ les spectacles du Cirque & du Theatre ? […] Ce seroit donner dans la presomption de nôtre siécle, que de me dire, que ce divertissement peut être mis aux choses indifferentes puisque ces Saints, qui en sont les juges competens, ont decidé qu’on ne le pouvoir rectifier par quelque intention que ce fût, & Pont hautement qualifié de peché.

79. (1664) Traité contre les danses et les comédies « INSTRUCTION, et avis charitable sur le sujet des Danses. » pp. 177-198

Les Saints Pères de l’Eglise, qui sont les organes du saint Esprit, et comme les seconds Apôtres de l’Evangile, ont tous puissamment déclamé contre ce divertissement. […] Ce branlement des mains et des pieds, cette évagationk et impudence des yeux, tous ses gestes, aussi blâmables que visibles, montrent qu’il y a quelque chose dans l’intérieur, qui répond au dérèglement extérieur : ceux qui font état de la modestie, fuient toutes ces occasions de dissolution ; après tout, quel plaisir trouve-t-on dans un divertissement qui lasse plus qu’il n’allège, et qui est aussi ridicule qu’il est honteux : Véritablement si l’extravagance ne s’était naturalisée dans nos mœurs, nous nommerions folie ce qu’on nomme gentillesse : et c’est à bon droit qu’on appelle des joueurs à ces assemblées, afin que l’âme étant occupée par l’oreille, les yeux ne s’offensent pas de tant de mouvements irréguliers, cela veut dire qu’une sottise en couvre une autre, ce qu’on appelle une école de gaillardise : c’est un apprentissage d’impudicité. […] Jésus-Christ Luc. 9 a enseigné une doctrine et mené une vie toute contraire à ces divertissements, « Si quelqu’un (dit-il) veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, porte sa Croix et me suive.

80. (1715) La critique du théâtre anglais « TABLE DES PRINCIPALES matières. Contenues dans ce Volume. » pp. 494-500

Les vertus morales persécutées sur notre Théâtre, 248 Les Héroïnes de nos Comédies aussi vertueuses que les Héros avec le même succès qu’eux, 250 Les jeunes personnes de condition ont des mœurs plus saines dans Plaute et dans Térence, 251 Vaine Justification de l’Astrologue Joué, dans sa Préface, 254 Sentiment d’Horace contraire à celui de l’Astrologue joué, 256 Exemple de Ben Jonson inutile pour justifier l’Astrologue Joué, 260 Autorité de Shakespeare opposé à l’Astrologue Joué, 263 Erreur de l’Auteur de l’Astrologue Joué, sur la différence qu’il met entre la Tragédie et la Comédie, 265, 266 Le divertissement n’est point la fin principale de la Comédie, 267 La Comédie et la Tragédie, quoique par une route différente, doivent tendre à une même fin ; qui est la réformation des mœurs, 268, et suiv. […] Rapin, 269 De Ben Jonson, 270 D’Aristote et de Quintilien, 273 Il est dangereux et déraisonnable de faire du divertissement le but principal de la Comédie, 277 Incongruités de nos Dramatiques par rapport à la poésie du Théâtre et à la politesse convenable, 283 Jusqu’où nos Poètes se guindent, 287 Jusqu’où nos Poètes rampent, 289 Leur rusticité à l’égard du Sexe, 292 La liberté qu’ils se donnent à l’égard des Seigneurs d’Angleterre, 296 Il n’y a que nos Modernes qui en aient usé de la sorte, 299 CHAPITRE cinquième.

81. (1667) Traité de la comédie et des spectacles « Sentiments des Pères de l'Eglise sur la comédie et les spectacles — 5. SIECLE. » pp. 147-179

Oui nous consentons, et nous approuvons que le Chrétien qui se prive des divertissements du Cirque, du Théâtre, de l'Amphithéâtre, cherche d'autres Spectacles. […] Que si cela paraît difficile et fâcheux à quel quelques-uns, il vous sera facile de le faire si vous fuyez les Théâtres, et le Cirque; ces Lieux infâmes qui perdent tout le monde, ou plutôt les Villes ou ces Spectacles sont représentés, et particulièrement les personnes qui se laissent emporter à la passion de ces honteux divertissements. […] Nous ne pouvons-nous divertir sans faire des péchés de nos divertissements ; nous penserions que nos plaisirs seraient en quelque façon défectueux s'ils ne nous rendaient coupables, et qu'il n'y aurait point de contentement à rire si l'on n'offensait Dieu. […] N'est-ce pas une étrange folie que s'imaginer que nos divertissements ne seraient pas agréables s'ils n'étaient injurieux à Dieu. […] Si un jour de Fête on apprend dans les Eglises, où l'on ne va bien souvent que pour adorer les créatures, qu'il y a de ces divertissements en quelques lieux, l'on méprise le Temple, et l'on court au Théâtre; l'on quitte le Ciel pour aller aux Enfers.

82. (1694) Lettre d’un Docteur de Sorbonne à une personne de Qualité, sur le sujet de la Comédie « letter » pp. 3-127

Et en effet, comment démêler les Chrétiens d’avec les mondains dans des assemblées de divertissements, où il ne peut rester aucuns traits de la Croix de Jésus-Christ, qui est le Signe des Chrétiens ? […] Et un peu après, il ajoute encore,« ce saint Docteur veut même qu’il y ait quelque péché à ne point prendre de divertissement ». […] Car enfin il y a bien des divertissements qui ne consistent qu’en paroles et en actions aussi bien que la Comédie, et que saint Thomas néanmoins n’aurait eu garde de faire passer parmi les Jeux innocents. […] Il veut enfin qu’après ces divertissements et au retour de la Comédie, « on use de quelques saintes et bonnes considérations qui empêchent les dangereuses impressions que le vain plaisir qu’on a reçu pourrait donner à nos esprits». […] Mais saint Thomas, dit le Docteur, permet à un Pénitent de prendre quelque divertissement pour entretenir la société.

83. (1634) Apologie de Guillot-Gorju. Adressée à tous les beaux Esprits « Chapitre » pp. 3-16

c’est dans ces agréables divertissements que ces hommes trouvaient le charme de leurs ennuis, s’en servant aussi quelquefois comme d’un échelon pour arriver aux grandes charges en gagnant les volontés du peuple par ce moyen. […] Ils sont la plupart du temps appelés pour divertir les Rois, les Princes, et les Seigneurs de leurs sérieuses occupations : dont les délices, comme disait un Duc de Florence, sont plus à estimer que le travail de leurs sujects, et dont les plaisirs et divertissements nous doivent être aussi précieux que leur personne nous est chère. […] Mais au contraire si la Comédie n’était assaisonnée de cet accessoire, ce serait une viande sans sauce, et un Gros-Guillaume sans farineg étant plutôt une étude qu’un divertissement. […] Aussi l’intention des Comédiens vous attirant en ce lieu, est pour vous y donner un agréable divertissement, car ils sont les plus fâchés quand il se fait du bruit, pour preuve de ceci c’est que si vous les vouliez croire jamais vous n’y ameneriez vos laquais, et jamais il n’y entrerait de passe-volantsh.

84. (1768) Observations sur la nécessité de la réforme du Théatre [Des Causes du bonheur public] «  Observations sur la nécessité de la réforme du Théâtre. » pp. 367-379

Suivons cet Auteur : Le Spectacle, il entend sur-tout la Tragédie, est le plus utile & le plus nécessaire de tous les divertissements*. […] Il y regne ordinairement trop de frivolité, ou aumoins d’uniformité ; & le retour éternel des objets entraîne bientôt l’ennui ; on trouveroit ici un divertissement honnête. […] On sent combien une telle autorité doit être respectée ; mais si ce divertissement étoit pur & innocent, il ne mériteroit plus une telle censure ; car si le principe de la vie sérieuse que commande la Religion, étoit porté trop loin, contre la pensée de Bossuet lui-même, il excluroit les plaisirs les plus innocents.

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